La banque centrale américaine (Fed) a réaffirmé mercredi qu'elle ferait preuve de "patience" avant de normaliser sa politique monétaire tout en laissant entendre que la croissance "solide" de l'économie pourrait l'amener à relever ses taux cette année. Comme attendu, le Comité de politique monétaire (FOMC) de la Fed a maintenu ses taux directeurs entre 0 et 0,25%, les laissant au même niveau que depuis 2008 afin de continuer à soutenir l'activité. Sous le regard inquiet des marchés, la Fed a redit qu'elle prendrait son temps avant de lever progressivement le pied sur sa politique de l'argent facile. "Le Comité juge qu'il peut être patient avant de commencer à normaliser sa politique monétaire", redit le communiqué du FOMC. Mais le Comité prend également acte de la nette amélioration de la conjoncture de l'économie américaine, pointant un rythme de croissance "solide" alors qu'elle le jugeait jusqu'ici "modéré". La Réserve fédérale a d'ailleurs abandonné toute référence à la "période de temps considérable" durant laquelle elle maintiendra son statu quo monétaire. Traduction, selon les experts: la hausse des taux --la première depuis 2006-- n'est pas pour tout de suite mais elle pourrait ne pas tarder. "En un mot, la porte est toujours ouverte à une hausse des taux en juin", résumait Ian Shepherdson, économiste en chef pour Pantheon Macroeconomics. Wall Street, qui a tant profité de la politique des taux bas, a marqué le coup mercredi voyant le Dow Jones s'affaisser de plus de 1%. "S'il y en avait qui pensaient que la Fed se préparait à retarder la remontée des taux à l'image de ses institutions soeurs à l'étranger, le communiqué d'aujourd'hui apporte la démonstration retentissante qu'il n'en est rien", a affirmé Paul Edelstein, économiste pour IHS Global Insight, évoquant les initiatives ultra-accommodantes de la Banque centrale européenne ou de la Banque centrale du Canada notamment. Le rythme de croissance de l'économie américaine a atteint un sommet en 11 ans au 3e trimestre, à 5% en rythme annualisé. Il devrait ralentir autour de 3,2% au dernier trimestre, selon les analystes. Une première estimation de la croissance au 4e trimestre sera connue vendredi. La Fed signale aussi les "fortes créations d'emplois", qu'elle qualifiait jusqu'ici de "solides". A 5,6%, le taux de chômage est au plus bas depuis juin 2008. Le FOMC note également que "le récent déclin des prix de l'énergie a dopé le pouvoir d'achat des ménages". A l'heure d'une chute des cours mondiaux du pétrole et d'un net raffermissement du dollar, qui rend les importations encore meilleur marché, le Comité a les yeux braqués sur l'inflation qu'il dit "surveiller de près".
L'inflation baissera à court terme Fait nouveau, la Fed reconnaît que l'inflation risque de baisser davantage dans les mois à venir mais le Comité mise sur une remontée des prix autour de 2% à moyen terme une fois que les effets "provisoires" des bas coûts de l'énergie vont se dissiper. L'inflation se situe actuellement à 1,2% en rythme annuel, selon l'indice PCE. "Rien dans le communiqué ne suggère que la baisse des prix de l'énergie va empêcher la Fed de relever ses taux cette année", soulignait Paul Ashworth, de Capital Economics qui se trouve conforté dans l'idée que la banque centrale relèvera ses taux en juin. Les membres du FOMC affirment aussi porter attention aux "développements internationaux". Pour Ian Shepherdson, "c'est une formule fourre-tout qui couvre le cas où la Grèce implose", alors que le nouveau gouvernement d'Athènes veut renégocier sa dette et crée l'incertitude. Mercredi il n'y avait pas de conférence de presse prévue pour la présidente, Janet Yellen, qui terminait, avec cette réunion, sa première année à la tête de la banque centrale. Contrairement à la précédente réunion, le message d'orientation monétaire du FOMC a été approuvé à l'unanimité. Cela reflète les changements dans la composition du Comité qui a accueilli de nouveaux membres cette année, aux positions moins tranchées que les trois dissidents de la dernière réunion.
Les inscriptions hebdomadaires au chômage au plus bas Les inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis ont chuté bien plus que prévu pour tomber à leur plus bas niveau depuis avril 2000, selon les chiffres publiés jeudi par le département du Travail. Le ministère a recensé le dépôt de 265 000 nouvelles allocations-chômage pendant la semaine close le 24 janvier, marquant un plongeon de 14,0% par rapport à la semaine précédente et enregistrant leur plus fort recul hebdomadaire depuis novembre 2012. Dans leur prévision médiane, les analystes se montraient bien plus modérés et tablaient sur un léger affaissement de 2,0%. Sur un an, les inscriptions hebdomadaires ont reculé encore plus nettement, en cédant 20,7%, selon les données officielles. La moyenne sur quatre semaines s'est, elle, établie à 298'500, en baisse de 2,7% par rapport à la semaine précédente. Le ministère ne donnait "pas de facteur particulier" pour expliquer ce nouveau signe de l'amélioration du marché du travail aux Etats-Unis. Le taux de chômage américain a reculé en décembre à 5,6% contre 5,8% le mois d'avant, touchant son plus bas niveau depuis juin 2008.