Le président colombien Juan Manuel Santos doit rencontrer mercredi son prédécesseur Alvaro Uribe, farouche opposant à l'accord de paix avec la guérilla des Farc que la population a rejeté dimanche lors d'un référendum. Santos s'entretiendra avec l'ex-président Uribe (2002-2010) à partir de 11h30 (16h30 GMT) au palais présidentiel Casa de Nariño, après avoir vu un autre ancien chef de l'Etat, Andrés Pastrana (1998-2002), également opposé à l'accord avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), a annoncé le service de presse de la présidence. J'ai invité @AndresPastrana et @AlvaroUribeVel à dialoguer ce mercredi avec un esprit constructif en faveur de la paix #JuntosPorColombia (Ensemble pour la Colombie), a tweeté M. Santos, qui a lancé lundi une nouvelle phase de dialogue avec la guérilla afin d'aboutir à un accord et au rêve de toute la Colombie d'en finir avec la guerre avec les Farc. Ces réunions se tiendront à huis clos, a précisé la présidence. M. Uribe, actuel sénateur et patron du Centre démocratique, s'était déclaré plus tôt mardi disposé à exposer les raisons de son opposition à M. Santos, qui a été son ministre de la Défense au moment de la lutte la plus intense contre les Farc, et qu'il considère aujourd'hui comme un traître pour avoir négocié avec la guérilla. Les deux hommes ne se sont pas vus publiquement depuis le 10 janvier 2011. MM. Uribe et Pastrana - pourtant promoteur des Dialogues du Caguan, précédente tentative de paix avec les Farc de 1998 à 2002 - ont tous deux mené campagne pour le Non à l'accord signé le 26 septembre, à l'issue de près de quatre ans de pourparlers avec les Farc, la plus importante guérilla de Colombie. Le Non l'a emporté dimanche avec 50,21% des voix, lors d'un scrutin marqué par une abstention d'environ 62%. Au fil des décennies, ce conflit complexe a impliqué les Farc, issues en 1964 d'une insurrection paysanne, mais aussi d'autres guérillas d'extrême gauche, des milices paramilitaires d'extrême droite et les forces armées. Le président Santos, qui a plusieurs fois invité M. Uribe à parler des négociations de paix, a dit ne pas comprendre pourquoi ses prédécesseurs, de surcroît jusque-là adversaires en politique, se sont unis pour s'opposer à l'accord avec les Farc. Je ne comprends pas. Ils ont recherché la paix désespérément, avait déclaré le chef de l'Etat début septembre lors d'un entretien. Pourvu qu'ils réfléchissent! La porte est ouverte. Ils seront toujours les bienvenus, avait-il ajouté. Alvaro Uribe est allé jusqu'à appeler à la résistance civile contre les pourparlers de La Havane et a participé à une chaîne humaine contre l'accord le jour même de sa signature à Carthagène des Indes (nord). Cessez-le-feu limité au 31 octobre Le président colombien Juan Manuel Santos a prorogé jusqu'au 31 octobre le cessez-le-feu, décrété le 25 août avec la guérilla des FARC. Cette mesure doit permettre de "mettre en œuvre la solution à ce conflit", a-t-il indiqué mardi dans une déclaration télévisée. Cette annonce intervient au lendemain du lancement par le chef de l'Etat de nouveaux pourparlers avec la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) pour aboutir à un nouvel accord de paix, après le rejet du précédent texte dimanche par référendum. M. Santos rencontrera par ailleurs mercredi, à huis clos et séparément, ses prédécesseurs Álvaro Uribe et Andrés Pastrana, qui ont mené une intense campagne pour le "non". Ces réunions visent, a expliqué le chef de l'Etat, à dialoguer "avec un esprit constructif en faveur de la paix". Pas d'incident Un cessez-le-feu bilatéral, et à l'origine définitif, avait été décrété le 25 août, au lendemain de la conclusion des négociations menées depuis près de quatre ans avec la principale guérilla du pays. Ce cessez-le-feu était entré en vigueur le 29 août. Aucun incident n'a été enregistré depuis. L'accord prévoyait notamment la démobilisation des 5765 combattants des FARC et la conversion de la guérilla en mouvement politique légal. Il avait été signé par M. Santos et le commandant des FARC, Timoleon Jiménez "Timochenko", le 26 septembre. Au fil des décennies, le complexe conflit colombien a impliqué les Farc, issues en 1964 d'une insurrection paysanne, mais aussi d'autres guérillas d'extrême gauche, des milices paramilitaires d'extrême droite et les forces armées. Il a fait plus de 260 000 morts, 45 000 disparus et 6,9 millions de déplacés par la violence.