Les Bourses européennes ont terminé en baisse jeudi, reprenant leurs esprits au lendemain d'une séance rendue fiévreuse par l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis, les investisseurs procédant à quelques prises de bénéfices. Il y a la "volonté de reprendre son souffle et de calmer le jeu après la hausse assez exceptionnelle d'hier", a souligné Andrea Tuéni, un analyste de Saxo Banque. Le secteur financier était toutefois globalement à la hausse, profitant de la forte remontée des taux d'emprunt sur le marché de la dette souveraine. L'Eurostoxx 50 a reculé de 0,32% l'indice FTSE-100 de la Bourse de Londres a cédé 1,21% à 6.827,98 points. Pour Jasper Lawler, analyste chez CMC Markets, "le FTSE-100 a effacé ses gains (de début de séance) en raison d'une baisse en fin de séance du secteur énergétique". National Grid a chuté (-6,13% à 943,90 pence) après l'annonce d'une forte baisse de ses bénéfices au premier semestre. AstraZeneca a perdu 3,74% à 4.404,50 pence après avoir annoncé une nette baisse de son chiffre d'affaires et de son bénéfice avant impôt au troisième trimestre. Dans son sillage, GSK a perdu 1,63% à 1.573,50 pence et Hikma Pharmaceuticals 3,97% à 1.694,00 pence. Barclays a grimpé de 4,25% à 201,10 pence et RBS de 5,41% à 202,70 pence. Prudential a pris 7,40% à 1.531,00 pence, après avoir annoncé la vente de sa filiale d'assurance-vie en Corée du Sud. Les spécialistes de l'or, qui avaient profité la veille de la forte progression des cours du métal jaune, ont subi un retour de bâton, en raison de prises de bénéfices, à l'instar de Randgold (-10,26% à 6.385,00 pence) et Fresnillo (-11,01% à 1.576,00 pence). L'indice CAC 40 de la Bourse de Paris a reculé de 0,28% à 4.530,95 points, tempérant ses ardeurs après avoir frôlé ses plus hauts de l'année en séance. Société Générale a progressé de 3,42% à 40,21 euros et BNP Paribas de 1,11% à 55,41 euros. Vivendi a bondi (+8,99% à 19,70 euros) après être repassé dans le vert au troisième trimestre. Legrand a gagné 4,48% à 53,88 euros grâce au relèvement de ses objectifs d'activité et de marge pour 2016. Carrefour a cédé 4,64% à 22,48 euros alors que le ministère de l'Economie a annoncé l'avoir assigné devant le tribunal de commerce de Paris "pour des pratiques commerciales abusives" dans le cadre des négociations annuelles avec ses fournisseurs. Engie a chuté de 7,65% à 11,78 euros, pâtissant de résultats globalement en baisse sur neuf mois. A Francfort, l'indice Dax s'est replié de 0,15% à 10.630,12 points. Deutsche Bank a terminé en tête (+5,58%, à 14,11 euros), tandis que sa rivale Commerzbank a pris 3,78%, à 6,64 euros. Allianz a terminé en hausse de 2,23%, à 148,75 euros. Le réassureur Munich Re a gagné lui 1,63%, à 177,90 euros. Siemens était très recherché (+4,59%, à 109,30 euros), après avoir annoncé un exercice 2016 meilleur que prévu et un projet de mise en Bourse de ses activités d'équipements médicaux. Lufthansa a gagné 1,18% à 12,46 euros. Fresenius, qui avait bondi de plus de 7% la veille, a cédé 4,80%, à 73,66 euros. Continental a abandonné 5,21%, à 160,10 euros. La Bourse de Madrid a perdu 1,63% à 8.756,80 points. Enagas a ainsi perdu 5,33% à 23,69 euros. Dans les télécoms, Cellnex Telecom SA a perdu 6,23% à 13,03 euros. Aena (aéroports) a également fortement chuté (-4,78% à 124,45 euros), tout comme Amadeus, le géant des réservations en ligne (-4,27% à 40,29 euros). Gamesa, géant de l'éolien, a de nouveau chuté (-4,35% à 17,59 euros) après une mauvaise journée la veille motivée par l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis, fervent défenseur des énergies fossiles. Les banques étaient globalement neutres, à l'exception de Bankia, qui a gagné 4,18% à 0,85 euros. A Milan l'indice FTSE Mib était quasi stable (+0,03% à 16.805 points) même si certains de ses titres ont connu une séance agitée. Dans la catégorie positive, Fiat Chrysler Automobile, affecté mercredi par l'élection de Donald Trump, a rebondi de 7,82% à 6,755 euros. Les banques Banco Popolare Milano et Banco Popolare, qui vont fusionner, ont gagné respectivement 5,77% à 0,361 euro et 5,66% à 2,278 euros et la société de services financiers Azimut a encore pris 5,53% à 16,59 euros. Mauvaise journée en revanche pour les fournisseurs d'énergie A2A (-5,13% à 1,129 euro) et Snam (-4,96% à 3,564 euros), ainsi que pour le groupe de spiritueux Campari (-4,80% à 8,435 euros). L'indice AEX de la Bourse d'Amsterdam a cédé 0,96% à 450,01 points. Le groupe néerlandais des télécommunications KPN a chuté de 5,16% à 2,72 euros tandis que l'assureur néerlandais Aegon