Depuis Cuba et diverses régions de Colombie, les chefs de la guérilla des Farc sont arrivés lundi à Bogota, pour préparer la signature et la mise en application du nouvel accord de paix mettant fin à plus d'un demi-siècle de conflit armé. "Le secrétariat national de FARC_EPueblo à Bogota pour des réunions sur l'Application Maintenant de l'Accord Définitif" et "finaliser les détails de la signature", a tweeté l'agence Nueva Colombia, organe d'information des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes). Les tweets ont été publiés avec des photos des commandants guérilleros, dont le chef des Farc, Rodrigo Londono, plus connu sous ses noms de guerre de Timoleon Jimenez ou Timochenko, et le négociateur Ivan Marquez, ainsi que cinq autres des neuf membres du secrétariat, l'organe exécutif de la guérilla. Parmi eux Carlos Antonio Lozada et Pastor Alape sont à Bogota depuis la fin de semaine dernière. Ils se sont entretenus avec l'ONU et des représentants du gouvernement au sujet de l'incident lors duquel deux guérilleros ont été tués dans le département de Bolivar (nord), alors qu'un cessez-le-feu bilatéral est en vigueur depuis fin août. Dimanche, Timochenko avait déclaré à la radiotélévision colombienne RCN que l'accord devrait être signé dans les prochains jours et qu'il devait donc "partir pour Bogota", depuis La Havane où les pourparlers de paix ont été menés pendant près de quatre ans. Le gouvernement du président Juan Manuel Santos a pour sa part réitéré lundi que la date et le lieu de la signature officielle de l'accord de paix n'étaient cependant pas encore fixés. Le nouvel accord a été conclu le 12 novembre après le rejet d'un précédent texte signé le 26 septembre, à l'issue de près de quatre ans de pourparlers. Le premier accord avait été rejeté par les électeurs colombiens le 2 octobre lors d'un référendum. M. Santos, qui a reçu le prix Nobel en octobre pour ses efforts en faveur de la paix, a précisé que l'accord serait présenté à partir d'aujourd'hui au Congrès pour y être discuté. Plusieurs morts et disparus Le conflit armé, qui a impliqué paramilitaires, guérillas et armée depuis plus d'un demi-siècle, a fait plus de 260'000 morts, plus de 60'000 disparus et 6,9 millions de déplacés. Une personne a disparu toutes les huit heures en Colombie au cours des 45 dernières années, dans le cadre du conflit armé qui se solde à ce jour par 60.630 disparitions, a annoncé lundi le Centre national de mémoire historique (CNMH), un organisme public. Ce chiffre montre l'ampleur de la stratégie adoptée par les groupes armés pour dissimuler leur violence, a déclaré Andrés Suarez, l'un des auteurs du rapport intitulé Jusqu'à les retrouver. Le drame de la disparition forcée en Colombie et réalisé par le CNMH sur la période 1970-2015. Selon ce rapport, qui devait être présenté publiquement hier à Bogota, le fléau des disparitions est apparu dans les années 70 pour punir (...), propager la terreur, exercer un contrôle territorial et cacher la dimension des crimes commis. Mais il a évolué avec le temps. D'un outil utilisé par les agents de l'Etat contre des militants associés à la gauche, il est devenu une arme des paramilitaires et des guérilleros qui a affecté des personnes d'origines très diverses: paysans, syndicalistes, sans-domicile, commerçants, expliquent les auteurs du texte. Tous les responsables des disparitions n'ont pas été identifiés. Mais les milices paramilitaires d'extrême droite sont à l'origine de 13.500 d'entre elles, les guérillas d'extrême gauche de 5.800, les gangs criminels de 2.900 et l'Etat de 2.300. La période la plus critique a été celle des années 1995-2006, avec 32.422 disparitions dans près des trois-quarts des municipalités de la Colombie, soit en moyenne une disparition toutes les deux heures et demie. Cette période a aussi été marquée par une augmentation des disparitions collectives, au moment de l'expansion des milices paramilitaires, armées dans les années 90 par des particuliers contre les guérillas d'extrême gauche, puis démobilisées en 2006, selon M. Suarez. Entre 2006 et 2015, bien qu'il y ait une diminution avec 9.549 disparitions, elles restent le fait principalement des gangs issus de la démobilisation des paramilitaires. Beaucoup de leurs alliés dans la légalité exercent des pressions pour occulter la violence afin d'éviter la pression internationale et de l'opinion publique. Et c'est une façon d'éviter aussi que cette violence affecte leurs objectifs politiques, a-t-il ajouté. Sur plus de 60.000 disparitions --deux fois plus que le total des dictatures argentine avec 30.000 et chilienne avec environ 3.200-- seulement 8.122 cas ont été éclaircis à ce jour. Le crime est aggravé par la traitement réservé aux cadavres par les coupables, qui ont converti rivières et mers en cimetières, et semé le pays de fosses clandestines, dénonce le CNMH. Selon le rapport, les pratiques de l'Etat pour préserver et identifier les rares corps exhumés ont été visiblement inadéquates et l'Etat est non seulement responsable d'avoir participé comme auteur ou complice, mais aussi pour son incapacité à remplir son devoir constitutionnel de protection. Le conflit armé, qui a impliqué paramilitaires, guérillas et armée depuis plus d'un demi-siècle, a fait en outre plus de 260.000 morts et 6,9 millions de déplacés. A l'issue de près de quatre ans de pourparlers, le gouvernement du président Juan Manuel Santos vient de conclure un accord de paix avec la plus importante guérilla du pays, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes), nées en 1964 d'une insurrection paysanne. M. Santos, qui a reçu le prix Nobel de la paix en octobre, tente parallèlement d'entamer des négociations avec l'Armée de libération nationale (ELN, guévariste), dernière rébellion encore active.