Le ministre russe de l'Energie Alexander Novak a déclaré vendredi qu'il était assez optimiste quant à la capacité de l'OPEP de parvenir à un accord sur la réduction de la production à la fin de ce mois pour faire remonter les prix du baril. S'exprimant à l'issue d'une réunion impromptue à Doha entre plusieurs membres de l'OPEP et la Russie dans la capitale du Qatar, le ministre russe s'est montré très confiant à propos d'un accord potentiel prévoyant une réduction ou un gel de la production du cartel. Les discussions d'aujourd'hui... me rendent optimiste, a-t-il déclaré à la presse au terme d'une réunion qui a duré quatre heures. Je pense que les discussions des experts, qui vont se réunir prochainement et d'autres consultations qui auront lieu avant la réunion du 30 novembre (à Vienne) aboutiront à un accord, a-t-il ajouté. Je dirais qu'à ce stade je suis assez optimiste, a souligné le ministre russe. Il a ajouté que la Russie était disposée à réduire sa production jusqu'à un certain point, sans autre précision. Nous pensons que la demande va continuer à croître. Aujourd'hui même, nous avons discuté de chiffres qui montrent que la demande va augmenter de 1,1 à 1,2 millions de barils par jour l'année prochaine. Si de concert avec l'OPEP, nous arrivons à stabiliser la production et à ne pas augmenter les livraisons, oui, nous pensons qu'il s'agira alors d'un pas important pour équilibrer le marché, a encore dit M. Novak. La réunion d'aujourd'hui était une rencontre informelle et consultative organisée en toute hâte entre 11 pays membres de l'OPEP et des pays qui ne sont pas membres du cartel, dont la Russie. La rencontre a été organisée après la réunion des exportateurs de gaz qui a eu lieu à Doha 24 heures auparavant. Parmi les participants à la rencontre de vendredi figuraient les ministres du pétrole qatari et algérien ainsi que le ministre saoudien Khalid Al-Falih. Ce dernier a quitté la réunion sans faire de commentaire, mais il a levé les pouces à l'adresse des journalistes au moment où il sortait de l'hôtel où a eu lieu la rencontre. Dans des déclarations à la chaîne Al Arabiya, le ministre saoudien a dit qu'il était toujours optimiste quant à la mise en application du consensus d'Alger qui prévoit un plafond de production et que (cette mise en application) se traduira par la fixation d'un plafond pour chaque pays. Le ministre qatari de l'Energie Mohammed Saleh al-Sada a indiqué que toutes les questions avaient été débattues lors de cette rencontre, mais il s'est refusé à tout commentaire. Le ministre algérien de l'Energie Noureddine Bouterfa a qualifié de bonnes les discussions, soulignant que peut-être 32,5 millions de barils par jour sera l'objectif de production qui sera discuté à la réunion de Vienne. Il a été demandé à l'Iran et à l'Irak de geler leur production pour stabiliser le marché. Les ministres de l'OPEP sont convenus à Alger de réduire leur production à 32,5-33 millions de barils par jour contre 33,47 millions en août pour la première fois en huit ans. Cette mesure a accru la pression sur deux pays membres de l'OPEP, l'Irak et l'Iran, pour qu'ils réduisent ou gèlent leur production, ce qu'ils avaient refusé jusqu'ici. Les ministres du pétrole de l'OPEP ainsi que d'autres pays producteurs doivent se réunir à Vienne le 30 novembre. Le pétrole hésite toujours entre Opep et dollar Le pétrole a légèrement monté vendredi, continuant à fluctuer erratiquement entre l'influence positive des espoirs concernant l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et celle négative de la force persistante du dollar. Le prix du baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine de brut, a gagné 27 cents à 45,69 dollars au New York Mercantile Exchange (Nymex) sur le contrat pour livraison en décembre, dont c'était le dernier jour comme cours de référence. A Londres, le cours du baril de Brent de la mer du Nord a gagné 37 cents à 46,86 dollars sur le contrat pour livraison en janvier à l'Intercontinental Exchange (ICE). "En fin de compte, l'optimisme relatif à l'Opep a eu du mal à compenser la force du dollar", a résumé Phil Flynn, de Price Futures Group. Ces deux influences contrastées agitent depuis le début de la semaine le marché du pétrole et ont contribué vendredi, comme lors des deux précédentes séances, à des mouvements très hésitants, les cours passant successivement dans le rouge et le vert. Sur le plan de l'Opep, dont plusieurs membres étaient réunis au Qatar, les investisseurs ont continué à essayer de déterminer les chances de voir se concrétiser