Les cours du pétrole ont fini en hausse jeudi, toujours portés par l'annonce mercredi de la décision de l'Opep de réduire sa production afin de lutter contre la surabondance de l'offre. Le cours du baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine du brut, a gagné 78 cents à 47,83 dollars sur le contrat pour livraison en novembre au New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en novembre, a également progressé, de 55 cents à 49,24 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE). Mercredi, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a pris la décision surprise de ramener sa production à un niveau de 32,5 à 33 millions de barils par jour, contre 33,47 mbj en août, selon l'Agence internationale de l'Energie (AIE). Les cours du pétrole se situent depuis deux ans à des niveaux bas à cause d'une production trop abondante par rapport à la demande. Jeudi, la hausse des cours a toutefois été modérée, de nombreux investisseurs s'interrogeant sur la mise en place concrète de cette décision. "Ce que l'on a appris hier, c'est que les membres de l'Opep se sont mis d'accord pour trouver un accord en novembre. Cela ne signifie pas que quoi que ce soit ait été fait pour l'instant. Ils vont continuer à pomper dans leurs réserves dans les 60 jours qui viennent jusqu'à leur prochaine réunion le 30 novembre", a expliqué Bill Baruch de iiTrader. D'ici là, un comité va notamment être mis en place pour déterminer les niveaux de production applicables à chacun des pays. Cela "suggère que les vraies négociations n'ont pas encore commencé", a jugé David Martin de JPMorgan dans une note. Prudence La même prudence a prévalu parmi les pays industrialisés consommateurs de pétrole. "L'initiative de l'Opep est un développement important pour le marché pétrolier. Il est trop tôt pour dire si cet accord (...) aura un impact sur l'équilibre du marché", a commenté l'Agence internationale de l'énergie (AIE) les représente. L'enthousiasme était également tempéré par les exemptions dont pourraient bénéficier l'Iran et surtout le Nigeria et la Libye. "Cette réduction de la production pourrait à peine suffire à compenser les augmentations de production du Nigeria et de la Libye auxquelles on s'attend et nous serions toujours dans un marché où l'offre est surabondante", a indiqué Andy Lipow. Par ailleurs, les analystes attendaient de voir l'attitude de la Russie et des autres pays producteurs non membres de l'Opep, qui représentent environ 60% de la production de brut mondial. Le ministre russe de l'Energie Alexandre Novak, a salué cet accord qui aiderait à "réduire la volatilité des prix", mais a indiqué que la Russie ne comptait pas produire moins, selon des propos retransmis à la télévision jeudi. En Asie, les cours du pétrole poursuivaient leur hausse dans les échanges matinaux après l'accord surprise des pays de l'Opep pour réduire la production d'or noir. Vers 01H00 GMT, le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en novembre, référence américaine du brut, progressait de 23 cents à 47,29 dollars. Le baril de Brent, référence européenne du brut, également pour livraison en novembre, gagnait 22 cents à 48,91 dollars. Baisse inattendue des stocks de brut US Les stocks de pétrole brut ont baissé de manière inattendue la semaine dernière aux Etats-Unis, selon des chiffres publiés mercredi par le département américain de l'Energie (DoE). Lors de la semaine achevée le 23 septembre, les réserves commerciales de brut ont diminué de 1,9 million de barils à 502,7 millions de barils, alors que les experts interrogés par l'agence Bloomberg tablaient sur une hausse de 3 millions de barils. Les chiffres du DoE viennent en partie confirmer les estimations de la fédération privée American Petroleum Institute (API), qui avait annoncé la veille au soir une baisse plus marquée des réserves de brut. A ce niveau, les réserves américaines de brut s'affichent tout de même en hausse de 9,8% par rapport à la même période en 2015 et restent à des niveaux historiquement élevés, comme le fait remarquer le DoE. Les stocks d'essence ont en revanche augmenté de 2 millions de barils alors que les experts de Bloomberg prévoyaient une hausse de seulement 500 000 barils. Ils restent au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne à cette époque de l'année et s'affichent en hausse de 2,3% par rapport à la même période en 2015. Les réserves de produits distillés (gazole, fioul de chauffage, kérosène, etc.) ont baissé de 1,9 million de barils, contrairement aux attentes des experts de Bloomberg, qui tablaient sur une augmentation de 500 000 barils. Elles progressent toutefois de 7,6% par rapport à l'an dernier et restent également au-dessus de la limite supérieure de la fourchette moyenne à cette période de l'année. Réserves totales stables Toujours surveillée par les analystes, la production américaine a reculé de 15 000 barils par jour (b/j), à 8,497 millions de b/j (mbj). Egalement scrutées, les réserves du terminal pétrolier de Cushing (Oklahoma, sud), qui servent de référence au prix du pétrole échangé à New York, ont reculé de 600 000 barils, à 62,1 millions. Toutes catégories confondues, les stocks américains sont restés stables. Du côté de la demande, sur les quatre dernières semaines, les Etats-Unis ont consommé en moyenne 20 mbj de produits pétroliers, soit 2,7% de plus que l'année précédente à la même époque. Durant la même période, la demande d'essence a monté de 3,6% sur un an, alors que celle de produits distillés a baissé de 6,4%. Les raffineries américaines ont ralenti la cadence, fonctionnant à 90,1% de leurs capacités contre 92,0% la semaine précédente. Après la publication de ces chiffres, le pétrole se montrait volatil, montant brièvement avant de retomber peu après.