Deux déclarations-clés: «La réconciliation est en fin de parcours.» «Il faut doubler les moyens et les effectifs des services chargés de la lutte antiterroriste.» Farouk Ksentini a dit et répété: «Le terrorisme de la deuxième génération exige encore plus de moyens de lutte.» Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (Cncppdh) est catégorique sur la question de la lutte antiterroriste. «Il faut doubler les moyens et les effectifs des services chargés de la lutte antiterroriste», a déclaré Me Ksentini, samedi soir, sur un plateau de l'Entv. Pour lui, il est plus que nécessaire de passer à la vitesse supérieure, d'autant que «la deuxième génération du terrorisme a bel et bien changé de méthode et de commanditaires». Il a fait allusion, sans l'ombre d'un doute, au ralliement du Gspc à la nébuleuse Al Qaîda et à l'adoption de la politique des kamikazes, des attentats suicides et à la voiture piégée. Le président de Cncppdh a donc choisi de se positionner clairement, c'est-à-dire de répondre du tac au tac. Cependant, il ne s'agit aucunement de la fin d'une politique dite de «la main tendue». Car, selon lui, la réconciliation n'est point synonyme d'un retour de l'armée dans les casernes. Dans la matinée de la même journée, Farouk Ksentini a déclaré sur les ondes de la Chaîne III de la Radio algérienne que «la réconciliation est en fin de parcours» et qu'il est nécessaire d'adapter les moyens de lutte aux nouvelles donnes qui profilent à l'horizon de la scène sécuritaire. Appelé à clarifier davantage son point de vue, l'invité de la Télévision algérienne soutient que la politique de la réconciliation nationale est, dans le fond comme dans le concept, une forme de lutte antiterroriste, mais la nouvelle forme de terrorisme suppose de renforcer et d'adapter les moyens de lutte. «Les services de sécurité n'ont jamais cessé de lutter contre le terrorisme, même après l'adoption de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale», a-t-il encore mis en évidence. Dans la foulée, Me Ksentini a rendu un vibrant hommage aux «patriotes» qui ont participé à la sauvegarde de la République et «qui nécessitent une véritable prise en charge». Farouk Ksentini semble ainsi s'être posé en éradicateur pour lutter contre la «deuxième génération du terrorisme». Cette sortie a permis au défenseur des droits de l'homme de mettre en avant un qualificatif nouveau: «Le terrorisme de la deuxième génération.» Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme croit qu'il existe bel et bien une main étrangère dans les derniers attentats ayant endeuillé l'Algérie. C'est donc clair, il n'y a pas de fumée sans feu. Autrement dit, les nouvelles méthodes d'assassinat utilisées par les criminels, les conditions et les circonstances renseignent d'une nouvelle génération de terrorisme, pilotée «indiscutablement» par «une main étrangère». Interrogé sur «un éventuel» retour sur la scène politique des anciens du FIS dissous ainsi que ceux de l'AIS (branche armée du Front islamique du salut), Farouk Ksentini, à défaut d'opposer clairement un niet, a expliqué qu'il avait répondu à ces gens qu'«il est impossible, à l'heure actuelle, de parler de leur réhabilitation politique». Et voilà donc une déclaration qui rejoint la position du ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, qui avait laissé entendre, au mois de septembre 2007, depuis Batna, que «la réhabilitation du FIS dissous ne sera jamais signée tant que je suis est en poste». Il y va de la crédibilité des textes de la Charte qui excluent clairement et nettement le retour des anciens du FIS dissous sur la scène politique. «Je suis contre l'agrément de certains partis qui vont devenir folkloriques, mais je suis pour le multisyndicalisme qui est un droit inaliénable.» Le président du mécanisme ad hoc institué pour prendre en charge les familles des disparus s'est prononcé également contre la levée de l'état d'urgence. «Nous venons de sortir d'une période extrêmement perturbée et nous faisons face à une autre génération de terrorisme», a-t-il expliqué, soulignant que l'état d'urgence «n'est pas contraire à l'expression des libertés». Le rapport annuel sur la situation des droits de l'homme en Algérie sera remis au chef de l'Etat vers la fin de la semaine en cours. Il y est fait constat surtout de la situation alarmante des droits sociaux, l'érosion du pouvoir d'achat et le climat social des Algériens.