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171ème réunion ministérielle de l'Opep : La dernière ligne droite pour limiter la production
Publié dans Le Maghreb le 30 - 11 - 2016

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) va tenter aujourd'hui à Vienne de sceller un accord pour limiter sa production et ainsi faire remonter les cours, mais de nombreuses incertitudes pèsent sur ces négociations extrêmement complexes, notamment les modalités pratiques d'une telle entente.
Ce serait la première fois depuis 8 ans que le cartel parviendrait à s'entendre pour diminuer sa production.
Depuis plusieurs semaines, les tractations entre les 14 membres pour mettre en place des quotas par pays vont bon train pour aboutir à cet accord, réclamé à cor et à cri par les pays les plus dépendants de la manne pétrolière (Nigeria, Venezuela...), mais compromis par les fortes rivalités entre l'Iran et l'Arabie saoudite, et la situation précaire de certains producteurs en guerre (Irak, Libye). Les ministres de l'Opep ont convenu il y a deux mois à Alger lors d'une réunion informelle de ramener leur production entre 32,5 et 33 millions de barils par jour (mbj) et de parvenir à un accord avec d'autres grands producteurs, à commencer par le premier d'entre eux, la Russie, qui s'y est dit favorable, pour relancer des cours déprimés par une surabondance d'offre depuis l'été 2014.
Tombés en début d'année à 26-27 dollars le baril, les prix du pétrole ont amorcé depuis une spectaculaire remontée, alimentée par des interruptions de production et les espoirs d'une entente internationale sur les niveaux de production. Ils oscillent depuis mi-août entre 42 et 53 dollars le baril en moyenne.
"Un nombre croissant d'analystes pétroliers semble s'accorder avec les marchés sur le fait que l'Opep sera en mesure de s'entendre sur une certaine forme d'accord avec la Russie pour résorber la production de brut", a commenté Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com.
Le ministre algérien de l'Energie Noureddine Boutarfa et son homologue vénézuélien Eulogio del Pinose étaient hier à Moscou pour tenter de convaincre la Russie d'abaisser sa production de 600 000 barils par jour.
Dans cette perspective, l'Algérie a multiplié depuis plusieurs semaines, les négociations et consultations au sein de l'organisation pétrolière mais également avec les pays non membres, la Russie en tête. "L'Algérie a mis sur la table une proposition. Nous estimons que c'est une bonne proposition. Elle est équilibrée et elle tient compte des préoccupations de toutes les parties", avait déclaré récemment à l'APS le ministre de l'Energie, Noureddine Boutarfa.
La proposition algérienne tend, avec des efforts des pays Opep et non-Opep, à endiguer le déséquilibre entre une offre mondiale surabondante et une demande en progression modérée qui devrait perdurer jusqu'au premier semestre 2017.
Après avoir rencontré plusieurs de ses homologues de pays Opep, M. Boutarfa s'était rendu lundi dernier à Moscou, en compagnie du ministre vénézuélien du Pétrole, Eulogio del Pino, où il avait eu des entretiens avec le ministre russe de l'Energie, Alexander Novak.
L'objectif étant d'obtenir de pays non-Opep (notamment la Russie, premier producteur mondial de pétrole) une coopération et un engagement à soutenir l'accord d'Alger en ajustant leur production en faveur d'une stabilisation durable des marchés pétroliers.
Même si un optimisme quant à la réussite de la prochaine réunion de l'Opep se dégage à l'issue des récentes rencontres entre M. Boutarfa et ses homologues de l'organisation (Arabie saoudite, Qatar, Iran...), le ministre a avisé qu'un éventuel échec pourrait affaiblir davantage les cours qui peinent actuellement d'atteindre le seuil psychologique des 50 dollars le baril.
Ce sera, a averti le ministre, une sanction du marché qui pourrait conduire les prix à chuter en dessous du seuil des 40 dollars.
En revanche, a-t-il avancé, un bon accord conduira "à stabiliser le marché et les prix autour d'une fourchette comprise entre 50 et 55 dollars" voire 60 dollars vers la fin de l'année.
