La question se pose réellement, devant le constat d'échec des efforts menés par les pays arabes pour imposer la création de l'Etat palestinien, y compris en échange de la normalisation des relations du monde arabe avec l'Etat d'Israël, de savoir si les pays arabes finiront bien un jour par décider de se rapprocher pour unifier leurs politiques extérieures et s'ils tiennent véritablement et fortement à se construire un espace de solidarité opérationnelle pour faire face à toutes les menaces pouvant peser sur eux collectivement. Pourront-ils être amenés d'abord à se convaincre que tout danger qui pèse sur la stabilité de l'un d'eux pèse en réalité sur celle de tous et que cette menace doit être sérieusement envisagée comme ne pouvant pas être fondamentalement qu'extra arabe, c'est-à-dire dont l'origine provient en dehors des frontières du monde arabe ? Les contradictions du monde semblent se concentrer pour le moment dans le monde arabe et dans l'espace géopolitique qui l'entoure. Des affrontements inéluctables en découleront à terme autour des enjeux pétroliers, d'autant que la tendance ira fatalement vers la régression mondiale de la production, qu'il sera à terme atteint le point qui représente le sommet de la courbe de production, et qu'à partir de ce seuil, nécessairement pourraient être remis en cause les taux de croissance des pays dont l'économie dépend étroitement du pétrole. Les pays arabes devraient également se convaincre que depuis la fin de la guerre froide, depuis que les menaces de guerre conventionnelle se sont fort éloignées des frontières de l'Europe, depuis que l'Europe n'est plus susceptible de devenir le théâtre des rivalités entre les deux grands blocs, c'est apparemment sur le territoire arabe et également celui des pays musulmans dans le sens large, mais plus particulièrement ceux qui figurent dans l'espace GMO (de la Mauritanie à l'Afghanistan) que vont se dessiner les fractures mondiales et ce seront ces territoires qui vont offrir leur cadre aux affrontements militaires pour des intérêts extérieurs à ces pays. Une autre menace pourrait se dessiner pour les pays arabes, plus particulièrement dans le domaine énergétique, et plus particulièrement encore pour ce qui concerne l'énergie nucléaire. La pression exercée sur l'Iran ne concernerait pas réellement l'enrichissement en vue de la production de l'arme nucléaire, mais l'enrichissement en vue de l'acquisition des capacités autonomes à produire de l'électricité à partir du nucléaire. Ainsi, à l'épuisement des gisements pétroliers, les puissances nucléaires actuelles pourront se constituer en Opep du nucléaire civil, c'est-à-dire en Opep pour l'énergie nucléaire. Ce sont autant de raisons qui induiront des menaces collectives sur l'ensemble des pays arabes qui devront investir, dès maintenant, dans les convergences en politiques extérieures et de sécurité avant de parvenir à un rapprochement duquel découlera la conscience qu'il faudrait aboutir fatalement à une politique étrangère et de sécurité commune. Lors de la tenue du sommet de la Ligue arabe à Alger, l'Algérie avait proposé des réformes dans le fonctionnement de la Ligue arabe, ce qui implique la création de nouveaux instruments pour justement amorcer le processus de construction de la prise de décision qui sera bâti fatalement sur la concertation et l'évaluation des menaces qui s'exerceraient sur le monde arabe collectivement.