Le président russe Vladimir Poutine a assuré hier que Moscou et le régime syrien tenaient leurs engagements prévus par l'accord américano-russe, mais a accusé les rebelles d'en profiter pour se regrouper, et Washington de manquer de transparence. Le régime du président Bachar al-Assad respecte complètement la trêve, et quant à la Russie, elle remplit toutes ses obligations, a assuré M. Poutine, en voyage au Kirghizstan, dans des déclarations retransmises par la télévision. Il a en revanche accusé l'opposition syrienne de ne pas rester inactive pendant la trêve. Nous voyons des tentatives de se regrouper parmi ces terroristes, ils tentent de changer d'étiquette, de changer de nom pour préserver leurs capacités militaires, a-t-il déclaré. C'est ce que nous voyons, et c'est triste, a-t-il ajouté, estimant que Washington se trouvait face au problème plutôt compliqué de distinguer les opposants (au régime) des terroristes. Il a également accusé Washington de sembler vouloir préserver les possibilités de combattre le gouvernement légitime du président Assad, y voyant une voie très dangereuse. Il a également appelé les Américains à plus de transparence. Je voudrais que nous soyions honnêtes les uns avec les autres (...) Je ne comprends pas pourquoi nous devrions cacher des accords, a-t-il lancé, faisant référence au refus des Etats-Unis de partager avec le Conseil de Sécurité de l'ONU les détails de l'accord - officiellement pour raisons de sécurité opérationnelle. Il a toutefois précisé que Moscou s'abstiendrait de révéler des détails tant que nos partenaires américains ne seront pas d'accord pour le faire. Les Etats-Unis, a-t-il encore accusé, ne veulent pas rendre ces détails publics parce qu'alors la communauté internationale (...) comprendra qui sont ceux qui ne respectent pas l'accord, faisant référence aux rebelles. Il s'est dit toutefois plutôt positif que négatif sur les chances de l'accord, soulignant que pour sa part Moscou avait des accords avec le président et le gouvernement de Syrie et que, comme nous pouvons le voir, les forces syriennes respectent complètement ces accords. Au quatrième jour de l'accord, la trêve a connu vendredi et dans la nuit de vendredi à samedi de sérieux accrocs, avec des bombardements aériens sur une localité rebelle, par des avions non identifiés, et de violents combats dans la périphérie de Damas.
Les consultations prévues vendredi soir à l'ONU annulées Les consultations qui devaient se dérouler vendredi soir au Conseil de sécurité de l'ONU sur la Syrie ont été annulées en dernière minute à la demande de Moscou et de Washington, ont indiqué des diplomates. Les ambassadeurs des 15 pays membres du Conseil devaient se réunir à huis clos pour examiner l'opportunité de soutenir l'accord américano-russe sur la Syrie. A la demande des Etats-Unis et de la Russie, la présidence du Conseil a annulé les consultations, a indiqué la mission de la Nouvelle-Zélande qui préside le Conseil en septembre. Les ambassadeurs américain et russe devaient présenter à leurs partenaires les détails de l'accord, qui n'ont pas encore été rendus publics. L'accord prévoit une trêve, instaurée lundi mais chahutée depuis, qui devait permettre de livrer nourriture et médicaments aux localités syriennes assiégées, à commencer par les quartiers rebelles de la cité septentrionale d'Alep, principal front du conflit. Si cette trêve tient assez longtemps, Moscou et Washington doivent aussi amorcer une coopération militaire, en particulier se coordonner pour cibler les groupes jihadistes. L'accord, conclu le 9 septembre, vise à favoriser une solution au conflit qui a fait plus de 300.000 morts en plus de cinq ans. Mais la trêve a connu vendredi ses plus sérieux accrocs, les livraisons d'aide humanitaire n'ont pas encore pu commencer et les relations se sont tendues entre Américains et Russes. Faute de garanties de sécurité, des camions remplis de nourriture et de médicaments pour les habitants d'Alep-Est sont toujours bloqués dans une zone tampon entre les frontières turque et syrienne. La Russie fait pression pour que l'ONU apporte son soutien à cet accord en adoptant une résolution lors d'une réunion ministérielle du Conseil prévue mercredi, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU. Mais d'autres membres du Conseil, dont la France, veulent au préalable en connaître davantage de détails.