La Commission européenne a épinglé huit pays, dont l'Italie, estimant que leurs prévisions budgétaires 2017 présentaient un risque de non-conformité avec les règles européennes. Selon Bruxelles, les budgets présentés par ces pays -- Italie, Espagne, Portugal, Belgique, Finlande, Slovénie, Chypre et Lituanie -- pourraient aboutir à un écart significatif avec les objectifs qui leur avaient été fixés. Pour Chypre et l'Italie, les écarts sont plus larges, a déclaré le commissaire européen aux affaires économiques, Pierre Moscovici, lors d'une conférence de presse. Pour l'Italie, une part significative de la déviation est due aux coûts liés à l'activité sismique dans ce pays qui a été importante et dramatique cette année, ainsi que les coûts engendrés par l'afflux de migrants. Nous prendrons cela en considération, a-t-il dit. Cinq pays ont présenté des budgets globalement conformes aux règles du Pacte de stabilité et de croissance (PSC): la France, l'Irlande, l'Autriche, la Lettonie et Malte. Et cinq autres seulement sont en conformité totale: l'Allemagne, l'Estonie, les Pays-Bas, la Slovaquie et le Luxembourg. La Grèce, en grande difficulté économique et soumise à un plan d'aide, n'est pas concernée par ces prévisions budgétaires. Le PSC, qui vise à assurer la discipline budgétaire des états membres de la zone euro, fixe une limite de 3% du PIB pour le déficit public et de 60% pour la dette publique. La Commission européenne avait déjà demandé des éclaircissements sur leurs budgets à sept des huit pays épinglés. Parmi les pays à problème, l'Italie, troisième économie de la zone euro et dont la dette, qui devrait atteindre 133% du PIB en 2016, est la seconde plus importante de l'UE derrière celle de la Grèce. Afin de contenir cette dette colossale (2.248 milliards d'euros en juin), la Commission européenne avait demandé à l'Italie de réduire son déficit à 1,8% du PIB en 2017, bien en-dessous des 3% autorisés par les traités, objectif que Rome s'était cependant engagé à respecter. Mais le chef du gouvernement Matteo Renzi a finalement annoncé un déficit public à 2,3% du PIB en raison des circonstances exceptionnelles, l'Italie ayant été touché par plusieurs tremblements de terre et devant aussi faire face à une vague massive d'immigration M. Renzi demande que les dépenses liées soient tenues hors des comptes du Pacte de stabilité. En pleine campagne pour un référendum constitutionnel très disputé, prévu le 4 décembre, M. Renzi n'a de cesse, par ailleurs, de lancer des piques à l'encontre des institutions européennes et a encore récemment dénoncé les diktats de Bruxelles, dans une nouvelle polémique avec la Commission européenne L'économie italienne, plombée par des problèmes structurels, l'impact du Brexit et le ralentissement de la croissance mondiale, souffre en outre des inquiétudes autour de ses banques et de l'instabilité politique générée par le référendum. L'Espagne et le Portugal soulagés La Commission européenne a levé la menace qui pesait sur l'Espagne et le Portugal concernant la suspension des fonds structurels européens pour 2017. Nous n'allons pas proposer de suspendre ces fonds. Je sais que c'était attendu et c'est évidemment une bonne nouvelle pour les deux pays, a déclaré le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici. L'Espagne et le Portugal avaient échappé en juillet à des amendes (qui auraient pu atteindre jusqu'à 0,2% du PIB) pour dérapage budgétaire en 2015, des sanctions qui auraient été sans précédent dans l'histoire de l'UE, mais ils étaient toujours sous la menace de suspension des fonds structurels européens pour 2017. Les fonds structurels européens visent en particulier à réduire les écarts de développement en Europe en aidant les régions en difficulté. La Commission européenne est arrivée à la conclusion que la procédure engagée pour déficit excessif à l'encontre de ces deux pays devait être suspendue. Par conséquent, il n'y a plus de faits qui susciteraient une proposition de la Commission de suspendre une partie des fonds structurels européens et il n'y aura pas de telle proposition, écrit l'exécutif européen, dans un communiqué. En 2015, le déficit public espagnol avait atteint 5,1% du PIB, un chiffre bien au-dessus du plafond de 3% fixé par le pacte de stabilité et des objectifs de la Commission de 4,2%. Quant au Portugal, il avait affiché un déficit public de 4,4% du PIB l'an passé alors que l'objectif fixé était de repasser sous les 3%.