L'octroi de crédits au secteur privé en zone euro, scruté de près comme un signe avantcoureur de reprise de l'économie, a légèrement accéléré en janvier, avec une hausse de 0,8% sur un an, a annoncé jeudi la BCE. Le chiffre de décembre a lui-même été revu à la hausse, à +0,7%. La BCE avait annoncé dans un premier temps une augmentation sur un an de 0,6%. Corrigée de certaines opérations strictement financi ères, la hausse des crédits ressort légèrement moins vigoureuse en janvier, avec une hausse de 0,6% après +0,4% en décembre et +0,9% en novembre. Ce retraitement donne une meilleure image des prêts effectivement accordés aux ménages et aux entreprises. Dans le détail, l'acc élération de l'octroi de crédits au secteur privé semble avoir été tirée principalement par les prêts aux entreprises, qui affichent en janvier une augmentation de 0,4% sur un an, contre 0% en décembre. Les prêts aux particuliers ont quant à eux progressé de 1,9% sur un an en janvier, un rythme stable par rapport aux deux mois précédents. L'octroi de prêts immobiliers a certes légèrement accéléré mais la hausse des crédits à la consommation a ralenti la cadence. L'évolution du crédit au secteur privé est un indicateur très regardé par la Banque centrale européenne, qui a longtemps considéré que le manque de prêts aux ménages et aux entreprises freinait la reprise économique et la hausse des prix en zone euro. Pour relancer le crédit, l'institution monétaire a depuis deux ans abaissé ses taux directeurs à leurs plus bas niveaux historiques et accorde des prêts géants quasi-gratuits aux banques de la région. Cette action est encore sans grand effet notoire sur les prix. La croissance de la masse monétaire M3 a également accé- léré le rythme en janvier, enregistrant une hausse de 5% après +4,7% en décembre, alors que les analystes interrogés par Factset misaient sur une croissance similaire à celle de décembre. La BCE pourrait annoncer le mois prochain de nouvelles mesures de politique économique, notamment un gonflement du volume de dettes qu'elle rachète sur les marchés tous les mois. En Suisse, le marché du crédit privé reste très actif comme en témoigne les récents résultats de Cembra et l'émergence de nouvelles plateformes de crédit à la consommation telles Credit.ch ou encore Erreur ! Référence de lien hypertexte non valide. du groupe Valora. L'INFLATION A LEGÈREMENT PROGRESSE Le taux d'inflation annuel dans la zone euro s'est établi à 0,3% en janvier, après 0,2% en décembre, selon la deuxième estimation de l'office européen de statistiques Eurostat publiée jeudi. D'après la première estimation publiée le 29 janvier, les prix à la consommation avaient progressé de 0,4% en janvier, soit la plus forte hausse observée depuis 15 mois. Mais la progression des prix continue d'être frein ée par les reculs enregistrés dans le secteur des produits pétroliers. "Les plus forts impacts à la hausse sur le taux d'inflation annuel de la zone euro proviennent des restaurants et cafés (+0,10 point de pourcentage), du tabac ainsi que des fruits (+0,06 point chacun)", explique Eurostat dans un communiqu é. A l'inverse "les carburants pour le transport (-0,28 point), les combustibles liquides (-0,18) et le gaz (-0,11) ont eu les plus forts impacts à la baisse", poursuit l'institut européen. Parmi les 19 pays ayant adopté la monnaie unique, la hausse des prix est particulièrement marqu ée en Belgique (+1,8% en janvier sur un an) et en Autriche (+1,4%). En revanche, l'Espagne (-0,4%) et encore davantage la Slovaquie (-0,6%), la Slovénie (- 0,8%) et Chypre (-1,1%) enregistrent des taux négatifs. France (+0,3%) et Allemagne (+0,4%) sont globalement dans la moyenne. Dans l'ensemble de l'UE (28 pays), l'inflation s'est établie à 0,2% en janvier, un taux inchangé par rapport à décembre. Un an auparavant le taux était de -0,5%, fait remarquer Eurostat. Ce chiffre de janvier légèrement révisé à la baisse pour la zone euro "renforce la pression" sur la Banque centrale européenne (BCE), qui devrait prendre "davantage de mesures de stimulation" de l'économie, lors de sa réunion du 10 mars, a commenté Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight. Mario Draghi, président de la BCE, a récemment promis que son institution étudierait à nouveau l'état de sa politique monétaire à l'occasion de la prochaine réunion de son conseil des gouverneurs, le 10 mars, alimentant les spéculations autour d'une nouvelle intervention d'envergure. Confrontée à une inflation toujours faible en zone euro, la BCE avait déjà décidé début décembre de prolonger de six mois son programme de rachat de dettes lancé en mars 2015, le "QE", et d'abaisser l'un de ses taux directeurs.