Les 40 pays membres du groupe de travail chargé du dossier d'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) se sont réunis jeudi à Genève. Les participants ont, certes, reconnu les "progrès" accomplis par l'Algérie dans la réforme de son régime commercial afin d'être pleinement compatible avec les règles de l'OMC, mais l'ambassadeur d'Uruguay, Guillermo Valles Galmes, qui préside le groupe de travail, a souligné qu'il restait encore beaucoup à faire avant que l'Algérie ne devienne membre, selon des propos rapportés vendredi. Les négociateurs ont estimé qu'il restait "un travail substantiel à accomplir" concernant, notamment le problème de l'ouverture des services énergétiques à la concurrence internationale et du double prix de l'énergie entre le marché intérieur et l'international. En effet, les membres du groupe de travail estiment que les prix algériens de l'énergie sont inférieurs aux prix internationaux, alors que la compagnie nationale d'hydrocarbures Sonatrach reste dominante sur le marché des services énergétiques. Tout porte à croire donc que la question de l'énergie continue à poser des problèmes dans le processus d'adhésion de l'Algérie à l'OMC. Un processus qui, pour rappel, traîne depuis plus de 20 ans. D'ailleurs, Mina Mashayekhi, responsable des négociations commerciales à la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), en visite à Alger en février 2007, avait indiqué que le statut de pays producteur exportateur de pétrole ne facilite pas l'accession rapide à l'OMC. "On va lui demander d'ouvrir davantage ses services énergétiques à la concurrence", a-t-elle expliqué, lors d'une intervention dans un séminaire international sur la diplomatie commerciale. En général, l'OMC tolère que les prix des produits énergétiques, vendus sur le marché intérieur du pays producteur, soient inférieurs à ceux des cours mondiaux. La condition reste que ces prix ne doivent pas être en deçà des coûts de production nationale. Pourtant, on croyait que les prix de l'énergie appliqués sur le marché national ne posaient nullement problème à l'Algérie dans le cadre de ses négociations d'adhésion à l'OMC. Le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, avait déjà affirmé qu' une étude réalisée sur cette question a révélé que "l'Algérie ne subventionne pas les prix" de l'énergie destinée à la consommation locale. Et c'est le principe de la subvention, avait-t-il ajouté, qui est contesté au sein de l'OMC. A partir donc du moment où l'Etat ne soutient pas les prix de ces produits, la double tarification n'a plus lieu d'être débattue. A ce titre, il est utile de rappeler que l'Arabie Saoudite, qui applique des prix plus bas que l'Algérie sur son marché intérieur, est bien membre de l'organisation. L'énergie qui a, jusqu'à présent, très largement échappé à l'OMC, car considérée souvent comme stratégique par les Etats, semble s'inviter de plus en plus dans le processus d'adhésion à l'OMC. Mieux encore, le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, a donné le ton à Rome devant le 20e Congrès mondial de l'Energie (CME) de novembre dernier, en affirmant que ce secteur avait besoin de règles "plus justes". Des règles "plus justes" voulues par les groupes d'énergie qui aspirent à faire voler en éclats les politiques énergétiques de certains pays producteurs, trop protectionnistes à leur goût. Dans ses négociations avec l'OMC, l'Algérie ne devrait pas prendre à la légère les engagements qu'elle doit prendre au sein de cette organisation. Il y a des intérêts qu'il faut continuer à défendre, afin d'éviter l'épisode de la mauvaise négociation de l'accord d'association signé avec l'Union européenne (UE) et entré en application en septembre 2005.