Après un samedi marqué par trois attaques dont une en plein cœur de New York, beaucoup de questions demeurent. La peur du terrorisme pourrait peser sur la fin de la campagne présidentielle américaine. En l'espace de douze heures, samedi, trois événements ont ravivé la crainte d'attaques terroristes aux Etats-Unis, à moins de deux mois de l'élection présidentielle. Samedi matin, d'abord, une petite bombe artisanale dissimulée dans une poubelle a explosé dans une station balnéaire du New Jersey. L'engin était visiblement programmé pour exploser au passage d'une course à pied organisée par les Marines américains. Mais le départ de la course ayant été retardé, l'explosion n'a fait aucun blessé. Samedi soir, ensuite, aux alentours de 20h30, une puissante explosion a secoué le quartier très fréquenté de Chelsea, en plein cœur de Manhattan. La détonation, survenue semble-t-il dans une benne à ordures, a fait 29 blessés légers. Tous avaient quitté l'hôpital dès dimanche matin. Dans une formule quelque peu confuse, le maire de New York, Bill de Blasio, a évoqué samedi soir un acte "intentionnel" sans "lien avec le terrorisme". Les autorités antiterroristes sont toutefois en charge de l'enquête, d'autant qu'un possible second engin explosif, une cocotte-minute reliée à un téléphone portable, a été retrouvé à quelques rues du lieu de l'explosion. Dimanche, le gouverneur de New York, Andrew Cuomo, s'est montré plus précis. "Une bombe qui explose à New York est évidemment un acte de terrorisme […] mais à ce stade, il n'y a pas de preuve d'un quelconque lien avec le terrorisme international", a-t-il déclaré. Soigneusement choisis, ces mots n'excluent pas la piste d'Américains radicalisés, comme lors de l'attentat du marathon de Boston, au printemps 2013. "Qui que ce soit qui ait placé ces bombes, on les trouvera et ils seront déférés devant la justice", a ajouté le gouverneur. De son côté, le maire de New York s'est de nouveau exprimé dimanche, expliquant que toutes les pistes étaient étudiées. "Le motif était-il politique ou personnel ? Nous l'ignorons pour le moment", a-t-il ajouté, appelant à la "prudence" et à la "patience" et mettant en garde contre "toute conclusion hâtive".
Attaque revendiquée Toujours samedi soir, alors que les télévisions américaines couvraient en boucle l'explosion de New York, un homme vêtu d'un uniforme de garde de sécurité a poignardé et blessé huit personnes dans un centre commercial du Minnesota, dans le nord des Etats-Unis. Selon la police, l'homme aurait fait "des références à Allah". Il a été abattu par un policier. Dimanche, l'attaque a été revendiquée par l'Etat islamique, dans un communiqué publié par Amaq, l'organe de propagande du groupe jihadiste. "L'exécutant des attaques au couteau menées dans le Minnesota, hier, était un soldat de l'Etat islamique", qui a agi "en réponse aux appels à prendre pour cibles les ressortissants des pays appartenant à la coalition des croisés", a assuré Amaq. A l'heure du bouclage, l'identité de l'assaillant n'avait pas été révélée par les autorités locales. Première conséquence de l'explosion survenue à New York : le gouverneur a annoncé un renforcement "par précaution" du dispositif de sécurité, déjà massif, alors que se déroule cette semaine l'assemblée générale de l'ONU, en présence de plus de 135 chefs d'Etat et de gouvernement. Un millier de policiers et militaires de la garde nationale vont être déployés, notamment dans les gares, les stations de métro et les aéroports.
"On va être malins et on va mettre fin à tout ça" Au-delà de la dimension sécuritaire, la journée agitée de samedi pourrait peser sur la campagne présidentielle, alors que la peur du terrorisme est au plus haut aux Etats-Unis depuis les attentats du 11 septembre 2001. Si la piste islamiste venait à se confirmer dans le Minnesota, voire dans les explosions de New York ou du New Jersey, Donald Trump ne manquerait pas de s'en emparer comme il l'avait fait après les attentats de Paris et de San Bernardino, fin 2015. Dès samedi soir, trente minutes seulement après l'explosion de Manhattan - et alors que les autorités n'avaient donné aucune information officielle -, le candidat républicain a semblé privilégier la piste du terrorisme international. "On ferait bien d'être très, très sévères, les amis. C'est terrible ce qui se passe dans le monde, dans notre pays. Nous allons être sévères, malins et vigilants et on va mettre fin à tout ça", a-t-il lancé lors d'un meeting dans le Colorado. Un peu plus tard dans la soirée, Hillary Clinton a répliqué qu'il était "plus sage d'attendre d'avoir l'information avant de tirer des conclusions". Une manière de se poser en candidate réfléchie et sérieuse face à un adversaire imprévisible et impulsif.