L'inflation est restée stable en décembre en zone euro, décevant les analystes qui tablaient sur une légère accélération et mettant la pression sur la BCE pour qu'elle fasse un nouveau geste de relance. Selon une première estimation de l'Office européen de statistiques Eurostat diffusée mardi, les prix à la consommation ont progressé de 0,2% en décembre, comme en novembre, alors que les analystes interrogés par le fournisseur de services financiers Factset tablaient sur une hausse de 0,3%. Les chiffres de l'inflation en zone euro sont depuis des mois bien inférieurs à l'objectif d'un tout petit peu moins que 2% de la Banque centrale européenne qui s'évertue pourtant à la relancer. Les données de décembre "nous confortent dans notre opinion que la BCE doit adopter une politique plus audacieuse pour ramener l'inflation à un chiffre proche de l'objectif", a estimé Jennifer McKeown, analyste de Capital Economics, dans un commentaire. Fin décembre, l'un des membres du directoire de la BCE, Yves Mersch, avait d'ailleurs souligné que l'institut de Francfort avait "encore des munitions" pour soutenir l'économie de la zone euro. "Nous continuons de penser que la BCE a été trop timide en décembre et va devoir accélérer", a ajouté Mme McKeown. Début décembre, la BCE avait annoncé l'abaissement de l'un de ses taux directeurs et la prolongation de la durée du programme de rachats massifs de dette lancé neuf mois plus tôt, des mesures jugées trop timorées par les investisseurs. Sans surprise, c'est encore la chute des prix de l'énergie en décembre (-5,9%) qui a entraîné à la baisse l'ensemble des prix dans les dix-neuf pays de la zone euro. La pression décline toutefois: en novembre, la baisse était de 7,3%, en octobre de 8,5% et en septembre de 8,9%. Parmi les autres composantes, l'alimentation, l'alcool et le tabac devraient connaître le taux annuel le plus élevé en décembre (+1,2%, comparé à +1,5% novembre), suivis par les services (+1,1%, comparé à +1,2% le mois d'avant) et les biens industriels non énergétiques (+0,5%, stable par rapport à novembre). L'inflation sous-jacente (hors énergie, produits alimentaires, boissons alcoolisées et tabac), plus révélatrice de la tendance, est restée stable, à +0,9% en décembre sur un an, comme en novembre. Les analystes tablaient là aussi sur une légère accélération, à +1,0%. Dans les mois à venir, selon Horward Archer, analyste de IHS Global Insight, "l'inflation devrait progresser très graduellement, notamment en raison d'effets de base et de la reprise en zone euro". En effet, les prix du pétrole étaient tombés très brutalement fin 2014-début 2015, et par conséquent l'écart sur un an devrait se réduire, malgré des prix du pétrole qui ont atteint un plus bas sur onze ans en décembre, a détaillé M. Archer. En outre, relève M. Archer, l'économie devrait continuer à mieux se porter, avec un Produit Intérieur Brut (PIB) attendu en progression de 1,7% en 2016 et 1,8% en 2017, contre 1,5% en en 2015.
Hausse de la croissance du secteur manufacturier Par ailleurs, la croissance du secteur manufacturier de la zone euro s'est accélérée en décembre, a annoncé le cabinet Markit qui publie l'indice PMI. Le PMI manufacturier de la zone euro s'est établi à 53,2 contre 52,8 en novembre. Il atteint son plus haut niveau depuis avril 2014. Lorsqu'il est supérieur à 50 points, cela signifie que l'activité progresse, tandis qu'elle se replie s'il est inférieur à ce seuil. "La reprise du secteur manufacturier de la zone euro continue de gagner en vigueur en cette fin d'année 2015, les taux d'expansion de la production et des nouvelles commandes du quatrième trimestre se redressant par rapport à ceux enregistrés au trimestre précédent", a commenté Chris Williamson, économiste de Markit. "Le secteur devrait donc contribuer de manière significative à la croissance trimestrielle du PIB de la zone de la monnaie unique au dernier trimestre 2015, a-t-il ajouté. Les données de l'enquête suggèrent en outre, sur l'ensemble de l'année 2015, une croissance supérieure à celle observée au cours des trois dernières années". Tous les pays couverts par l'enquête signalent une croissance de la production et de l'emploi. C'est l'Italie qui enregistre de nouveau la plus forte expansion, l'Indice PMI italien atteignant un plus haut de 57 mois: à 55,6. La croissance s'accélère également en Irlande (plus haut de 5 mois à 54,2), en Allemagne (plus haut de 4 mois à 53,2) et en France (plus haut de 21 mois, 51,4). En revanche, l'expansion ralentit aux Pays-Bas (53,4), en Espagne (53,0) et en Autriche (50,6). L'indice PMI grec s'établit quant à lui à 50,2, soit son plus haut de 19 mois.