"Je travaille pour l'avenir, pour le citoyen. Je ne m'occupe pas du passé. C'est aux gens de juger. C'est un secteur beaucoup plus technique, qui est visible tous les jours, car au contact direct des citoyens. On ne peut pas ''bluffer'' là-dessus ", telle a été la réponse du ministre des Transports et des travaux publics, Boudjemaa Talaï à la question qui lui a été posée par TSA à savoir : " Dans quel état avez-vous trouvé ce ministère, réputé être très politisé après le passage d'Amar Ghoul ? ". Le ministre dans l'entretien qu'il vient d'accorder à TSA a passé en revue tous les segments de son programme, les projets en cours de réalisation, ceux à venir, les perspectives du secteur sur le plan économique. " Les projets qui n'ont pas de liens avec le bien-être du citoyen ou qui ne représentent pas un intérêt économique crucial ont été gelés. Mais pas forcément annulés. Pour ceux qui sont lancés et qui sont à un taux d'avancement appréciable, il serait impensable, même ''criminel'', de les arrêter en cours de route. Ils seront donc achevés. En ce qui concerne le lancement de nouveaux projets, nous ne sommes pas obligés de les financer sur le budget de l'Etat. Pour ceux qui sont intéressants, on réfléchit à de nouvelles formes de financement. L'on peut penser notamment au Partenariat public-privé (PPP). On peut réaliser de nombreux projets avec cette formule. Il y a aussi le ''BOT'', soit le ''Buld, operate and transfer'' (construction, gestion et transfert), une question potentiellement intéressante ". A une autre question en ce qui concerne l'inquiétude des entreprises nationales sur le ralentissement de l'activité et de la commande publique, principal moteur de la croissance, M. Talaï dit : " Ce que je leur dit, c'est qu'aucun projet nouveau ne sera confié à une entreprise étrangère. Les entreprises algériennes ont le savoir-faire et la technologie. Je veux les rassurer et leur dire que l'outil national sera prioritaire. En dehors des projets stratégiques, sensibles et relevant de la souveraineté nationale, tous les projets seront essentiellement financés par le Partenariat public-privé, sauf si l'on n'a pas les capacités requises. Autant dire qu'il y a des marchés pour les entreprises algériennes ". A travers cet entretien à TSA, le ministre des Transports et des Travaux publics a tranché sur nombre de questions ou d'interrogations en fournissant des précisions claires. Ainsi on relèvera que la réalisation de l'autoroute des Hauts-Plateaux n'est plus à l'ordre du jour, mais elle se fera un jour. " Pourquoi ne pas la faire en ''BOT'', par exemple. Il y a des opérateurs prêts à le faire. L'Etat peut aussi financer cette autoroute des Hauts-Plateaux, si nécessaire ". Selon le ministre, la pénétrante de l'autoroute Est-Ouest donnant sur Bejaïa sera ouverte d'ici la fin de l'année. " La géotechnique n'est pas une science exacte. On est confronté à des terrains qui bougent, instables. Il ne faut oublier qu'on n'a pas fait les études au préalable, du moins elles n'ont pas été suffisamment maturées. C'était un projet en ''étude-réalisation'' simultanée. Il faut savoir que les autoroutes ont une durée de vie déterminée, mais qui dépend largement de leur utilisation. En Algérie, les tonnages des camions ne sont pas respectés par exemple. Et le cycle d'utilisation use le revêtement. On a mis en place une structure, l'Algérienne des autoroutes (ADA), qui gère et fait le suivi et il y a des travaux de confortement en cours ". Là le ministre répond à une question sur les travaux de réfection, tout le long du tracé de l'autoroute Est-Ouest. Ceci après 4 à 5 années de mise en service. On apprend ainsi à travers ses réponse que le contrat avec Cojal a été résilié à l'amiable. " On reprend en main le projet qu'on va réaliser par des entreprises algériennes, publiques ou privées. Les travaux seront entamés avant la fin de l'année ", a-t-il annoncé. Il dira aussi que le confortement du tunnel de Djebel Ouach va être lancé avant la fin de l'année par des entreprises algériennes. Le ministre affirmera par ailleurs que pour l'instant, le péage n'est pas à l'ordre du jour. " Après, ce sera une décision politique : par quel moyen assurer le financement des entretiens et des structures