La récession qui frappe la Russie depuis un an et demi est terminée mais une période de "faible croissance" s'ouvre désormais, estime la Banque centrale dans un rapport de conjoncture publié. "La récession est derrière nous et une faible croissance nous attend", écrivent les économistes de la Banque de Russie dans ce rapport. L'institution estime désormais que le produit intérieur brut a enregistré une croissance 0,2-0,3% au deuxième trimestre par rapport au premier, en données corrigées des variations saisonnières, alors qu'elle prévoyait jusqu'à présent une stagnation. Elle s'attend à une croissance de 0,4% pour le troisième trimestre et de 0,5% pour le quatrième. La Russie traverse une profonde récession depuis la crise monétaire provoquée fin 2014 par l'effondrement des prix du pétrole et les sanctions économiques imposées par les Occidentaux à cause de la crise ukrainienne. Cette contraction de l'économie russe, la plus longue depuis l'arrivée de Vladimir Poutine au Kremlin il y a 16 ans, a été caractérisée par une envolée des prix et par conséquent une baisse brutale du pouvoir d'achat des ménages russes et de leur consommation. Le ministère de l'Economie a estimé de son côté que le PIB s'était contracté de 0,6% au deuxième trimestre mais il s'agit d'une comparaison par rapport à la même période un an plus tôt et non par rapport au trimestre précédent, référence habituellement retenue pour mesurer les périodes de récession. Le service des statistiques doit publier le chiffre officiel du deuxième trimestre cette semaine. Les ventes automobiles en chute Le marché automobile russe, lourdement affecté par la crise économique, a chuté de plus belle en juillet, avec un plongeon de 16,6% sur un an des ventes de voitures neuves, contre 12,5% en juin, selon des statistiques publiées par la fédération des constructeurs. Les ventes de véhicules légers et utilitaires ont représenté le mois dernier 109 410 unités, a précisé dans un communiqué l'Association of European Businesses (AEB). Sur l'ensemble des sept premiers mois de l'année, elles s'affichent en baisse de 14,4%. Depuis le record de 2012, le marché automobile russe, où ont fortement investi les géants mondiaux du secteur, a été quasiment divisé par deux et est revenu à ses plus bas niveaux depuis dix ans. Cette année n'a pas apporté la stabilisation espérée. "Que cela nous plaise ou non, le marché reste bien loin de la situation nécessaire pour ne serait-ce que se consolider à son niveau modeste de l'an dernier", a commenté Joerg Schreiber, président du comité automobile de l'AEB, dans un communiqué. "Malgré des prix stables, d'importantes incitations à l'achat et les mesures de soutien du gouvernement, le problème de base est que peu de consommateurs sont capables, ou ont la volonté, de dépenser de l'argent pour acheter une voiture actuellement", a-t-il expliqué. Le pouvoir d'achat des Russes a lourdement chuté à cause de la récession frappant actuellement le pays à la suite de l'effondrement des cours du pétrole et des sanctions occidentales dues à la crise ukrainienne. En juillet, l'AEB avait pris acte des chiffres décevants du début de l'année et abaissé sa prévision annuelle: elle prévoit depuis une baisse de 10,3% en 2016 contre -4,7% jusqu'alors. "Sur le long terme, la demande reste cependant élevée et s'accumule au fur et à mesure que les décisions d'achat sont repoussées", a relevé M. Schreiber. "Ce n'est qu'une question de temps avant que cette demande ne se débloque, mais ce qui n'est pas clair, c'est combien de temps il faudra attendre avant la reprise", a-t-il tempéré. En dépit de l'aggravation de la tendance, la première marque du marché russe, Lada, a enregistré une hausse de 4% de ses ventes sur un an en juillet. Ce rebond est bienvenu pour son constructeur Avtovaz, dont les difficultés financières plombent les comptes de l'alliance Renault-Nissan qui contrôle son capital. Derrière Lada, Kia a subi une baisse de 11% de ses ventes le mois dernier, Hyundai de 12%, Renault de 8%, Toyota de 26%, Volkswagen de 2% et Nissan de 8%. Les marques françaises Citroën et Peugeot ont de nouveau été fortement pénalisées avec des chutes respectives de 43% et 54% de leurs ventes. Dans le haut de gamme, Mercedes Benz a enregistré une petite hausse de 1% du nombre de véhicules écoulés mais BMW une baisse de 4% et Audi une dégringolade de 15%. Sur de plus faibles volumes, Jaguar a doublé ses ventes et Cadillac a constaté une croissance de 30% sur un an. Dans un rapport de conjoncture publié lundi, la banque centrale dit "attendre une poursuite de la stagnation de la demande dans un futur proche" et constate "un changement de structure du marché automobile", avec de fortes baisses sur les segments de masse, un renforcement des parts de marché des marques chinoises et une progression du marché de l'occasion.