La plus ancienne guérilla d'Amérique latine va-t-elle rendre les armes ? Après plus d'un demi-siècle de guerre contre le gouvernement de Bogotá, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) seraient prêtes à négocier leur reddition. "Un nouveau processus de dialogue est en marche afin de parvenir à la paix sur notre terre", a annoncé mardi, dans un message enregistré, le chef de la guérilla marxiste, Rodrigo Londoño, alias "Timochenko". La plus ancienne guérilla d'Amérique latine va-t-elle rendre les armes ? Après plus d'un demi-siècle de guerre contre le gouvernement de Bogotá, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) seraient prêtes à négocier leur reddition. "Un nouveau processus de dialogue est en marche afin de parvenir à la paix sur notre terre", a annoncé mardi, dans un message enregistré, le chef de la guérilla marxiste, Rodrigo Londoño, alias "Timochenko". Ce mouvement, issu d'une insurrection paysanne en 1964, s'est notamment rendu coupable de l'enlèvement puis de la détention de 2002 à 2008 de la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, et plus récemment de celui du journaliste français Roméo Langlois, détenu pendant un mois en mai dernier. L'annonce-surprise ne doit pourtant rien au hasard. Cela fait en effet six mois que les deux camps négociaient en secret à Cuba les conditions d'un dialogue. Les pourparlers officiels, qui débutent en octobre à Oslo, en Norvège, doivent amener les rebelles à déposer les armes, à renoncer au narcotrafic et à indemniser leurs victimes. De son côté, le gouvernement se dit prêt à discuter d'une réforme de la propriété des terres agricoles, à réviser les peines de justice visant les guérilleros, et surtout à autoriser les révolutionnaires à rentrer en politique. À deux ans de la prochaine présidentielle, Juan Manuel Santos sait qu'il n'a pas le droit à l'erreur. Les deux précédentes tentatives de négociation se sont soldées par un échec cuisant. La dernière tentative, menée entre 1999 et 2002, a même viré à l'humiliation. En accordant au mouvement marxiste une zone démilitarisée, Bogotá lui a donné la possibilité de se développer en toute tranquillité. Dans cet espace grand comme la Suisse, les combattants avaient tout le loisir de se former et de séquestrer leurs prisonniers. Or, pendant ce temps, les Farc n'ont jamais respecté leurs promesses de compromis. Renforcés militairement, les Farc ont alors multiplié attentats et assassinats, alors que les trafics de drogue et les centaines d'enlèvements leur assuraient de confortables rentrées d'argent. Mais l'élection à la présidence, en mai 2002, d'Álvaro Uribe change la donne. Partisan de la "manière forte" contre les révolutionnaires, le nouveau chef de l'Etat lance une vaste opération de "nettoyage" du pays. Grâce à des moyens ultra-perfectionnés, garantis par un accord militaire avec les Etats-Unis, il mène une lutte efficace contre la guérilla. Il est aidé dans ce sens par des groupes paramilitaires, formés de narcotrafiquants et de milices spontanées. C'est le temps des grands succès. Raúl Reyes, chef historique des Farc, est abattu en mars 2008. Ingrid Betancourt est libérée en juillet 2008. En huit ans, la guérilla va être réduite de moitié, passant à quelque 9.000 dès son élection en août 2010, le nouvel homme fort du pays, Manuel Santos se démarque de son prédécesseur par une nouvelle stratégie. Il annonce en effet publiquement sa volonté de négocier avec les marxistes. Il est déterminé à entrer dans l'histoire de son pays. Il veut être le premier président à réussir la "mission impossible" de désarmer les Farc. Fin stratège, il a appris des erreurs de 2002 et refuse de renoncer aux opérations militaires. Bien au contraire, il appelle même l'armée à "intensifier ses actions". Cette semaine, au moins une dizaine de guérilleros ont été abattus dans deux opérations distinctes à travers le pays. Ce mouvement, issu d'une insurrection paysanne en 1964, s'est notamment rendu coupable de l'enlèvement puis de la détention de 2002 à 2008 de la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt, et plus récemment de celui du journaliste français Roméo Langlois, détenu pendant un mois en mai dernier. L'annonce-surprise ne doit pourtant rien au hasard. Cela fait en effet six mois que les deux camps négociaient en secret à Cuba les conditions d'un dialogue. Les pourparlers officiels, qui débutent en octobre à Oslo, en Norvège, doivent amener les rebelles à déposer les armes, à renoncer au narcotrafic et à indemniser leurs victimes. De son côté, le gouvernement se dit prêt à discuter d'une réforme de la propriété des terres agricoles, à réviser les peines de justice visant les guérilleros, et surtout à autoriser les révolutionnaires à rentrer en politique. À deux ans de la prochaine présidentielle, Juan Manuel Santos sait qu'il n'a pas le droit à l'erreur. Les deux précédentes tentatives de négociation se sont soldées par un échec cuisant. La dernière tentative, menée entre 1999 et 2002, a même viré à l'humiliation. En accordant au mouvement marxiste une zone démilitarisée, Bogotá lui a donné la possibilité de se développer en toute tranquillité. Dans cet espace grand comme la Suisse, les combattants avaient tout le loisir de se former et de séquestrer leurs prisonniers. Or, pendant ce temps, les Farc n'ont jamais respecté leurs promesses de compromis. Renforcés militairement, les Farc ont alors multiplié attentats et assassinats, alors que les trafics de drogue et les centaines d'enlèvements leur assuraient de confortables rentrées d'argent. Mais l'élection à la présidence, en mai 2002, d'Álvaro Uribe change la donne. Partisan de la "manière forte" contre les révolutionnaires, le nouveau chef de l'Etat lance une vaste opération de "nettoyage" du pays. Grâce à des moyens ultra-perfectionnés, garantis par un accord militaire avec les Etats-Unis, il mène une lutte efficace contre la guérilla. Il est aidé dans ce sens par des groupes paramilitaires, formés de narcotrafiquants et de milices spontanées. C'est le temps des grands succès. Raúl Reyes, chef historique des Farc, est abattu en mars 2008. Ingrid Betancourt est libérée en juillet 2008. En huit ans, la guérilla va être réduite de moitié, passant à quelque 9.000 dès son élection en août 2010, le nouvel homme fort du pays, Manuel Santos se démarque de son prédécesseur par une nouvelle stratégie. Il annonce en effet publiquement sa volonté de négocier avec les marxistes. Il est déterminé à entrer dans l'histoire de son pays. Il veut être le premier président à réussir la "mission impossible" de désarmer les Farc. Fin stratège, il a appris des erreurs de 2002 et refuse de renoncer aux opérations militaires. Bien au contraire, il appelle même l'armée à "intensifier ses actions". Cette semaine, au moins une dizaine de guérilleros ont été abattus dans deux opérations distinctes à travers le pays.