Selon le chef de la diplomatie libyenne, la Libye est opposée à l'ouverture sur son sol, par l'UE, de camps de migrants souhaitant rallier l'Europe, une proposition de dirigeants européens pour limiter les arrivées via la Méditerranée, Un tel projet signifierait que l'Union européenne refuse d'assumer ses responsabilités et les fasse peser sur nos épaules, a estimé, jeudi, Taher Siala lors d'une réunion de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Vienne. L'idée est en outre très éloignée des réalités du terrain alors que la Libye est toujours déchirée par une guerre civile, a ajouté M. Siala. Le ministre a appelé quelques heures plus tard les 28 pays européens à peser de tous leur poids sur les pays d'origine des migrants transitant par la Libye pour qu'ils acceptent de reprendre leurs ressortissants. Nous avons besoin de l'UE pour faire pression sur ces pays afin qu'ils les reprennent, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse aux côtés de son homologue autrichien Sebastian Kurz et de l'émissaire de l'ONU en Libye, l'Allemand Martin Kobler. Sans coopération avec les pays d'origine, nous ne pourrons pas arrêter le flux. Il faut que la communauté internationale investisse dans ces pays pour offrir de meilleures conditions de vie, et que des accords soient conclus pour qu'ils reprennent leurs ressortissants, a souligné M. Siala. M. Kobler a lui aussi estimé qu'il fallait encourager les migrants qui se trouvent en Libye à rentrer dans leurs pays, et à témoigner pour dissuader d'autres candidats de suivre le même chemin. Tout en reconnaissant la nécessité de travailler avec les pays d'origine, certains pays européens, dont l'Autriche et la Hongrie, plaident pour la conclusion avec Tripoli d'un accord permettant le renvoi en Libye des migrants passés par ce pays, à l'instar de l'accord conclu en mars par l'UE avec la Turquie. Tant que le sauvetage en mer (par des bateaux européens, ndlr) signifie un billet pour l'Europe, de plus en plus de gens embarqueront et il y aura encore des noyades, a souligné M. Kurz jeudi. C'est pourquoi il faut pouvoir les renvoyer dans les pays de transit ou d'origine, a-t-il ajouté. Parmi les propositions qui ont été avancées depuis le début de la crise migratoire figure la construction en Libye de camps géants, financés et administrés par l'UE, où les demandeurs d'asile pourraient et devraient déposer leurs dossiers de demande d'asile en Europe, et y attendre un éventuel feu vert. Plus de 300.000 migrants et réfugiés ont traversé la Méditerranée depuis le début de l'année pour se rendre en Europe, selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). Une grande partie d'entre eux sont originaires d'Afrique sub-saharienne et embarquent en Libye. Depuis le début de l'année, 3.500 personnes ont trouvé la mort en Méditerranée, dont 28 mardi au large de la Libye. Ce pays compte quelque 235.000 migrants prêts à partir pour l'Italie, selon des chiffres avancés par M. Kobler fin septembre.