La crise politique née de l'apparente volonté du président Joseph Kabila de rester à la tête de la République démocratique du Congo est susceptible de dégénérer en violences de masse dans le pays, a prévenu mardi soir l'envoyé spécial des Nations unies. «La République démocratique du Congo est entrée dans une période extrêmement risquée pour sa stabilité», a déclaré Maman Sambo Sidikou devant le Conseil de sécurité, ajoutant qu'il n'y avait «pas de solution immédiate en vue» à la crise. Toutes les parties semblent «de plus en plus vouloir recourir à la violence» et les perspectives de négociations politiques s'amenuisent. «Si l'on continue dans cette trajectoire je pense que des violences à grande échelle sont inévitables», a poursuivi M. Sidikou. Une série d'affrontements meurtriers s'est produite en septembre dans la capitale Kinshasa, quand des manifestations de l'opposition demandant la démission de M.Kabila ont été réprimées par la police. Au moins 49 civils ont été tués, 38 par arme à feu et les autres brûlés vifs ou à coups de machette, a encore dit M. Sidikou. La mission de l'ONU sur place avait noté l'implication de la garde présidentielle de Joseph Kabila dans ces violences, mais des «acteurs non étatiques» étaient aussi en cause. M. Sidikou, qui est aussi à la tête de la mission de maintien de la paix en RDC (Monusco), qui compte 22.000 hommes, a prévenu que celle-ci serait dans l'impossibilité de garantir la protection des civils si le pays tombe dans le chaos. De nouveaux rassemblements sont prévus le 19 octobre et M. Sidikou a appelé les Nations unies et les acteurs régionaux à favoriser le dialogue. La RDC traverse une crise politique profonde depuis la réélection contestée de M.Kabila en 2011 à l'issue d'un scrutin entaché par des fraudes massives. Le mandat de M.Kabila, au pouvoir depuis 2001, arrive à son terme le 20 décembre. La Constitution lui interdit de se représenter, mais le chef de l'Etat ne donne aucun signe de vouloir quitter son poste alors que le scrutin présidentiel apparaît désormais impossible à organiser dans les temps. L'ambassadeur congolais à l'ONU Ignace Gata Mavita a lui décrit devant le Conseil de sécurité les manifestations de septembre comme «une véritable insurrection», accusant les manifestants d'avoir «violé et tué une fillette de 12 ans qui allait à l'école».