L'Inde et le Pakistan ont échangé des tirs dans la nuit de vendredi à samedi de part et d'autre de leur ligne de démarcation au Cachemire, a déclaré l'armée pakistanaise, sans faire état de victimes, des responsables indiens assurant de leur côté qu'il n'y avait pas de dégâts. Ces tensions surviennent deux jours après des affrontements entre les deux puissances nucléaires rivales dans cette région himalayenne disputée, qui ont amené le secrétaire général de l'ONU à lancer un appel à la retenue. Les troupes pakistanaises ont légitimement répondu à des tirs non-provoqués qui ont débuté à 04H00 locales (vendredi 23H00 GMT) et duré quatre heures dans le secteur de Bhimber, côté pakistanais, selon un communiqué militaire pakistanais. Il y a eu des tirs d'armes légères et de mortiers au-dessus de la frontière dans le secteur d'Akhnoor qui ont duré environ deux heures (de 04H00 à 06H00), a pour sa part indiqué Pawal Kotwal, un haut responsable civil de la province de Jammu et Cachemire, côté indien, pour qui il n'y a pas eu de dégâts. L'Inde a conduit jeudi des frappes, qualifiées de chirurgicales par New Delhi, le long de la frontière de facto avec le Pakistan au Cachemire, Islamabad dénonçant une agression qui a coûté la vie à au moins deux de ses soldats. Cette opération militaire est intervenue une dizaine de jours après l'attaque d'une base indienne au Cachemire où 19 soldats ont trouvé la mort, la plus meurtrière dans la région depuis plus d'une décennie. Les deux pays se sont livrés à une passe d'armes la semaine dernière à l'Assemblée générale de l'ONU. La ministre indienne des Affaires étrangères Sushma Swaraj a accusé le Pakistan d'alimenter le terrorisme au Cachemire tandis que le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a affirmé que New Delhi faisait obstacle à la paix. Médiation Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a offert vendredi ses bons offices pour une médiation entre l'Inde et le Pakistan qui se déchirent à propos du territoire disputé du Cachemire. M. Ban a demandé aux deux parties de faire preuve du maximum de retenue et de prendre immédiatement des mesures pour faire retomber la tension, a déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric. Ses bons offices sont disponibles si les deux parties acceptent cette médiation, a-t-il ajouté. Cette déclaration a suivi une rencontre de M. Ban vendredi avec l'ambassadrice pakistanaise à l'ONU Maleeha Lodhi. Je lui ai dit que le moment était venu d'une intervention audacieuse de sa part afin d'éviter une crise, a-t-elle déclaré. Nous vivons un moment dangereux pour la région, a-t-elle souligné. Elle a accusé l'Inde de créer les conditions d'une menace pour la paix et la sécurité régionale et internationale. M. Ban, a-t-elle ajouté, a réitéré ses offres de bons offices entre les deux voisins, qui se sont déjà livrés trois guerres dont deux à propos du Cachemire. L'ambassadrice a suggéré que M. Ban avance les dates d'une visite qu'il projette d'effectuer en Inde et au Pakistan en novembre afin de tenter d'apaiser la crise. Les observateurs militaires que l'ONU a déployés à la frontière entre les deux pays pour surveiller le cessez-le-feu devraient aussi se montrer plus actifs, a-t-elle estimé. Mme Lodhi a aussi indiqué avoir rencontré le président en exercice du Conseil de sécurité, l'ambassadeur néo-zélandais Gerard van Bohemen, pour lui rappeler les obligations de longue date du Conseil de régler le dossier du Cachemire. C'est un moment de vérité pour l'ONU, a-t-elle ajouté. Une crise entre deux voisins puissances nucléaires est ce qu'il y a de plus dangereux. Le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric avait indiqué auparavant que M. Ban suivait la situation avec une grande préoccupation et qu'il accueillerait favorablement toute initiative de nature à apaiser la tension. Evacuation Les observateurs sur place, membres du Groupe d'observateurs militaires des Nations unies pour l'Inde et le Pakistan, sont au courant des informations sur des violations présumées du cessez-le-feu et ont contacté les deux camps à ce sujet, a rapporté M. Dujarric. Mais ils n'ont pas directement observé de tirs à travers la ligne de contrôle entre les deux pays, a-t-il affirmé. L'Inde a conduit jeudi des frappes le long de la frontière de facto avec le Pakistan au Cachemire, Islamabad dénonçant une agression qui a coûté la vie à au moins deux de ses soldats. Cette opération militaire intervient une dizaine de jours après l'attaque d'une base indienne au Cachemire où 18 soldats avaient trouvé la mort, la plus meurtrière dans la région depuis plus d'une décennie. L'Inde a indiqué vendredi qu'elle procédait à l'évacuation de milliers d'habitants des villages frontaliers du Pakistan par crainte de représailles. En pleine résurgence de ces tensions, la fédération représentant les cinémas et distributeurs de films au Pakistan a interdit la diffusion de films indiens sur son territoire. Cette décision intervient en réponse à une décision antérieure par l'Association des producteurs indiens de films (IMPPA) de bannir les acteurs et techniciens pakistanais des tournages de Bollywood. Un grand nombre de cinémas pakistanais diffusent des films indiens, et des acteurs et chanteurs pakistanais jouent fréquemment dans des productions de Bollywood. La représentation de l'Inde à l'ONU a indiqué dans un communiqué que l'Inde n'avait aucun désir d'aggraver la situation et que son opération jeudi était une frappe contre-terroriste calculée, concentrée en termes de cibles et de zone géographique, reflétant la volonté (de l'Inde) de répondre proportionnellement à la menace claire et imminente posée par les terroristes. Les deux pays s'étaient livrés à une passe d'armes la semaine dernière à l'Assemblée générale de l'ONU. La ministre indienne des Affaires étrangères Sushma Swaraj avait accusé le Pakistan d'alimenter le terrorisme au Cachemire tandis que le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif affirmait que New Delhi faisait obstacle à la paix.