de l'autoroute. Justement, on mise sur les structures d'accompagnement : notamment les aires de repos (en dehors des stations-service). On veut les rendre plus attractives avec la construction de motels (petits hôtels) assurer la sécurité, installer des restaurants…Et on veut que ces investissements soient ouverts au secteur privé algérien. M. Talaï est également revenu dans cet entretien qu'il a accordé à TSA sur le comment faire baisser la mortalité routière. Il a indiqué à ce sujet qu'une nouvelle loi sera présentée ces jours-ci au Parlement. Avec la mise en place du permis à points et une forte augmentation des amendes, on obtiendra des résultats. Quant aux problèmes de la circulation à Alger, il souligne : " On y mettra fin. Pour y faire face, on doit renforcer le transport urbain. On ouvre par exemple la ligne ferroviaire Zéralda-Brtouta le 1er Novembre. On va donc vers des trains de banlieue et un renforcement des moyens de transport à Alger ". La suite de cet entretien à TSA et à l'issue duquel M. Talaï n'a laissé aucune zone d'ombre sur sa détermination à faire du transport la clef du développement et du désenclavement en partenariat avec le secteur privé dans la transparence, qualité et disponibilité car outre la maîtrise des risques et la pérennité technique, celles-ci sont dans l'agenda du ministre des Transports et des Travaux publics, aussi, des enjeux majeurs en considération et à l'usage des citoyens afin de mieux répondre à leurs besoins en matière de transport routier. Les mutations économiques et sociales que l'Algérie est en train de connaître ainsi que l'essor de la technologie et de la modernisation de l'économie sont les moyens incontournables sur lesquels M. Talaï se focalise afin d'impliquer la synergie des actions de tous les acteurs du secteur et de ses partenaires, soit le secteur privé et public. Le ministre des Transports et des Travaux publics semble avoir dit que le temps de l'improvisation dans son secteur est révolu pour enclencher la réhabilitation de la route, de la circulation, des infrastructures, des hommes et l'urbanisation des axes routiers, le tout au profit de l'économie nationale et du bien-être du citoyen. Plus la réhabilitation de l'ensemble du secteur des transports et des travaux publics s'inscrit dans les faits et des fondements empiriques, plus il est probable que cette stratégie technique et de modernisation soit appropriée par le plus grand nombre de partenaires, c'est là le désir pressant de M. Talaï. Ce dernier a indirectement mis à l'index une certaine improvisation sous-jacente qui se trouvait essentiellement dans la prise de décisions adéquates par le passé, c'est-à-dire avant sa prise de fonction, le plus souvent pour des motifs qui ne concordent pas avec le rôle du secteur, qui ont conduit le secteur des transports et des Travaux publics sur une chemin de croissance ralentie si le mot est juste et des inégalités disproportionnées. A bien discerner sur les non-dits du ministre, il semblerait qu'il a dressé un inventaire des erreurs commises par son prédécesseur, Amar Ghoul, les remarques en question ont adopté une approche alternative. Elles commencent par les atouts du pays en matière de transport et d'une meilleure modernisation et suggèrent des pistes pour les renforcer. Elles cherchent ensuite à identifier les faiblesses majeures qui doivent être remédiées pour que ledit secteur puisse atteindre son potentiel. C'est dire que la vision moderniste, plus technique de M. Talaï représente une prospective à un objectif final : mettre le secteur des transports et des travaux publics en parallèle avec les transformations effectives que connaît la société algérienne. Cette vision est aussi source d'inspiration à d'autres secteurs. Elle démontre que même dans des circonstances politiques et financières difficiles, une détermination politique, une analyse fondée et empirique peut aider à construire l'économie nationale qui à son tour, peut contribuer à sortir de cette crise, à l'exemple de l'accord à l'amiable obtenu par le ministère des Transports et des Travaux publics entérinant la résiliation du contrat avec l'entreprise Cojal, qui a fait économiser au Trésor public, des dizaines de millions de dollars.