La croissance dans la zone euro est restée stable au troisième trimestre, selon des chiffres officiels publiés lundi, une tendance qui pourrait perdurer et inciter la Banque centrale européenne à poursuivre son programme de rachats d'actifs, selon les économistes. De juillet à fin septembre, le produit intérieur brut (PIB) a crû de 0,3% dans les 19 pays ayant adopté la monnaie unique, au même rythme qu'au deuxième trimestre, selon une première estimation de l'Office européen des statistiques Eurostat. Ce chiffre est conforme aux attentes des analystes interrogés par Factset, qui tablaient sur une hausse de 0,3%. En glissement annuel (troisième trimestre 2016 comparé au troisième trimestre 2015), le PIB a enregistré une hausse de 1,6%, en données corrigées des variations saisonnières, progression elle aussi identique à celle du deuxième trimestre. "Le rythme de la croissance reste faible", a constaté Jennifer McKeown, une économiste de Capital Economics. "Des sondages auprès des entreprises suggèrent" qu'elle pourrait "s'accélérer au début du quatrième trimestre, mais nous doutons que ce sera suffisant pour convaincre la BCE de ralentir le rythme de ses rachats d'actifs", a-t-elle ajouté. Une hypothèse d'autant plus probable, selon Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight, que "la BCE va être déçue de voir que l'inflation sous-jacente (plus révélatrice de la tendance car elle ne comprend pas les produits les plus volatils comme l'énergie ou les boissons alcoolisées, ndlr) est seulement restée stable à 0,8% en octobre". Pour lui, "la BCE va décider (...) d'étendre de six mois son programme de rachat d'actifs jusqu'en septembre 2017, voire plus si nécessaire", lors de sa prochaine réunion le 8 décembre. Les rachats d'actifs de la BCE, qui portent notamment sur la dette publique des pays de l'Union monétaire, ont pour but de stimuler l'activité économique en combattant l'inflation par le biais d'injections de liquidités dans le système financier. Inquiétudes sur les perspectives M. Archer s'attend à ce que la croissance dans la zone euro atteigne 0,4%, voire 0,5%, au quatrième trimestre. Le taux de croissance sur l'ensemble de l'année atteindrait ainsi 1,6%. "Mais nous avons des inquiétudes sur les perspectives", ajoute-t-il, estimant qu'il pourrait "redescendre à 1,4% en 2017". Entre autres "incertitudes", il cite les élections présidentielle en France et fédérales en Allemagne, la "vulnérabilité" du gouvernement Renzi en Italie, "le nouveau gouvernement minoritaire espagnol, (qui) va sans doute faire face à des problèmes majeurs" et bien sûr la sortie de l'UE du Royaume-Uni, que la Première ministre Theresa May pourrait lancer en mars. Parmi les pays de la zone euro ayant déjà annoncé leurs prévisions au troisième trimestre, l'Espagne affiche toujours une croissance dynamique, à 0,7%. L'Autriche prévoit une progression de 0,4% et la Lituanie de 0,1%. La France a pour sa part annoncé avoir renoué avec la croissance, avec une hausse de 0,2% du PIB, après le repli inattendu au printemps (-0,1%). Comme dans la zone euro, la croissance est restée stable (+0,4%) dans les 28 pays de l'Union européenne sur cette période, selon Eurostat. Concernant l'inflation, elle a encore légèrement accéléré en octobre, les prix progressant de 0,5% sur un an, a annoncé le statisticien dans une première estimation. Avec ce cinquième mois de hausse consécutif, ce taux, supérieur aux attentes des analystes (0,4%), est à son plus haut niveau depuis juin 2014. Mais il reste très éloigné de l'objectif fixé par la Banque centrale européenne (BCE) d'une inflation de presque 2%, niveau jugé bénéfique à l'activité économique. Les prix de l'énergie continuent de freiner le taux d'inflation même si leur baisse ralentit nettement: -0,9% en octobre sur un an, contre -3% en septembre, -5,6% en août et -6,7% en juillet.