La mise en œuvre du programme national des énergies renouvelables et celui de l'efficacité énergétique constitue la seule "garantie" d'une croissance durable et équilibrée, a affirmé hier à Alger le ministre de l'Energie Noureddine Boutarfa, en appelant les pays africains à une "prise de conscience" pour s'inscrire en urgence dans le développement des énergies renouvelables. "La compétitivité d'une économie verte, résultat du programme national des énergies renouvelables et celui de l'efficacité énergétique, sera la seule garantie d'une croissance équilibrée et durable qui permettra d'améliorer l'allocation de nos ressources et la réalisation des objectifs (de développement) assignés", a assuré M. Boutarfa lors d'un colloque international sur "la transition énergétique en Afrique : entre défis économiques et enjeux environnementaux". Il a rappelé à ce titre les efforts déployés par l'Algérie pour réunir les conditions autorisant la transition énergétique vers le développement des énergies renouvelables, dont l'adoption, en mai 2015, du Programme national de développement des énergies renouvelables et celui de la promotion de l'efficacité énergétique. "Ces deux programmes témoignent de la volonté de l'Algérie à aller résolument vers l'énergie propre, durable et efficace. Avec l'adoption de l'objectif de 27% d'énergie électrique à la base du renouvelable à l'horizon 2030, soit l'équivalent de 45 à 51 térawatts, une action soutenue en termes d'efficacité énergétique, nous exprimons une ambition à la hauteur des défis et un engagement à faire des prochaines années l'ère du développement énergétique durable", s'est-il réjoui devant un parterre d'experts nationaux et étrangers. Le Programme national de développement des énergies renouvelables prévoit la production d'ici à 2030 de 22.000 MW d'électricité de source renouvelable, notamment solaire et éolienne, destinée au marché intérieur, en plus de 10.000 MW supplémentaires à exporter, rappelle-t-on. Ce qui correspond à 27% de la production globale d'électricité d'ici 2030 et le double de la capacité actuelle du parc national de production d'électricité. Grâce à ce programme, il est prévu de réaliser une économie de près de 300 milliards de m3 de gaz sur la période allant de 2021 à 2030, qui seront orientés vers l'exportation et rapporteront à l'Etat d'importants revenus supplémentaires. En outre, jusqu'à 300.000 postes d'emplois directs et indirects devraient être générés à la faveur de la mise en œuvre du programme dont la mise en œuvre nécessite des investissements de l'ordre de 120 milliards de dollars, rappelle-t-on. Par ailleurs, les pouvoirs publics se sont fixés comme objectif de réaliser un gain financier de 42 milliards de dollars à l'horizon 2030 à travers la réduction de 9% de la consommation d'énergie à la faveur de la mise en œuvre d'un programme national de développement de l'efficacité énergétique. La mise en œuvre de ce programme conduira notamment à l'isolation thermique de 100.000 logements par an ainsi qu'à la conversion au GPL de plus d'un (1) million de véhicules particuliers et de plus de 20.000 autobus, en même temps que seront créés plus de 180.000 emplois. Le thème du colloque, organisé sous le haut patronage du Premier ministre, s'inscrit ainsi, souligne M. Boutarfa, dans la même ligne de la politique énergétique nationale qui vise la valorisation des ressources énergétiques les plus disponibles et les plus propres. Il intervient également, soutient-il, dans une conjoncture marquée par l'élan suscité par la COPE21, en décembre 2015 à Paris, qui était l'occasion pour tous les pays de parler de la même voix face aux grands défis à relever dans le cadre du changement climatique. Ce thème a même été au centre des discussions du 15ème Forum international de l'énergie (IEF) d'Alger où 52 pays et plusieurs institutions internationales ont convenu de l'intérêt du dialogue pour trouver une solution concertée aux problèmes énergétiques et particulièrement la nécessité d'une transition énergétique profitable à tous, a noté M. Boutarfa. "Ce thème est hautement crucial pour la planète et particulièrement pour l'Afrique qui, sans en être directement responsable, subit de plein fouet les répercussions du changement climatique sans détenir les outils et les moyens adéquats pour faire face aux défis économiques et environnementaux qui en sont les conséquences", a-t-il relevé. L'Afrique doit réagir vite pour concrétiser sa transition énergétique Le problème d'accès à l'énergie touche entre 580 millions et 650 millions de personnes, soit près de 70% de la population africaine, des chiffres qui révèlent, selon le ministre, la faiblesse de l'introduction énergétique du continent qui abrite 15% de la population mondiale, qui ne produit qu'une infime partie des émissions mondiales de dioxyde de carbone et qui est, quand même, appelé à s'inscrire dans une transition énergétique dont il ne détient pas les éléments moteurs. Mais en Afrique, l'équation énergétique est plus compliquée qu'ailleurs, car le continent souffre d'un problème d'accès à l'énergie qui bloque son développement et met beaucoup d'incertitude sur sa capacité à répondre aux besoins basiques de développement. "Nous (africains) sommes ainsi confrontés, d'une part, au risque de ne pas pouvoir satisfaire la demande future en énergie et, d'autre part, d'une dégradation majeure et irréversible de l'environnement, dont la situation est déjà très précaire", a-t-il poursuivi. Malgré ça, "peu de mesures sont engagées jusque-là en Afrique pour inscrire le continent dans ce processus", a-t-il regretté en appelant à "une prise de conscience à tous les niveaux pour cerner l'urgence et la prépondérance de la question". Il a justement invité les experts participants au colloque à identifier les raisons pouvant expliquer le retard du continent dans cette dynamique et les perspectives d'y rendre la transition énergétique opérationnelle. Pour M. Boutarfa, la période actuelle constitue une opportunité pour l'Afrique au lieu d'une fatalité car le continent est suffisamment "riche" en potentiel d'énergie et doit l'exploiter pour impulser son développement et faire face aux déficits énergétiques chroniques. "Il faudra juste engager des actions concrètes et urgentes pour lancer le continent sur le chemin de la transition énergétique", a-t-il recommandé.