a grimpé de 13,32% à 4,65 euros après avoir renoué avec les bénéfices au troisième trimestre 2016. La Bourse de Lisbonne a cédé 1,74% à 4.417,17 points, sous l'effet de la contre-performance des titres énergétiques. Le groupe Energias de Portugal (EDP) a ainsi chuté de 4,96% à 2,70 euros et sa filiale dans les renouvelables EDP Renovaveis de 5,82% à 5,73 euros. Galp Energia a baissé de 0,54% à 11,88 euros. Parmi les perdants figurait également le groupe de grande distribution Jeronimo Martins (-3,33% à 15,07 euros). A l'inverse, la banque BCP a progressé de 2,35% à 1,18 euro, tandis que sa concurrente BPI a grignoté 0,09% à 1,13 euro. L'indice Bel-20 de la Bourse de Bruxelles a baissé de 1,35% à 3.491,05 points. Le groupe postal belge bpost a affiché la plus piètre performance: -8,14% à 21,40 euros. Seules huit valeurs vedettes ont fini dans le vert, dont l'assureur Ageas (+4,50% à 34,03 euros). Wall Street signe un record Le Dow Jones (+1,17%) a battu un record jeudi à Wall Street, au surlendemain de l'élection inattendue de Donald Trump à la présidence, mais la Bourse a enregistré des performances très contrastées comme en témoigne une baisse du Nasdaq (-0,81%). Selon les résultats définitifs, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a gagné 218,19 points à 18.807,88 points, un niveau jamais vu à la clôture, mais le Nasdaq, à dominante technologique, a perdu 42,28 points à 5.208,80 points. Quant à l'indice élargi S&P 500, souvent jugé comme le plus représentatif du marché américain, il a évolué autour de l'équilibre, gagnant finalement 4,22 points, soit 0,20%, à 2.167,48 points. "Tout le monde est étonné que la Bourse soit si en forme depuis deux jours", a résumé Bill Lynch, de Hinsdale Associates. "Je pensais vraiment qu'elle allait baisser face aux incertitudes que représente une présidence de Donald Trump... Mais c'est l'inverse qui s'est produit." Alors qu'elle semblait depuis des mois privilégier l'idée d'une victoire de la démocrate Hillary Clinton, présentée comme un garant de stabilité, Wall Street a vite semblé prendre son parti de la victoire de M. Trump, à l'issue du scrutin de mardi. Parallèlement, le marché obligataire, considéré comme une valeur refuge, s'est effondré et baissait encore jeudi, le rendement des bons du Trésor à 10 ans montant à 2,136% contre 2,070% mercredi soir, et celui des bons à 30 ans à 2,950%, contre 2,862% précédemment. D'ores et déjà, même si les investisseurs semblent désireux de se concentrer sur les aspects perçus comme favorables du programme de M. Trump, notamment un plan de relance des infrastructures et de vastes baisses d'impôts, certains secteurs pâtissent du résultat de l'élection, en particulier les technologies. Le Nasdaq, dans le vert à l'ouverture, a même brièvement perdu plus de 2%. "Les entreprises technologiques ont été les grandes bénéficiaires de la mondialisation", a rappelé Jack Ablin de BMO Private Bank, expliquant que le protectionnisme affiché de M. Trump les toucherait plus particulièrement. Autre raison à leur déprime, beaucoup de groupes du secteur comme Apple (-2,81% à 107,76 dollars) et Amazon (-3,84% à 742,25 dollars) avaient enregistré de bonnes performances ces derniers mois, ce qui pousse les investisseurs à prendre leurs bénéfices pour les rediriger vers les bénéficiaires supposés d'une présidence Trump, comme les banques ou les infrastructures. Shake Shack bondit Les valeurs étaient animées par le secteur de la distribution, avec plusieurs résultats, comme ceux de la chaîne de magasins Kohl's qui a pris 11,53% à 50,97 dollars après avoir fait monter son bénéfice net au dernier trimestre. Les grands magasins Macy's ont gagné 5,60% à 40,53 dollars après avoir relevé leurs prévisions de ventes malgré une chute de leur bénéfice net trimestriel. La marque de vêtements Ralph Lauren a avancé de 4,02% à 106,26 dollars, après avoir maintenu ses prévisions annuelles malgré une baisse de ses ventes et bénéfices trimestriel. Parmi les autres résultats, la chaîne de fast-food Shake Shack, qui a considérablement augmenté son chiffre d'affaires au dernier trimestre et aussi fait progresser ses bénéfices, a bondi de 10,67% à 36,81 dollars. Le réseau social Twitter a perdu 3,97% à 18,37 dollars après l'annonce du départ d'un de ses dirigeants clés, le directeur d'exploitation Adam Bain, bras droit du patron-fondateur Jack Dorsey. Le groupe pétrolier ConocoPhillips qui a fait part de son intention de céder des actifs aux Etats-Unis pour un montant de 5 à 8 milliards d'actifs dans les prochaines années, a reculé de 2,08% à 44,78 dollars.