L'ex-gouverneur de la banque israélienne Stanley Fischer a été choisi par le président Barack Obama pour devenir le numéro deux de la Banque centrale américaine (Fed) à un moment charnière pour l'institution. “Il est reconnu comme l'un des esprits économiques les plus fins et expérimentés dans le monde", a déclaré dans un communiqué le président américain, qui a procédé à deux autres désignations au conseil des gouverneurs de la Fed, l'organe de direction de la banque centrale américaine. Si ces nominations étaient confirmées par le Sénat, M. Fischer, qui est âgé de 70 ans et possède la double nationalité israélo-américaine, remplacera et épaulera Janet Yellen qui prend la présidence de la banque centrale américaine le 1er février. Tous deux devront coordonner avec tact le retour progressif à la normale de la politique monétaire de la Fed après plus de cinq ans de soutien massif à l'économie américaine et un début de désengagement amorcé en décembre. "Je suis persuadé qu'il formera une équipe fantastique avec Mme Yellen", a ajouté M. Obama. Ancien numéro 2 du Fonds monétaire international (1994-2001), M. Fischer a dirigé la banque centrale israélienne pendant huit ans avant de démissionner à la surprise générale en juin dernier, deux ans avant la fin d'un mandat pendant lequel il a été crédité du "miracle" économique israélien. Ce père de trois enfants, qui n'a acquis la nationalité israélienne qu'en 2005, a été considéré comme un des garants de la stabilité économique de l'Etat hébreu qui a réussi à échapper aux contrecoups de la crise financière en 2008 et de la zone euro. A son actif, il a également fait passer une loi assurant l'indépendance de la banque centrale vis-à-vis du gouvernement.
"Pragmatique" Selon certains experts, M. Fischer se range parmi les défenseurs des mesures d'exception (rachats d'actifs, politique du taux zéro...) mises en œuvre par les banques centrales pour contrer la crise. "Il a généralement soutenu les mesures non-conventionnelles que les banques centrales ont prises pour arrêter le déclin économique et soutenir la reprise dans les économies développées après le déclenchement de la crise", ont commenté les experts de Barclays Bank, ajoutant qu'ils le voyaient toutefois avant tout comme un dirigeant "pragmatique". Couronnée de succès, la carrière de M. Fischer avait toutefois subi un accroc majeur en 2011 quand il avait été écarté de la succession de Dominique Strauss-Kahn à la tête du FMI, en raison de son âge. Ce natif de Rhodésie du Nord, devenue depuis la Zambie, a par ailleurs été entre 2002 et 2005 vice-présidents de la banque américaine Citigroup, qui devra être renflouée quelques années plus tard pour éviter d'être emportée par la crise des crédits immobiliers à risque ("subprime"). Le président Obama a également annoncé vendredi son choix de nommer Lael Brainard, qui vient de quitter son poste de sous-secrétaire au Trésor chargé des questions internationales, à l'un des sept postes du conseil des gouverneurs de la Fed. "Lael Brainard a été l'une de mes conseillères les plus dignes de confiance en matière d'économie internationale à un moment difficile dans le pays mais également pour l'économie mondiale", a commenté M. Obama. Ancienne conseillère du président Clinton, cette experte en relations internationales et titulaire d'un doctorat d'économie semble toutefois relativement inexpérimentée en termes de politique monétaire. "Ses positions sur la politique monétaire n'ont pas été largement exprimées publiquement, étant donné ses rôles et ses responsabilités dans les précédentes administrations", soulignent les experts de Barclays. Le président américain a également fait part de son souhait de renouveler le mandat de Jerome Powell qui siège au conseil des gouverneurs de la Fed depuis 2012 et dont le mandat prend fin le 31 janvier. M. Powell fut un haut dirigeant du Trésor pendant l'administration de George W. Bush. La durée maximale du mandat des gouverneurs de la Fed est de 14 ans.
