Le pétrole était orienté à la hausse hier matin en Asie, récupérant quelque peu des pertes de la veille, les investisseurs en quête de bonnes affaires profitant de la faiblesse du dollar. Vers 03h00 GMT, le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en septembre progressait de 14 cents, à 40,20 dollars, dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en octobre, gagnait 24 cents, à 42,38 dollars. En février, les cours avaient atteint des plus bas de près de 13 ans, en dessous de 30 dollars, sous l'effet cumulé de l'excès d'offre, d'une croissance mondiale morose, de la faiblesse de la demande et des inquiétudes sur l'essoufflement économique chinois. David Lennox, analyste chez Fat Prophets à Sidney, a déclaré à Bloomberg que l'excès d'offre allait continuer de peser sur les prix. Nous continuons de penser que le seuil de 40 dollars est une zone autour de laquelle le prix va se maintenir, a-t-il dit. Les investisseurs attendent les chiffres des réserves américaines publiés par le secteur pétrolier, un jour avant les données officielles du gouvernement américain. La veille à la clôture, le WTI a perdu 1,54 dollar à 40,06 dollars après avoir oscillé autour du seuil des 40 dollars, sous lequel il n'a plus fini depuis quinze semaines au New York Mercantile Exchange (Nymex). Le prix du contrat de référence a chuté de presque 22% depuis son sommet de l'année atteint le 8 juin. A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre, dont c'était le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, a perdu 1,39 dollar à 42,14 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Le marché a la perception que l'offre est surabondante et cherche à voir jusqu'où il peut descendre, a déclaré Phil Flynn, chez Price Futures Group, estimant que les mouvements des cours réagissaient plus à l'humeur des investisseurs qu'aux données fondamentales. Ce qui ne veut pas dire que ces dernières soient particulièrement favorables, comme il l'a reconnu: on entend dire que la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole atteint un niveau record, on a vu que le nombre de puits (en activité aux Etats-Unis) est en hausse, et il se dit que la Libye va reprendre ses exportations, a énuméré M. Flynn. La compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC) a en effet annoncé qu'elle s'apprêtait à reprendre les exportations de brut, à l'arrêt depuis plusieurs mois à cause de divergences politiques et d'attaques jihadistes, après un accord pour la réouverture de deux terminaux pétroliers. De son côté, l'Arabie saoudite, poids lourd du cartel, a réduit ses prix de vente officiels pour les consommateurs asiatiques en septembre de 1,30 dollar par baril par rapport au mois d'août, rapportaient les analystes de Commerzbank, soit la plus importante réduction de prix en presque un an qui suggère un nouvel épisode de guerre de prix destiné à préserver des parts de marché.
Faible lueur d'espoir D'une manière générale, un choc du côté de l'offre, avec une estimation de 800 000 barils par jour de production revenant sur le marché en juin en raison de la fin des interruptions (d'approvisionnement) et de tendances cycliques, a contribué à exercer une pression à la baisse sur les prix du pétrole, abondaient Abhishek Deshpande et Michael Liu, analystes chez Natixis. En outre, ajoutaient-ils, le niveau actuellement record des stocks de produits pétroliers, en particulier aux Etats-Unis, pourrait pousser les raffineries à avancer leur période de maintenance, ce qui signifierait qu'elles puiseraient moins dans les stocks de brut. D'autant qu'avec l'approche de la fin des congés d'été, la demande en essence va chuter drastiquement, a souligné John Kilduff, chez Again Capital. Enfin, du côté de la demande, les investisseurs s'inquiétaient de la baisse de l'activité manufacturière constatée en Chine en juillet. La situation n'est pas fameuse non plus aux Etats-Unis, où l'activité industrielle a ralenti plus nettement qu'attendu. Ce ne sont pas des statistiques qui sous-entendent une hausse de la demande, a noté M. Flynn. Dans ce sombre tableau, M. Flynn voyait toutefois une faible lueur d'espoir: le fait que les cours aient réduit leurs pertes en toute fin de séance pour se maintenir juste au-delà des 40 dollars pourrait être le signe d'un rebond technique demain mardi, a-t-il assuré, estimant que le marché a beaucoup trop vendu depuis deux semaines.
Le Koweït augmente les prix des carburants de 80% Le Koweït a décidé lundi d'augmenter les prix du pétrole jusqu'à plus de 80% à partir du 1er septembre dans le cadre de réformes économiques visant à endiguer la chute des revenus pétroliers. Le gouvernement a indiqué que le prix du carburant à faible taux d'octane augmentera de 41% pour atteindre 28 centimes de dollar le litre (0,25 euro) alors que celui au taux élevé augmentera de 61% à 35 centimes (0,31 euro). Il a également décidé d'augmenter le prix de l'essence à faible émission de CO2 de 83% à 55 centimes le litre (0,50 euro). Il s'agit des premières augmentations des prix de l'essence dans ce pays membre de l'OPEP depuis près de 20 ans. L'émirat du Golfe a libéralisé les prix du diesel et du kérosène en janvier 2015 et révise leurs prix tous les mois. Il est le dernier pays membre du Conseil de coopération du Golfe (CCG) à augmenter les prix du pétrole. Les autres membres - Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Qatar, Oman - ont totalement libéralisé ou augmenté les prix en raison de la forte baisse des revenus pétroliers depuis la mi-2014. Le gouvernement a indiqué qu'un comité révisera les nouveaux prix du pétrole tous les trois mois en fonction des cours internationaux. En avril, le Parlement avait adopté une loi augmentant les prix de l'électricité et de l'eau pour les étrangers et les commerçants, mais en avait exclu la population autochtone. Cette augmentation, la première du genre en 50 ans, prendra effet en septembre 2017. Le Koweït a enregistré durant l'exercice 2015/2016 son premier déficit budgétaire, de l'ordre de 18,3 milliards de dollars (16,3 milliards d'euros), après 16 ans de bénéfices grâce aux prix élevés de l'or noir. Il prévoit un déficit de 29 milliards de dollars (25,1 milliards d'euros) durant l'actuel exercice.