Les cours du pétrole repartaient à la hausse hier matin en Asie, encouragés par des informations sur une baisse des stocks de brut américain qui alimente les espoirs de rééquilibrage du marché. Vers 02H00 GMT, le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en novembre, référence américaine du brut, prenait 56 cents à 49,25 dollars le baril dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne du brut, pour livraison en décembre, gagnait 47 cents à 51,34 dollars. La veille, les cours avaient baissé en raison de prises de bénéfices après l'élan apporté au marché par un accord sur la limitation de l'offre entre membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Mais les investisseurs ont recommencé à se tourner vers le brut à la faveur des estimations privées de la fédération professionnelle American Petroleum Institute (API), expliquent les analystes. Les marchés attendent désormais les chiffres officiels des stocks qui seront publiés mercredi par le ministère américain de l'Energie (DoE). "Une baisse plus forte qu'attendue des stocks, de 7,6 millions de barils, a été estimée par l'API, ce qui a alimenté un rebond du marché", a déclaré Jingyi Pan, analyste chez IG Markets. "Une confirmation de cette tendance (par les données officielles) viendra en soutien du brut, mais le consensus parmi les investisseurs est que les stocks auront augmenté". "Les yeux sont tournés" vers le DoE, a renchéri Jeffrey Halley, analyste chez OANDA Asia-Pacific. "Le WTI a passé la barrière des 48,90 dollars et le seuil de 50 dollars le baril est en vue, à condition que les chiffres officiels suivent la tendance des semaines précédentes". Selon Jingyi Pan, le marché devrait également être soutenu par l'ouragan Matthew qui menace l'approvisionnement de la côte est des Etats-Unis. Un marché tourné vers les USA La veille, à la clôture, le WTI a baissé de 12 cents à 48,69 dollars sur le contrat pour livraison en novembre au New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le Brent pour livraison en décembre, a reculé de deux cents à 50,87 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). L'ouragan Matthew (...) est l'une des principales raisons pour lesquelles le marché du pétrole se maintient alors que d'autres matières premières sont sous pression, a avancé Phil Flynn, de Price Futures Group. L'ouragan, qui balayait mardi Haïti et se rapprochait de Cuba, risque de bientôt frapper les côtes de Floride, par lesquelles arrivent de nombreuses quantités de pétrole étranger vers les Etats-Unis. Cela va probablement perturber les importations, ce qui pourrait réduire l'offre (américaine) lors des prochaines semaines, a expliqué M. Flynn. De plus, si l'ouragan ne semble pas menacer les infrastructures américaines, il perturbe d'autres pays dans les Caraïbes. Il a provoqué le blocage de 33 millions de barils aux Bahamas, dans deux terminaux différents, a notamment écrit Matt Smith, de ClipperData. Le dollar pèse Depuis la mi-septembre, les investisseurs sont déjà encouragés par plusieurs semaines consécutives de forte baisse des stocks de brut aux Etats-Unis, même s'ils s'attendent plutôt à un rebond dans les chiffres hebdomadaires qu'annoncera mercredi le département de l'Energie (DoE). Avant cela, ils prendront connaissance mardi après la clôture des estimations privées de la fédération professionnelle American Petroleum Institute (API). On va accueillir les chiffres sur les stocks à bras ouverts (...) car cela va détourner l'attention des petites combines de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a ironisé M. Smith. Le marché est dominé depuis la semaine précédente par l'annonce d'un accord entre les membres du cartel pour réduire leur offre, ce qui a relancé les cours même si sa mise en œuvre est encore très floue en attendant un sommet prévue en novembre. Si M. Flynn assurait que l'accord de l'Opep va probablement tenir, d'autres observateurs se montraient plus pessimistes. Selon une étude de (l'agence) Bloomberg, la production de l'Opep a monté de 170.000 barils par jour (bj) en septembre à la suite d'une reprise de la production au Nigeria et en Libye, a ainsi prévenu dans une note Tim Evans de Citi, remarquant au passage que le marché pétrolier était aussi sous la pression d'un dollar fort mardi. La force du billet vert, encouragé par de bons chiffres sur l'industrie américaine, tend à freiner les cours du pétrole car ils sont libellés en monnaie américaine. En fin de compte, ces éléments contrastés n'imprimaient guère de tendance au marché pétrolier sur lequel il n'y a pas beaucoup d'actualité et les cours se contentent de se laisser dériver, a conclu Carl Larry, de Frost & Sullivan.