Les cours du pétrole rebondissaient hier matin en Asie, portés par des espoirs renouvelés quant à un accord sur une limitation de la production d'or noir à l'Opep. Vers 03h30 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en décembre, gagnait 82 cents à 44,15 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en janvier, gagnait 74 cents à 45,17 dollars. Les cours avaient plongé en séance lundi, victimes de la force du dollar et des incertitudes sur l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Le cartel avait annoncé fin septembre un accord de limitation de la production mais celui-ci doit encore être concrétisé lors d'un sommet à Vienne fin novembre. Selon les analystes, les investisseurs ont été encouragés par des informations selon lesquelles le Qatar, l'Algérie et le Venezuela poussent à la roue pour limiter l'offre d'or noir alors que le marché est plombé par surabondance depuis 2014. "Le pétrole a réussi à se reprendre face au dollar tout puissant", a commenté Jeffrey Halley, analyste chez OANDA. "Il y a eu des bruits selon lesquels les diplomates de l'Opep s'agitaient frénétiquement en coulisses pour tenter de boucler un accord pour le 30 novembre". Toutefois, pour Alex Furber chez CMC Markets, "les perspectives à long terme continuent d'être quelque peu baissières, car si le ministre saoudien du Pétrole continue de souligner l'importance d'un accord, la production de l'Opep continue d'atteindre des niveaux record". Le plus bas depuis l'été La veille, les cours pétroliers ont légèrement baissé à l'issue d'une séance agitée pendant laquelle ils sont tombés au plus bas depuis août face à la force du dollar et aux incertitudes sur l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Le prix du baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, a cédé neuf cents à 43,32 dollars sur le contrat pour livraison en décembre sur le New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord, a reculé de 32 cents à 44,43 dollars sur le contrat pour livraison en janvier sur l'International Exchange (ICE). La séance a été très instable, a résumé Bart Melek, de TD Securities, estimant au final qu'il n'y avait rien sur quoi s'enthousiasmer dans l'actualité. Les cours ont baissé dès le début de la séance, puis ils ont accéléré leur déclin pour tomber à des niveaux sans précédent depuis trois mois à New York et Londres, avant de revenir vers l'équilibre, certains investisseurs étant susceptibles de juger ces seuils comme propices pour solder des paris à la baisse. On a rebondi mais le marché reste confronté à des facteurs qui, finalement, le font rester proche de l'équilibre, a estimé M. Melek. D'abord, les investisseurs faisaient face à de nouveaux éléments de nature à alimenter les doutes, déjà nombreux, sur les chances d'un accord de baisse de l'offre entre les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) lors de son sommet du 30 novembre. Sur ce plan, les cours sont vraiment plombés par l'annonce lors du week-end que l'Iran allait accroître sa production de quelque 200.000 barils par jour (bj) avec l'ouverture de nouveaux gisements, a rapporté John Kilduff, d'Again Capital. Deux semaines et demie avant le sommet de Vienne, cette annonce est de mauvais augure pour un projet d'accord qui avait été annoncé fin septembre mais n'en est qu'à un stade préliminaire et semble pour le moins loin d'être assez précis pour attirer des pays extérieurs à l'Opep, notamment la Russie. L'actualité sur l'Iran va rendre d'autant plus difficile un accord au sein des membres de l'Opep et avec d'autres acteurs, a prévenu M. Kilduff. Puits américains Certes, l'Iran, qui fait son retour sur le marché mondial à la suite de la levée de sanctions, est théoriquement exempté de participer à ce pacte, de même que la Libye et le Nigeria, mais en faisant preuve de mauvaise volonté, Téhéran risque de froisser son grand rival régional, l'Arabie saoudite, qui domine l'Opep et tente pour l'heure de défendre ce projet d'accord. Entre la hausse de la production de l'Iran et le manque de consensus entre membres de l'Opep et producteurs extérieurs, le marché a du mal à se laisser à toute hausse, a commenté M. Melek, notant au passage que la production américaine était aussi jugée préoccupante car le nombre de puits actifs ne cesse d'augmenter chaque semaine. L'Opep a elle-même contribué à ces inquiétudes en annonçant peu avant le week-end que ses membres avaient produit à un niveau sans précédent en octobre, alors même que ce rapport mensuel ne prenait pas en compte les dernières annonces iraniennes. On peut soupçonner que la déprime des cours est liée au manque de confiance sur un accord de production au sein de l'Opep d'ici la fin du mois, mais la vérité, c'est surtout que le marché ne peut pas tenir face au poids représenté par l'énorme force du dollar, a préféré mettre en avant dans une note Matt Smith, de ClipperData. Contre toute attente, le billet vert s'est renforcé après l'élection du républicain Donald Trump à la présidence américaine, notamment dans l'idée d'un resserrement monétaire plus soutenu face au risque d'inflation, et cela pèse sur les cours pétroliers car ils sont libellés en monnaie américaine et deviennent donc plus coûteux.