Une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies en visite en République démocratique du Congo a appelé avant-hier à Kinshasa à une transition pacifique vers une élection apaisée dans ce pays divisé sur le report de la prochaine présidentielle. Les représentants des 15 pays membres du Conseil de sécurité ont échangé samedi, au deuxième jour de leur visite avec le président congolais Joseph Kabila, les acteurs politiques de la majorité et de l'opposition, les évêques catholiques et autres acteurs de la société civile. Tout le monde veut un consensus sur la recherche d'une solution politique reposant sur le respect de la constitution, a déclaré dans la soirée l'ambassadeur de France auprès des Nations unies, François Delattre, lors d'une conférence de presse. L'éventualité d'un changement de la Constitution pour permettre à M. Kabila de briguer un nouveau mandat n'a pas été pris comme possibilité de sortie de crise, a ajouté l'ambassadeur d'Angola à l'ONU, Ismael Abraao. Il n'est pas question de troisième mandat pour le président Kabila, a-t-il dit. Plus tôt dans la journée, M. Delattre avait indiqué que lors de la rencontre avec M. Kabila, la délégation a rappelé que la RDC est à un moment charnière de son histoire, une transition pacifique doit conduire à des élections apaisées. Il revient aux forces vives de maintenir le pays sur le chemin de la paix, avait appelé le diplomate français. Vendredi, l'ONG Human Rights Watch (HRW) avait appelé cette délégation à dénoncer la répression politique en RDC pour éviter une crise de large envergure. La RDC traverse une crise politique profonde depuis la réélection du président Kabila en 2011 au terme d'un scrutin contesté. La crise a été aggravée par le report à avril 2018 de la présidentielle qui devait se tenir avant la fin 2016. Ce renvoi a été décidé en octobre dernier par la majorité présidentielle et une frange minoritaire de l'opposition. La majeure partie de l'opposition a rejeté cet accord issu d'un dialogue national et plaide pour la tenue du scrutin en 2017. Le président Kabila a invité la délégation à écouter les Congolais et à les aider à trouver une solution telle que les Congolais le conçoivent, a déclaré le porte-parole du gouvernement Lambert Mende. L'accord du 18 octobre doit être considéré comme le socle, le point de départ, la pierre angulaire vers laquelle la communauté internationale doit agir pour ramener tout le monde a un compromis, a-t-il ajouté. Les membres du Conseil de sécurité doivent rencontrer plusieurs acteurs de la société congolaise à Kinshasa et dans l'est du pays. M. Kabila est au pouvoir depuis 2001 et son mandat expire le 20 décembre. La Constitution lui interdit de se représenter mais le chef de l'état est resté silencieux sur ses intentions et son avenir politique. Ses détracteurs craignent qu'il ne cherche à s'accrocher au pouvoir ou brigue un nouveau mandat. Depuis janvier 2015, l'opposition et les mouvements citoyens congolais ont multiplié les manifestations contre M. Kabila pour exiger son départ à la fin de son mandat, le 20 décembre, et la tenue de la présidentielle avant cette date, ce qui est aujourd'hui impossible.