L'ONU s'apprête à renforcer les sanctions internationales contre la Corée du Nord à la suite de ses derniers essais nucléaire et balistiques, en limitant strictement les ventes nord-coréennes de charbon à la Chine, ont indiqué lundi des responsables américains et des diplomates. Une résolution, initiée par les Etats-Unis et négociée pendant trois mois avec la Chine, devrait être soumise au vote aujourd'hui matin au Conseil de sécurité, ont précisé des diplomates du Conseil, qui tablent sur une adoption. Elle vise à imposer une limite stricte et contraignante aux exportations de charbon de la Corée du Nord, qui est sa principale source de revenus externes, a expliqué sous couvert d'anonymat un responsable américain qui suit ce dossier. Il s'agit de priver Pyongyang d'au moins 700 millions de dollars de revenus tirés chaque année du charbon exporté, soit une réduction de 62% par rapport à 2015. Cela réduira de manière spectaculaire l'accès du régime (nord-coréen) à des devises fortes utilisées pour financer ses programmes nucléaire et balistique, a estimé le même responsable américain. Nous ne prétendons pas que cette résolution va amener la Corée du Nord à abandonner son programme d'armement nucléaire (...) mais elle va (le) rendre beaucoup plus difficile. La Chine, seule alliée de Pyongyang, est aussi quasiment le seul débouché pour le charbon nord-coréen. Le texte, comprend une dizaine de pages et cinq annexes. Le Conseil y condamne de la manière la plus ferme possible l'essai nucléaire du 9 septembre, le cinquième et le plus puissant jamais mené par Pyongyang. Le texte renforce et précise des dispositions déjà contenues dans une résolution adoptée en mars et qui imposait l'inspection des cargaisons à destination de Corée du Nord. Mais le Conseil souligne que les mesures imposées n'ont pas pour objectif d'avoir des conséquences humanitaires néfastes pour la population civile de Corée du Nord. Le document, très technique, ajoute aussi 21 noms, dont ceux de deux anciens ambassadeurs en Egypte et en Birmanie, à une liste noire de personnes, d'administrations ou d'entreprises accusées de contribuer aux programmes militaires nord-coréens et frappés de sanctions ciblés (gel d'avoirs et interdiction de voyager). Aux termes de la résolution, il sera aussi interdit à Pyongyang d'exporter certains métaux (cuivre, zinc, nickel) qui lui rapportent 100 millions de dollars par an, ainsi que des statues et des hélicoptères. Les dignitaires nord-coréens ne pourront plus se procurer tapis ou vaisselle de luxe à l'étranger. La taille des missions diplomatiques nord-coréennes sera réduite et chaque diplomate ne pourra détenir qu'un seul compte bancaire. Une annexe détaille 18 produits ou technologies à double usage, civil et militaire, dont le transfert à la Corée du Nord sera prohibé. Le charbon représente un tiers environ des revenus en devises fortes tirés par Pyongyang de ses exportations. Or, les ventes nord-coréennes de charbon sont passées de 200 millions de dollars en 2007 à plus d'un milliard de dollars depuis 2011, selon des statistiques américaines. La résolution adoptée par l'ONU en mars avait déjà alourdi les sanctions économiques mais elle prévoyait une exemption pour les ventes de charbon ayant pour but d'assurer la subsistance, et non de financer des programmes militaires. Dans la nouvelle résolution, cette clause est devenue plus restrictive. La Chine semble en effet avoir profité de cet échappatoire: en août dernier, ses achats de charbon nord-coréen étaient de 60% supérieurs à avril, selon les douanes chinoises. L'application des sanctions repose donc surtout sur la bonne volonté de Pékin, premier partenaire commercial de Pyongyang. Les dirigeants chinois ont été irrités par la volonté du leader nord-coréen Kim Jong-Un de poursuivre coûte que coûte la mise au point de missiles balistiques pouvant emporter une charge nucléaire, au mépris des résolutions de l'ONU.