Les cours du pétrole ont replongé jeudi en clôture, le marché exprimant toute sa déception devant un recul des stocks de brut américains bien plus faible que prévu, attisant les craintes que les excédents tardent à se tasser. Le cours du baril de référence (WTI) pour livraison en août, qui avait débuté en hausse dans l'espoir de chiffres très favorables aux Etats-Unis, a finalement chuté de 2,29 dollars à 45,14 dollars sur le New York Mercantile Exchange, au plus bas depuis près de deux mois. A Londres le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a perdu 2,40 dollars à 46,40 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). "Il y a un peu de déception", a déclaré Mike Dragosits, de TD Securities: mercredi soir la fédération professionnelle "API avait annoncé que les stocks de brut auraient baissé de 7 millions de barils, avec aussi une énorme baisse des stocks d'essence et de produits distillés, mais le ministère de l'Energie aujourd'hui a sorti des chiffres bien plus modérés". Lors de la semaine achevée le 1er juillet, les réserves commerciales de brut aux Etats-Unis ont en effet reculé de seulement 2,2 millions de barils, alors que les experts interrogés par l'agence Bloomberg tablaient sur un recul de 2,5 millions de barils. "Le souci c'est qu'on est à la saison où d'habitude les stocks baissent le plus", a noté M. Dragosits. Le début d'été est notamment propice aux déplacements en voiture - en particulier pour le long week-end du 4 Juillet, date de la fête nationale- et favorable à l'utilisation d'air conditionné.
Augmentation de l'offre M. Dragosits s'est également fait l'écho d'informations venues de Libye qui laissent attendre une augmentation de l'offre pétrolière de ce pays: "cela a probablement poussé les investisseurs à pousser à la baisse", a-t-il dit. Enfin il a noté que, le baril ayant enfoncé son niveau le plus bas du mois dernier, "cela a déclenché un nouveau mouvement de baisse" risquant de l'entraîner jusqu'à 43, voire 40 dollars le baril. "Le vote des Britanniques pour une sortie de l'Union européenne reste un souci, et il est normal que les cours restent sous pression", a-t-il dit. Pour autant, "je ne vois pas d'effondrement en vue", car "la demande va continuer à augmenter", a-t-il assuré. Abhishek Deshpande et Michael Liu, chez Natixis, ont aussi énuméré les données favorables contenues dans les chiffres du département américain de l'Energie (DoE), avec une demande en hausse pour les produits pétroliers aux Etats-Unis, une baisse des stocks de brut et un fort déclin de la production américaine, qui a encore reculé la semaine dernière de 194 000 barils quotidiens, à 8,428 millions de barils par jour, au plus bas en près de deux ans. "Ces facteurs vont soutenir le pétrole à court terme mais tout important mouvement de vente par les investisseurs (le cas échéant) continuerait à annuler ces gains", concluaient les analystes de Natixis. En Asie, les cours du pétrole continuaient de monter jeudi en Asie, sous l'effet de l'affaiblissement du dollar et dans l'anticipation d'une baisse des stocks de brut américain. Vers 03H15 GMT, le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en août gagnait 19 cents, à 47,62 dollars, dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en septembre, s'appréciait de 11 cents, à 48,91 dollars. Les analystes s'attendent à une hausse de la demande de pétrole, alors que débute la saison estivale, traditionnellement aux Etats-Unis celle des grands déplacements en voiture.
Recul des stocks US Les stocks de pétrole brut ont baissé moins que prévu la semaine dernière aux Etats-Unis, selon des chiffres publiés jeudi par le département américain de l'Energie (DoE). Lors de la semaine achevée le 1er juillet, les réserves commerciales de brut ont reculé de seulement 2,2 millions de barils à 524,4 millions de barils, alors que les experts interrogés par l'agence Bloomberg tablaient sur un recul de 2,5 millions de barils. La baisse annoncée par le DoE a d'autant plus de quoi décevoir les investisseurs espérant voir les excédents se réduire que la fédération American Petroleum Institute (API) avait prévu la veille un recul bien plus spectaculaire de 6,7 millions de barils de brut. A ce palier, les réserves américaines de brut s'affichent encore en hausse de 12,6% par rapport à la même période de 2015 et restent à des niveaux historiquement élevés à cette époque de l'année, comme l'a une nouvelle fois noté le DoE. De leur côté, les stocks d'essence ont baissé de seulement 100 000 barils alors que les experts de Bloomberg tablaient sur un repli de 350 000 barils et ceux de l'API sur un recul de 3,6 millions de barils. Ils restent bien au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne en cette époque de l'année, et s'affichent en hausse de 9,6% par rapport à la même période en 2015. Les réserves de produits distillés (gazole, fioul de chauffage, kérosène, etc.) ont baissé de 1,6 million de barils, alors que les experts de Bloomberg tablaient sur une baisse de 500 000 barils et ceux de l'API sur une baisse de 2,3 millions de barils. Elles progressent de 8,4% par rapport à l'an dernier et restent également bien au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne à cette période de l'année.
Production en nette baisse Seul élément vraiment encourageant, la production américaine, qui ne fait quasiment que baisser chaque semaine depuis le printemps, a encore reculé de 194 000 barils par jour (b/j) à 8,428 mbj. Egalement surveillées de près par les courtiers, les réserves du terminal pétrolier de Cushing (Oklahoma, sud), qui servent de référence au prix du pétrole échangé à New York, ont baissé de 100 000 barils à 64,1 millions. Toutes catégories confondues, les stocks pétroliers américains ont augmenté de 3,4 millions de barils. Du côté de la demande, sur les quatre dernières semaines, les Etats-Unis ont consommé en moyenne 20,5 mbj de produits pétroliers, soit 3,0% de plus que l'année précédente à la même époque. Durant la même période, la demande de produits distillés a progressé de 1,5%, et celle d'essence a monté de 2,5%, dans les deux cas sur un an. Les raffineries américaines ont un peu réduit la cadence, fonctionnant à 92,5% de leurs capacités contre 93% la semaine précédente.