L'Arabie saoudite a proposé de réduire sa production pétrolière si l'Iran accepte de plafonner la sienne cette année, ce qui représenterait un compromis important apte à soutenir les cours, ont dit à Reuters quatre sources proches des pourparlers en cours au sein de l'Opep, avant les discussions prévues la semaine prochaine à Alger. La proposition, sur laquelle l'Iran doit encore se prononcer, a été formulée ce mois-ci, ont ajouté les sources, qui ont requis l'anonymat. L'Opep doit tenir une réunion informelle en marge du Forum international de l'énergie qui se tiendra à Alger du 26 au 28 septembre. La Russie, qui n'est pas membre de l'Opep, participera aussi au forum. Les pays de l'Opep doivent ensuite se retrouver fin novembre à Vienne pour une réunion formelle. "La réunion d'Alger ne débouchera pas sur une prise de décision. Elle consistera en des consultations", a dit une source proche des positions saoudiennes. Ryad est disposé à ramener sa production à des niveaux observés auparavant cette année, pour autant que Téhéran gèle la production à son niveau actuel, qui est de 3,6 millions de barils par jour (bpj) depuis trois mois, ont précisé les sources. "Ils (les Saoudiens) sont prêts à réduire mais l'Iran doit accepter un gel", a dit l'une d'elles. Trois autres sources ont confirmé que cette proposition avait été soumise à Téhéran. Une source proche des positions saoudiennes a déclaré: "Notre objectif est de parvenir à un consensus et d'étudier différents scénarios pour les niveaux de production des pays de l'Opep. Nous souhaitons une solution crédible et transparente qui conduise à la stabilité du marché." Une source proche de la position iranienne s'est refusé à commenter les détails de l'offre saoudienne mais n'a pas exclu un compromis la semaine prochaine. "Il faut que tout le monde se parle face à face", a-t-elle dit. Ni l'Arabie saoudite ni l'Iran n'ont fait de déclaration officielle. Les cours du pétrole ont dans un premier temps profité de la perspective d'un compromis entre Saoudiens et Iraniens mais l'espoir s'est ensuite dissipé et le baril perdait plus de 3% en fin de séance. Un changement de cap des Saoudiens ? A 46 dollars le baril de Brent, les cours du brut sont bien inférieurs au seuil nécessaire pour assurer à la plupart des pays de l'Opep une exploitation rentable de leurs ressources pétrolières. La production saoudienne a fortement augmenté depuis juin en raison de la demande estivale, atteignant un record de 10,67 millions de barils par jour (bpj) en juillet avant de redescendre un peu en août, à 10,63 millions. De janvier à mai, l'Arabie saoudite, de loin le premier producteur de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), avait extrait autour de 10,2 millions de barils par jour. L'Iran, pour sa part, a dit vouloir porter sa production à quatre millions de bpj même si elle a stagné ces derniers mois autour de 3,6 millions, ce qui suggère qu'une augmentation supplémentaire pourrait nécessiter de nouveaux investissements. La proposition saoudienne évoquée vendredi pourrait passer pour un changement de cap de Ryad qui, jusqu'alors, avait choisi de défendre la part de marché au détriment des prix, face, notamment, à des producteurs en dehors du cartel tels que les Etats-Unis. Cette stratégie a provoqué une cassure au sein de l'Opep, dont les Etats les moins riches sont confrontés à une crise budgétaire et à des troubles sociaux en raison de la chute des cours. Ryad et ses alliés du Golfe ont dû eux aussi se serrer la ceinture après des années de dépenses publiques à tout-va, au point que tant l'Arabie saoudite que l'Iran semblent être à présent un peu plus souples sur la question du soutien des prix du marché. Mais une précédente tentative de gel de la production avait tourné court en avril; l'Arabie saoudite voulait que l'Iran soit partie prenante alors que ce dernier ne voulait pas en entendre parler tant que sa production n'aurait pas renoué avec ses niveaux antérieurs aux sanctions occidentales.