un projet d'accord de baisse de l'offre, qui a été annoncé fin septembre et doit être mis en œuvre lors du sommet du 30 novembre. "On dirait que ses membres sont en train de trouver un terrain d'entente sur l'estimation de leurs niveaux de production", à partir desquels s'entendra toute baisse de l'offre, a rapporté M. Flynn, citant à cet appui des propos du ministre irakien du Pétrole. Pour le moment, l'Irak n'a toutefois pas envoyé de représentant à Doha et cette absence a été aussi remarquée que celle de l'Iran, ces deux membres ayant particulièrement accru leur production en octobre, donc depuis l'annonce du projet d'accord. Les forages reprennent Certes, la Russie était, elle, présente, alors qu'elle n'appartient pas au cartel, mais laisse ouverte la porte à une participation à l'accord, et son ministre de l'Energie, Alexander Novak, s'est dit "optimiste" quant à la capacité de l'Opep à s'entendre. "Les investisseurs n'ont manifestement pas été très impressionnés par les progrès dont l'Opep et la Russie ont fait état", a relativisé dans une note Tim Evans, de Citi, notant au passage que les fluctuations des cours avaient pu être accentuées par des effets techniques liés à l'expiration du contrat pour décembre sur le WTI. Il se faisait l'écho de rumeurs selon lesquelles ces progrès concernerait un quota de production fixé pour l'Iran à un niveau supérieur à son offre actuelle, ce qui ne ferait que déporter sur d'autres membres la responsabilité de baisser la leur. En tout état de cause, ces rumeurs et spéculations variées n'ont pas totalement suffi à éliminer l'influence négative sur les cours du renforcement persistant du dollar, qui continue à évoluer au plus haut depuis le début des années 2000. "Le dollar monte, monte et monte", a écrit Matt Smith, de ClipperData, "et le marché du pétrole est plombé par ce poids écrasant." La force du billet vert, qui profite de la perspective apparemment de plus en plus acquise de hausse des taux par la Réserve fédérale (Fed) en décembre, nuit aux cours de l'or noir car ils sont libellés en dollars et en deviennent donc plus coûteux. Enfin, dernier élément encourageant à la prudence vendredi, "le décompte des puits actifs aux Etats-Unis a fait état d'une hausse bien plus marquée que prévu", a rapporté M. Flynn. Etabli par le groupe Baker Hughes, ce décompte, qui est considéré comme un indicateur avancé de la production américaine et témoigne d'un rebondissement depuis le début de l'été, a encore augmenté de 19 unités cette semaine. Baisse en Asie En Asie, les cours du pétrole continuaient de reculer dans les échanges matinaux, sous l'effet du renforcement du dollar dopé par des propos de la présidente de la Réserve fédérale (Fed), Janet Yellen sur une possible hausse imminente des taux. Vers 03h30 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en décembre, reculait de 52 cents à 44,90 dollars dans les échanges électroniques en Asie. Le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en janvier, cédait 45 cents à 46,04 dollars. Le brut effaçait ainsi des gains réalisés en début de semaine et qui avaient été portés par les espoirs sur l'issue d'une réunion de membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) fin novembre à Vienne. Le cartel a annoncé fin septembre un projet d'accord entre ses membres pour baisser leur production, mais il doit encore le concrétiser. "Les perspectives d'une action coordonnée de l'Opep se sont affaiblies dans le sillage de la victoire" de Donald Trump à la présidentielle américaine, a noté le cabinet BMI Research. Le renforcement du dollar, consécutif aux propos devant le Congrès de Mme Yellen, qui a dit qu'une hausse des taux pourrait intervenir "relativement rapidement", pesait aussi sur les cours. Le baril est libellé en dollars et devient ainsi plus cher pour les investisseurs munis d'autres devises. La production norvégienne rebondit La production de pétrole de la Norvège, principal producteur d'or noir d'Europe de l'ouest, a rebondi en octobre après être tombée dans un creux le mois précédent, a indiqué vendredi la Direction norvégienne du pétrole. Le mois dernier, la production pétrolière norvégienne s'est élevée à 1,714 million de barils par jour (Mbj) contre 1,397 Mbj en septembre. C'est 4% de plus qu'en octobre 2015 et 10% de plus que les projections officielles même si cela reste presque moitié moins que le pic atteint en 2000. Les ventes de gaz naturel ont quant à elles bondi, à 10,8 milliards de m3 sur l'ensemble du mois contre seulement 6,3 milliards de m3 en septembre.