La banque centrale américaine (Fed) a laissé mercredi les taux d'intérêt inchangés à moins d'une semaine de l'élection présidentielle, comme s'y attendaient les marchés. Sans surprise avant le scrutin très disputé de mardi, le Comité monétaire (FOMC) a préféré se faire discret et a maintenu le taux interbancaire au jour le jour dans la fourchette de 0,25% à 0,50%. Dans le communiqué, le Comité donne peu d'indice sur une hausse possible des taux en décembre mais se montre nettement plus confiant sur une remontée de l'inflation. Deux membres du Comité, Esther George de la Fed Kansas City et Loretta Mester, de celle de Cleveland, ont voté contre ce statu quo sur les taux, comme elles l'avaient fait lors de la précédente réunion. Elles auraient préféré qu'ils soient relevés dès maintenant. Mais Eric Rosengren (Boston), qui était favorable à une hausse des taux lors de la dernière réunion de septembre, s'est rangé dans le camp de la majorité cette fois-ci. Les analystes qui s'attendaient à ce que la Banque centrale donne un signal clair qu'elle entend appliquer un tour de vis monétaire les 13 et 14 décembre lors de la dernière réunion monétaire de l'année ont été déçus de ce côté-là. "L'indication sur une possible hausse des taux le mois prochain est moins forte que beaucoup l'auraient souhaitée", a commenté Omer Esiner, analyste pour Commonwealth Foreign Exchange. Le FOMC a préféré en effet amender légèrement la formule qu'il avait adoptée en septembre en disant que les arguments en faveur d'une hausse des taux "ont continué" de se renforcer mais qu'il préfère "pour le moment", attendre "davantage de preuves de progrès vers ses objectifs".
L'inflation progresse Fait nouveau néanmoins, qui peut être interprété comme l'annonce d'un prochain resserrement du crédit, la Fed ne s'est jamais montrée aussi confiante sur une remontée de l'inflation qu'elle souhaiterait voir atteindre 2%. "L'inflation va remonter vers 2% à moyen terme" après la dissipation des effets transitoires du recul des prix de l'énergie, assure la banque centrale. Elle se situe actuellement à 1,2% sur un an, son plus haut niveau en presque deux ans, selon l'indice PCE. La Fed dresse un portrait relativement optimiste de l'économie mentionnant que la croissance s'est "accélérée" depuis le premier semestre, alors que l'expansion a atteint 2,9% au 3e trimestre. Les dépenses des ménages, moteur de la première économie mondiale, ont augmenté "modérément" mais les investissements des entreprises "demeurent faibles". Les risques pour les perspectives économiques sont "dans l'ensemble équilibrés", assure la banque centrale qui affirme continuer à surveiller les développements économiques et financiers mondiaux. Le Communiqué omet avec précaution de faire mention de l'imminence du scrutin présidentiel qui à l'approche du 8 novembre devient de plus en plus incertain. "L'incertitude est un risque associé à toute élection, et peut-être plus particulièrement à celle-ci", a affirmé Tim Duy, professeur d'économie à l'Université d'Oregon. Cet expert anticipait ce silence de la Fed car la banque centrale "a tendance à éviter de relever les taux en période d'incertitude". La majorité des participants au Comité avaient clairement dit en septembre qu'ils envisageaient un relèvement des taux avant la fin de l'année. Cela pourrait en conséquence intervenir lors de la prochaine réunion de décembre. Cette patience de la banque centrale va lui permettre de disposer encore de deux rapports sur l'emploi pour octobre et novembre, avant décider de renchérir progressivement le coût du crédit pour éviter une surchauffe de l'économie. La promotion de l'emploi est un des deux mandats que poursuit la Fed centrale avec la stabilité des prix. Vendredi, le gouvernement doit publier les chiffres officiels du marché du travail pour octobre. Les analystes s'attendent à des créations d'emplois soutenues à 175.000 contre 156.000 pour septembre et à un léger retrait du taux de chômage à 4,9%. Pourtant, l'enquête mensuelle ADP pour le secteur privé seul, est moins optimiste: elle a relevé 147.000 nouvelles embauches contre 202.000 le mois d'avant.