Les Etats-Unis ont accusé jeudi le régime syrien de bloquer l'aide humanitaire destinée à la population assiégée d'Alep et ont menacé de ne pas coopérer militairement avec la Russie en cas de violation de l'accord américano-russe sur la trêve des combats. A l'heure qu'il est, les camions qui pourraient acheminer de l'aide vitale attendent du mauvais côté de la frontière (turco-syrienne). Et cela relève de la responsabilité directe du régime (du président syrien Bachar al- Assad) et de ses bienfaiteurs à Moscou, a tonné le porte-parole de la Maison Blanche Josh Earnest. Nous sommes maintenant au troisième jour de l'accord de cessation des hostilités entre les forces syriennes et celles de l'opposition et nous n'avons toujours pas vu l'acheminement (de l'aide humanitaire) commencer, a aussi dénoncé le porte-parole du département d'Etat, Mark Toner. C'est une source croissante d'inquiétude, a souligné le diplomate américain. La trêve des combats a été prolongée en Syrie mais des centaines de milliers d'habitants attendaient toujours jeudi l'aide humanitaire promise par l'ONU, laquelle a exhorté le régime syrien à débloquer immédiatement sa distribution. Une vingtaine de camions remplis de nourriture et de médicaments se trouvent dans une zone tampon entre la Turquie et la Syrie et sont prêts à prendre la route immédiatement pour rejoindre Alep, deuxième ville du pays à environ 70 km de la frontière, selon un responsable de l'ONU, Jan Egeland. L'organisation internationale espère distribuer vendredi l'aide dans cette localité martyre ravagée par plus de cinq ans de guerre et où 250.000 habitants des quartiers rebelles assiégés manquent de tout. Une cessation des hostilités en Syrie pendant sept jours consécutifs, à compter du 12 septembre, et l'acheminement de l'aide humanitaire, sont deux volets de l'accord américano-russe conclu à Genève le 9 septembre par les chefs de diplomatie John Kerry et Sergueï Lavrov. Ce règlement prévoit aussi la mise sur pied d'un centre inédit de coordination militaire entre les Etats-Unis et la Russie pour frapper les jihadistes, le régime syrien devant à partir de là clouer au sol ses aéronefs et ne plus bombarder les régions où se trouve l'opposition. Mais du côté du Pentagone, on ne cache pas son scepticisme face à toute collaboration militaire avec les forces armées russes. Nous avions dit qu'il faudrait une période prolongée de baisse des violences (...) On ne l'a pas encore vue. On parle de sujets qui continuent d'être un problème, notamment l'aide humanitaire, a critiqué le porte-parole du Pentagone Peter Cook. Il averti qu'il n'y aurait pas de coordination militaire tant que ces conditions ne sont pas remplies. Plus conciliant, le département d'Etat a jugé que globalement, la cessation des hostilités tenait même si elle n'était pas parfaite. Nous continuons à recevoir des informations des deux camps faisant état d'incidents, a reconnu M. Toner. Les Etats-Unis et la Russie doivent faire tout ce qu'ils peuvent pour faire pression sur leurs camps respectifs afin de faire baisser (le nombre de) ces incidents, a-t-il réclamé. Washington soutien les groupes de la rébellion syrienne dite modérée, tandis que Moscou appuie les forces armées de Damas. Enfin, répondant à la demande de Paris de partager rapidement le contenu de l'accord Washington-Moscou sur la Syrie, la diplomatie américaine a assuré qu'elle informerait ses alliés européens et arabes la semaine prochaine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York.