Les Bourses européennes, à l'exception notable de Francfort, ont reculé vendredi sous l'effet de prises de bénéfices, dans un marché toujours dans le doute quant aux projets économiques du président élu américain Donald Trump. "Il y a des prises de bénéfices assez logiques sur les secteurs qui ont beaucoup monté ces dernières séances, notamment les financières", dans le sillage de la victoire de M. Trump, a expliqué Daniel Larrouturou, directeur général délégué de Diamant Bleu Gestion. Par ailleurs, il existe "une inquiétude sur la remontée des taux d'intérêt. En Europe, une remontée des taux serait un frein à la croissance qui est beaucoup moins vigoureuse qu'aux Etats-Unis", a-t-il ajouté. L'Eurostoxx 50 a cédé 0,54% A Paris, le CAC 40 a cédé 0,92% à 4.489,27 points. SFR a gagné 2,37% à 23,71 euros dans le sillage d'une publication trimestrielle bien accueillie. Euro Disney (-1,75% à 1,12 euro) a pâti de l'annonce de pertes record en 2015/2016. Les bancaires ont fini en ordre dispersé, Société Générale (-1,03% à 39,79 euros) et BNP Paribas (-1,19% à 54,75 euros) étant mal orientés tandis que Crédit Agricole gagnait 0,90% à 10,69 euros. Les titres liés au secteur pétrolier et parapétrolier ont fini dans le rouge, à l'instar de Total (-2,62% à 42,45 euros), CGG (-1,11% à 15,16 euros) ou Technip (-1,79% à 62,93 euros). La Bourse de Londres a chuté de 1,43%, l'indice FTSE terminant à 6.730,43 points. Le groupe de luxe Burberry a perdu 3,19% à 1.395,00 pence et le motoriste Rolls-Royce 3,89% à 740,50 pence. Les compagnies minières ont souffert de prises de bénéfices, avec BHP Billiton (-2,80% à 1.299,50 pence), Anglo American (-2,38% à 1.148,50 pence) et Rio Tinto (-2,49% à 3.069,00 pence). Les spécialistes des métaux précieux ont subi la baisse des cours de l'or. Fresnillo a perdu 8,95% à 1.435,00 pence et Randgold 6,73% à 5.955,00 pence. Idem pour les pétrolières, affectées par la baisse des cours du baril: Royal Dutch Shell (action "B") a lâché 4,57% à 2.038,00 pence et BP 3,02% à 435,35 pence. A contre-courant, à Francfort, le Dax a gagné 0,36% à 10.667,95 points, mais le MDax des valeurs moyennes a reculé de 0,47% à 20.381,26 points. Allianz, après des résultats trimestriels meilleurs que prévu, a avancé de 1,38% à 150,80 euros. Les valeurs automobiles restaient bien orientées. BMW a grimpé de 4,34% à 80,11 euros. Volkswagen et Daimler ont gagné 2,40% à 117,50 euros et 1,70% à 64,77 euros. Deutsche Bank a signé la meilleure performance de la séance (+4,57% à 14,75 euros). Mais l'action a perdu plus de 34% depuis le début de l'année. La plus forte baisse a été subie par HeidelbergCement (-4,36% à 87,12 euros), victime d'un abaissement de sa recommandation. La Bourse de Milan a terminé stable, l'indice FTSE Mib ne gagnant que 0,04% à 16.812 points. Parmi les gagnants de la journée, la banque UBI Banca a bondi de 8,32% à 2,50 euros et l'assureur Unipol a gagné 7,40% à 2,93 euros, devant le groupe Fiat Chrysler Automobile (+5,63% à 7,135 euros). Du côté des baisses, le spécialiste des câbles d'énergie Prysmian fermait la marche, abandonnant 4,19% à 22,19 euros. Le cimentier Buzzi Unicem (-2,64% à 19,20 euros) et la banque Banca Monte dei Paschi di Siena (BCA MPS) (-2,64% également, à 0,2512 euros) figuraient aussi en bas de tableau. La Bourse de Madrid a baissé de 1,34% à 8.639,20 points. La première banque espagnole Banco Santander a perdu 4,04% à 4,25 euros, tandis que BBVA, très exposée au Mexique, a reculé de 2,28% à 5,91 euros. En revanche, Bankia a gagné 3,66% à 0,88 euros. L'opérateur télécoms Telefonica a perdu 2,70% à 8,35 euros, et le groupe énergétique Tecnicas Reunidas reculé de 4,87% à 32,10 euros. Le fabricant d'éoliennes Gamesa s'est envolé de 6% à 18,65 euros, après l'annonce jeudi soir d'une forte hausse de son bénéfice net au troisième trimestre. En Suisse, l'indice SMI a perdu 0,61% à 7.880,29 points. Après leurs avancées des derniers jours, les bancaires sont restées dans le vert avec Credit Suisse (+1,47% à 13,83 CHF), suivi par UBS (+1,11% à 15,43 CHF), les investisseurs espérant un assouplissement de la régulation du secteur financier aux Etats-Unis. Les valeurs du luxe ont évolué de façon dispersée. Swatch (+1,15% à 299 CHF) est resté dans le vert alors que Richemont (-0,68% à 66,15 CHF) a inversé la tendance positive de la matinée. Le leader du ciment LafargeHolcim a perdu 3,60% à 54,90 CHF. A Amsterdam, l'indice AEX a clôturé en baisse de 1,02% à 445,41 points. A la baisse, Shell a perdu 3,57% à 22,66 euros