La présidente de la banque centrale américaine (Fed), Janet Yellen, s'est engagée jeudi à améliorer "la diversité" au sein de la Réserve fédérale à ses plus hauts niveaux hiérarchiques. S'exprimant par vidéo lors d'une conférence à Kansas City (Missouri), Mme Yellen a assuré "être résolue à améliorer la diversité au sein de notre organisation (...) y compris aux plus hauts niveaux hiérarchiques". "Il est important qu'il y ait une diversité également au niveau des conseils de directeurs et des commissions consultatives des banques de Réserve fédérale", a-t-elle déclaré alors que la Fed est vivement critiquée pour son manque d'ouverture. Le réseau d'organisations sociales "Fed-Up" accuse régulièrement la banque centrale d'être "dominée par des hommes blancs riches". Une centaine d'élus du Congrès américain avaient envoyé une lettre à Janet Yellen au printemps dernier demandant que la direction de la Fed "reflète la composition diverse de la nation en terme de genre, de race, d'ethnicité, de bagage économique et de profession". Jamais dans l'histoire, la Banque centrale n'a eu de président noir ou hispanique à la tête d'une de ses douze antennes régionales. Au sein de l'instance dirigeante du Conseil de la Réserve fédérale, la nomination d'un gouverneur noir remonte à 1966, lorsque le président démocrate Lyndon Johnson avait désigné l'économiste Andrew Brimmer. "J'espère que, dans cette pièce aujourd'hui, il y a des individus qui un jour seront conseiller, directeur ou même président d'une banque de Réserve fédérale, voire membre du Conseil des gouverneurs", a affirmé Mme Yellen, première femme à présider la Fed. Chaque année, dans tout le pays, seulement une vingtaine d'étudiants issus de minorités obtiennent un doctorat en économie, a-t-elle regretté. Une surveillance accrue après des scandales bancaires La présidente de la banque centrale américaine Janet Yellen a indiqué mercredi que la Fed et les autorités de régulation examinaient de près les pratiques des grandes banques, à la lumière d'une série de "violations très inquiétantes". Mme Yellen a été pressée par des élus d'une commission financière du Congrès de surveiller davantage les grandes banques, dans le sillage du scandale de la Wells Fargo, où des employés ont ouvert des millions de comptes factices afin d'atteindre des objectifs commerciaux. "Je crois qu'il est très important que les hauts dirigeants rendent des comptes", a déclaré Mme Yellen alors que l'impunité des grandes banques, souvent mises à l'amende sans reconnaître leur culpabilité, exaspère l'opinion publique. Mme Yellen a aussi indiqué aux membres du Congrès que la Fed et les autres agences de régulation étaient en train "de regarder globalement, pas seulement dans le secteur de la banque de détail, la conformité" des pratiques des établissement financiers. "Il y a eu une série de violations très inquiétantes. Elles sont intervenues dans le secteur des prêts immobiliers, des changes, des sanctions, du Libor", a-t-elle affirmé. Mme Yellen a par ailleurs indiqué que la Fed voulait davantage "adapter" la surveillance bancaire en vertu de la loi Dodd-Frank qui veut mettre fin au dogme tacite qu'un établissement devient "trop important pour faire faillite" (too big to fail). Ainsi les huit plus grandes américaines vont devoir conserver davantage de capitaux propres pour faire face à des crises éventuelles, a-t-elle annoncé. Sont concernées Bank of America, New York Mellon, Citigroup, Goldman Sachs, JPMorgan Chase, Morgan Stanley, State Street et Wells Fargo. En revanche, certaines banques de taille plus moyenne --sous les 250 milliards de dollars d'actifs et moins présentes à l'international--, seront exemptées de la partie "qualitative" des tests de résistance, qui soumettent les plans de distribution de capitaux au feu vert de la Fed. Lors de cette audition au Congrès, la patronne de la banque centrale a aussi été critiquée pour les mesures imposant des ratios prohibitifs aux activités des banques dans le domaine des matières premières, particulièrement énergétiques. Accusations de partialité "Nous avons eu d'énormes accidents environnementaux qui ont créé d'immenses passifs et nous avons deux organisations bancaires qui disposent du droit de stocker et de distribuer ces matières premières. Ces risques existent", a déclaré Mme Yellen. La Fed veut que les banques impliquées dans ce commerce, notamment Goldman Sachs et Morgan Stanley, mettent de côté quelque 4 milliards de dollars de fonds propres cumulés pour se prévenir de tels risques. "Vous pourriez décider qu'il est trop dangereux pour les banques de travailler à New York !" car c'est une cible du terrorisme, a ironisé Mick Mulvaney, un représentant républicain. Mme Yellen a aussi été mise en difficulté lorsqu'un élu a dénoncé le fait qu'une gouverneure de la Fed, Lael Brainard, aurait donné une contribution à la campagne d'Hillary Clinton et serait en train "de négocier un poste" dans l'éventuelle nouvelle administration démocrate. Mme Brainard est citée dans la presse comme une possible secrétaire au Trésor dans une administration Clinton. "Si vous apprenez qu'elle a eu des entretiens avec Clinton pour essayer d'avoir un poste, cela changerait votre opinion sur le fait de savoir si elle devrait se récuser ?", a demandé Scott Garrett, du Delaware. Après une hésitation, Mme Yellen a répondu qu'il lui faudrait "consulter son conseil juridique" mais qu'elle "ne voyait pas de conflit". Lors du premier débat présidentiel lundi, le candidat républicain Donald Trump avait de nouveau mis en cause l'impartialité de la Fed et de sa présidente, l'accusant de faire le jeu de l'administration Obama. Lors de cette intervention consacrée surtout à la régulation, Mme Yellen a peu évoqué l'économie et la politique monétaire. Elle a juste redit qu'une majorité au sein du Comité monétaire penchait pour une hausse des taux d'intérêt d'ici la fin de l'année, si l'économie poursuit son cours. Hausse des taux cette année La présidente de la banque centrale américaine (Fed) Janet Yellen a affirmé que la majorité des membres du Comité de politique monétaire penchaient pour relever les taux d'intérêt avant la fin de l'année. Si les données économiques continuent leur cours et que le taux de chômage poursuit son déclin, l'économie pourrait entrer "en surchauffe", a expliqué Mme Yellen devant une commission financière du Congrès sur la règlementation bancaire. "De nombreux collègues" du Comité monétaire "ont indiqué dans leurs projections récentes qu'il serait opportun de faire un pas cette année" dans la direction d'une politique monétaire moins accommodante, a affirmé Janet Yellen. Elle a ainsi confirmé les projections des membres du FOMC publiées le 21 septembre qui montrent que 10 des 17 membres du Comité prévoient une hausse des taux d'un quart de point de pourcentage. Cela les porterait à entre 0,50% et 0,75% au lieu de 0,25% à 0,50% aujourd'hui. La prochaine réunion du Comité monétaire (FOMC) est prévue les 1er et 2 novembre mais semble trop proche de l'élection présidentielle du 8 novembre pour permettre un geste de la Banque centrale alors que l'économie ne l'exige pas urgemment. Les marchés parient davantage sur un relèvement lors de la dernière réunion de l'année, les 13 et 14 décembre.