77,7 milliards de dollars reversés au Trésor en 2013 La banque centrale des Etats-Unis (Fed) a annoncé avoir reversé en 2013 au Trésor américain 77,7 milliards de dollars provenant de ses bénéfices au titre de l'année écoulée. C'est un peu moins que le record de 88,4 milliards de dollars reversés en 2012 mais cela reste plus de deux fois supérieure au volume des bénéfices reversés avant la crise financière de 2008. La Fed tire en effet une grande partie de ses bénéfices des intérêts courus sur les titres financiers qu'elle acquiert dans le cadre de la conduite de sa politique monétaire ultra-accommodante, mais aussi des intérêts que lui rapportent les prêts qu'elle consent aux banques lors de leurs opérations de refinancement. Avec ses achats mensuels de bons du Trésor et de titres appuyés sur des crédits hypothécaires qui ont dépassé les 3 000 milliards de dollars depuis la crise financière de 2008 pour faire baisser les taux d'intérêts à long terme, ses bénéfices ont explosé. La Fed reverse au budget de l'Etat fédéral le total de son bénéfice, diminué entre autres des frais de fonctionnement de son siège à Washington et des dividendes versés aux douze banques régionales constituant le Système de réserve fédéral. Ces chiffres sont une estimation provisoire, les chiffres définitifs des sommes remises à l'Etat paraissant habituellement en mars après l'audit des comptes de la Réserve fédérale. Si les taux d'intérêt sur les bons du Trésor devaient s'apprécier au fur et à mesure que la Fed sort de sa politique expansionniste non-conventionnelle, le montant reversé par la Fed au Trésor pourrait se tarir. Les responsables monétaires ont évoqué ces enjeux lors de la dernière réunion du Comité de politique monétaire (FOMC), selon les minutes de la réunion publiées mercredi. Mais ils ont souligné que ces achats d'actifs devraient "rapporter un bénéfice net significatif pendant toute la durée du programme".
Esther George encore préoccupée par le soutien monétaire Une dirigeante de la Réserve fédérale américaine qui a voté régulièrement contre la politique de soutien monétaire exceptionnel de la Fed ces derniers mois s'est dite encore "préoccupée" jeudi par les risques posés par cette politique. Esther George, présidente de la banque régionale de Réserve fédérale (Fed) de Kansas City et membre votant du Comité de politique monétaire (FOMC) en 2013, a finalement voté pour une réduction des injections de liquidités de la Fed lors de la dernière réunion de décembre après s'être longtemps opposée à cette politique ultra-accommodante. Mais dans un discours à Madison (Wisconsin) jeudi, Mme George note que, même avec la "modeste" réduction des achats d'actifs décidée le mois dernier, la politique monétaire demeure hautement expansionniste avec la poursuite des injections de liquidités en cours et le maintien de taux d'intérêt bas. "Je reste préoccupée par les coûts potentiels et les conséquences de cette politique qui n'a jamais été éprouvée", affirme-t-elle. "Une période prolongée de taux d'intérêts zéro ne conduit pas à de bonnes pratiques bancaires et encourage la course au rendement", ajoute-t-elle. Mme George exprime aussi des doutes sur la capacité de la loi de réforme de Wall Street Dodd Frank à empêcher les grandes banques à devenir trop importantes pour faire faillite ("Too big to fail"). Elle plaide pour "davantage de séparation entre les activités de banque et de commerce" et pour l'adoption d'une "version moderne" de la loi des années 30 Glass-Steagall qui séparait banques de détail et banques d'investissement et qui a été abandonnée en 1999.
La Fed devrait être plus accommodante Un responsable de la Réserve fédérale américaine (Fed), nouveau membre votant du Comité de politique monétaire (FOMC) cette année, a estimé que la Fed pourrait mener une politique encore plus accommodante pour faire baisser le chômage plus vite. Dans un discours prononcé à Minneapolis (nord), le président de la banque de Réserve fédérale de cette région, Narayana Kocherlakota, a affirmé que la Fed "pouvait faire mieux par rapport à son double mandat" qui consiste à promouvoir l'emploi et des prix stables, "en adoptant une politique monétaire plus accommodante". "En assouplissant sa politique monétaire, le FOMC pourrait faciliter une chute plus rapide du taux de chômage et un retour plus rapide aussi vers une inflation à 2%", a-t-il affirmé. M. Kocherlakota est considéré comme "une colombe" dans le langage financier, qui signifie qu'il donne la priorité à l'emploi avant la lutte contre l'inflation. Il est l'un des quatre présidents de banques régionales tournants qui intègrent cette année le FOMC pour voter sur la conduite de la politique monétaire. La Fed qui a adopté une politique monétaire ultra-accommodante depuis l'éclatement de la crise financière en 2008, a commencé le mois dernier à réduire modestement ses injections de liquidités dans le circuit financier.