Les principaux dirigeants européens se sont retrouvés vendredi à Berlin pour une ultime rencontre avec Barack Obama. Le président américain s'est voulu "prudemment optimiste" sur Donald Trump face au saut dans l'inconnu que représente la future administration. Inquiets du devenir des liens transatlantiques et de la pérennité des engagements pris au sein de l'Otan, Angela Merkel, Theresa May, Mariano Rajoy, Matteo Renzi et François Hollande ont retrouvé vers 10H00 le président américain pour la dernière fois avant son départ de la Maison Blanche. Barack Obama, qui a rendu un hommage très appuyé à Angela Merkel, s'était déclaré jeudi "prudemment optimiste" sur l'attitude de son successeur, insistant sur "la responsabilité solennelle de cette fonction, qui vous force à vous concentrer, qui appelle au sérieux". L'actuel locataire de la Maison Blache a aussi appelé à ne pas "minimiser" l'importance de l'alliance avec l'Europe. M. Trump, dont les intentions exactes restent floues, a jusqu'ici porté un message protectionniste et plus isolationniste tout en critiquant l'Otan et en prônant un rapprochement avec la Russie. M. Obama a rappelé combien l'Otan, "pierre angulaire de la politique étrangère américaine depuis près de 70 ans", méritait d'être défendue avec vigueur des deux côtés de l'océan. Celui qui quittera le Bureau ovale le 20 janvier a exhorté l'Europe à être "forte et unie" dans une période de turbulences. La Première ministre britannique Theresa May, qui participe pour la première fois à ce mini-sommet depuis son arrivée au pouvoir, devait à cet égard être appelée à expliquer les conditions dans lesquelles elle entend mener à bien la sortie de son pays de l'Union européenne. "Le Brexit n'est pas au menu des discussions mais le sujet sera certainement abordé au fil des discussions", a souligné son porte-parole. Les grands dossiers évoqués Syrie, lutte contre le groupe Etat islamique, Ukraine, climat: les six dirigeants devaient profiter de leur rencontre pour aborder les grands dossiers du moment mais aussi évoquer, entre les lignes, les échéances électorales à venir. L'une d'elles en particulier sera désormais scrutée à la loupe: la présidentielle française du printemps prochain, dans laquelle Marine Le Pen devrait jouer les premiers rôles. Le Brexit, suivi de la victoire surprise du milliardaire populiste aux Etats-Unis, ont en effet galvanisé les partis populistes déjà en plein essor en Europe. A Athènes comme à Berlin, le président américain sortant a insisté sur la nécessité de mieux prendre en compte les frustrations et peurs des électeurs. L'augmentation des disparités sociales, associée à une meilleure prise de conscience de leur existence même, est "un mélange explosif", a-t-il mis en garde. Appel au maintien de la coopération dans l'Otan En effet, les principaux dirigeants européens et Barack Obama ont appelé vendredi à Berlin au maintien de la coopération au sein de l'Otan et des sanctions contre Moscou, deux sujets sur lesquels le successeur-élu du président américain, Donald Trump, a pris ses distances. Selon la présidence américaine, les dirigeants ont réaffirmé l'importance de la coopération au sein d'institutions multilatérales y compris l'Otan et sont unanimement d'accord sur le fait que (...) les sanctions contre la Russie liées à l'Ukraine doivent rester en vigueur jusqu'à la mise en œuvre des accords de paix dans le pays, dits de Minsk. M. Trump, dont les intentions exactes restent floues dix jours après sa victoire électorale surprise, a durant la campagne dit vouloir revoir le fonctionnement de l'Alliance atlantique basé sur le principe de solidarité entre membres en cas d'agression, et a prôné un rapprochement avec Moscou. M. Obama faisait ses adieux vendredi à Berlin aux dirigeants européens Angela Merkel, Theresa May, Mariano Rajoy, Matteo Renzi et François Hollande. Il a décollé en début d'après-midi pour se rendre au Pérou pour le Forum de coopération économique Asie-Pacifique (Apec). Les six responsables ont aussi réaffirmé leur position sur la Syrie et appelé à l'arrêt immédiat des attaques du régime syrien, de la Russie et de l'Iran contre la ville d'Alep. Les dirigeants européens craignent que M. Trump n'impulse une réorientation de la diplomatie américaine. Le milliardaire américain a en particulier affiché des positions plus isolationnistes et protectionnistes, et martelé que l'Europe ne pourra plus compter à chaque occasion sur l'appui militaire américain.