tandis qu'à la hausse, le groupe de distribution Ahold Delhaize a gagné 2,59% à 20,21 euros. L'indice PSI 20 de la Bourse de Lisbonne a clôturé en baisse de 0,91% à 4.376,94 points, plombé par ses valeurs énergétiques. Le groupe pétrolier et gazier Galp Energia a chuté de 2,86% à 11,54 euros et l'électricien EDP a reculé de 1,07% à 2,67 euros. En recul aussi : l'opérateur de télécommunications NOS (-2,19% à 5,62 euros) et le groupe de grande distribution Jeronimo Martins (-1,29% à 14,88 euros). Vedette de la séance, la banque BCP a bondi de 4,97% à 1,24 euro tandis que sa concurrente BPI a cédé 0,18% à 1,13 euro. La Bourse de Bruxelles a fini quasi inchangée, l'indice Bel-20 des principales valeurs vedettes terminant à 3.491,41 points (+0,01%). Plus forte hausse, la holding Ackermans a chuté de 2,78% à 125,55 euros. Une autre holding, GBL, fermait la marche (-0,37% à 75 euros). Le marché de la dette poursuit son ascension Les taux d'emprunt sur le marché de la dette en zone euro ont poursuivi vendredi l'ascension entamée peu de temps après l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis, synonyme pour les investisseurs d'une potentielle remontée de l'inflation. Les marchés anticipent "la possibilité d'une politique budgétaire très expansionniste aux Etats-Unis, qui pourrait nourrir la croissance et entraîner une hausse de l'inflation", ce qui se traduit par une remontée des taux, décryptent dans une note les stratégistes obligataires de BNP Paribas. A 18H00 (17H00 GMT), le taux à 10 ans de la dette allemande a progressé à 0,308% après avoir touché un point haut à 0,345%, renouant avec ses niveaux de début février, contre 0,274% jeudi à la clôture. Le taux du fameux "Bund" allemand, valeur refuge par excellence, s'éloignait ainsi nettement du territoire négatif dans lequel il avait plongé en juin. Cette remontée des taux en Europe suit la route tracée par le marché de la dette américaine dans la foulée du scrutin présidentiel, après un mouvement initial de baisse. La Fed était restée muette sur les taux lors de sa réunion du mois de novembre, précédant de quelques jours la présidentielle américaine. Si les titres de dettes en zone euro bénéficient encore du programme de rachats d'actifs de la Banque centrale européenne (BCE), comme le relève BNP Paribas, "la faiblesse de l'euro/dollar pourrait, si elle est accompagnée par un léger rebond de l'inflation, alléger la pression sur la BCE, qui n'aurait pas besoin d'être plus accommodante". En conséquence, les taux d'emprunt des pays du sud de l'Europe, jugés plus risqués, pourraient être soumis à une "légère pression". Dans ce contexte, l'ensemble des principales dettes de la zone euro étaient entraînées dans ce mouvement de tension et particulièrement celles des pays du Sud. Le taux d'emprunt à 10 ans de la France est monté à 0,748% contre 0,678% la veille, celui de l'Italie s'inscrivant à 2,020% contre 1,897%. Il est ainsi repassé au-dessus des 2% pour la première fois depuis septembre 2015. Celui de l'Espagne a grimpé à 1,474% contre 1,390%. Enfin, en dehors de la zone euro, le taux d'emprunt à 10 ans du Royaume-Uni a terminé la séance à 1,364% contre 1,342% la veille. Le marché obligataire était fermé aux Etats-Unis en raison du jour férié du 11 novembre. Places boursières et devises latino-américaines en forte chute Les places boursières mexicaine, brésilienne et argentine ont chuté pour la seconde journée d'affilée jeudi, réagissant toujours négativement, comme leurs devises nationales respectives, à l'élection du républicain Donald Trump à la présidence des Etats-Unis mercredi. -4,57% pour la Bourse de Mexico, -3,5% pour celle de Sao Paulo, -4,66% pour la place de Buenos Aires: le mouvement de baisse était général à travers les principaux marchés boursiers latino-américains, toujours sous le coup de la victoire de Donald Trump face à la démocrate Hillary Clinton. Du côté des devises l'évolution était la même, et notamment pour le peso mexicain, en baisse de 2,88% encore jeudi face au dollar, après une dégringolade de 7,18% mercredi. La devise mexicaine souffre des menaces du candidat Trump contre l'économie du pays, et notamment de la volonté affichée par le milliardaire américain durant sa campagne de remettre en cause le traité de libre-échange (Alena) entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada. Le real brésilien a lui perdu 4,43% jeudi face au billet vert, après une baisse de 1,37% mercredi. De son côté le peso argentin a cédé 0,59% face au dollar.