Le ministre russe de l'Energie Alexandre Novak avait fait savoir jeudi que le cartel avait proposé à Moscou de réduire sa production de 500 000 barils par jour. Reste à savoir si une telle mesure peut encore être efficace, alors que l'Opep a pompé plus de brut que jamais en octobre - 33,64 mbj -, que la production russe a beaucoup augmenté ces dernières années pour atteindre plus de 11 mbj, et que plusieurs membres de l'Opep demandent à être exemptés de toute mesure contraignant leur offre.
Selon des informations ayant fuité cette semaine dans la presse, chaque pays se verrait proposer de réduire sa production 4% à 4,5%, à l'exclusion de la Libye, qui a jugé dimanche "impensable" toute réduction de sa production, et du Nigeria.
Revirement saoudien
"L'impact de toute décision de l'Opep sur les prix moyens de 2017 est considérablement surévalué dans la mesure où toute réduction potentielle de la production ne constituerait qu'une partie relativement faible du puzzle mondial de l'offre et de la demande, avec des facteurs de contrepoids tels que le pétrole de schiste américain", ont commenté les analystes de JBC Energy.
Si l'Arabie saoudite, leader du cartel, a estimé "impératif" un consensus, l'Irak, deuxième producteur du groupe, a envoyé des messages contradictoires et l'Iran semble moins enclin au compromis. "Les choses ont changé depuis la tentative de (mettre en place un) gel à Doha en avril. (...) C'était l'Arabie saoudite qui avait de grosses hésitations (...), aujourd'hui l'Arabie saoudite est la première à s'engager à réduire", souligne Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix.
Un revirement qui s'explique, selon l'analyste, par le fait que la politique de guerre des prix menée jusqu'alors par Ryad n'a eu que peu d'effets sur son grand rival géopolitique, Téhéran, habitué de longue date à évoluer au sein d'un marché déprimé en raison des sanctions occidentales qui ont pesé sur le pays de 2012 à 2015.
"Ce qui est le plus important concernant cet accord potentiel de l'Opep, ce n'est pas son plein respect mais le fait qu'il pourrait autoriser l'Arabie saoudite à mettre un terme à sa politique (initiée en) novembre 2014 de production libéralisée", relève M. Jakob. C'est sans doute pourquoi, selon M. Razaqzada, l'Opep devrait "autoriser l'Iran à simplement limiter plutôt que réduire sa production de pétrole, ce qui augmente les chances qu'un accord soit conclu" alors que Téhéran se refuse catégoriquement à baisser son offre.
A l'unisson de ses homologues saoudien et russe, le ministre iranien du pétrole Bijan Zanganeh a jugé dimanche que "l'Opep peut parvenir à un accord durable concernant sa production et la gestion du marché".
4 à 4,5% ?
Selon des informations de presse, chaque pays se verrait proposer de réduire sa production 4% à 4,5%, à l'exclusion de la Libye, qui a jugé dimanche "impensable" toute réduction de sa production, et du Nigeria.
"L'impact de toute décision de l'Opep sur les prix moyens de 2017 est considérablement surévalué dans la mesure où toute réduction potentielle de la production ne constituerait qu'une partie relativement faible du puzzle mondial de l'offre et de la demande, avec des facteurs de contrepoids tels que le pétrole de schiste américain", ont estimé les analystes de JBC Energy. "Un moyen évident de préparer les marchés à un éventuel échec des négociations", jugeait Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB.
Le ministre irakien du Pétrole Jabbar al-Louaïbi s'est quant à lui déclaré "optimiste" à son arrivée à Vienne lundi. "Nous espérons trouver un accord mercredi", a-t-il dit. "Si l'Irak a dit cela, c'est un gros risque en moins et c'est donc encourageant", a commenté l'analyste James Williams, de WTRG Economics, rappelant que le pays, deuxième producteur du cartel, et l'Iran représentaient les freins les plus notables à un accord.
L'Iran semble en effet moins enclin au compromis. Selon le Financial Times lundi, l'Arabie saoudite lui aurait proposé de geler sa production à 3,8 mbj, en échange d'une baisse de 4,5% de sa propre production, à environ 10,5 mbj. Téhéran, habitué de longue date à évoluer au sein d'un marché déprimé en raison des sanctions occidentales qui ont pesé sur le pays de 2012 à 2015, se refuse à baisser son offre.


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