L'Italien Antonio Tajani, a été officiellement désigné mardi, par le Parti Populaire européen (PPE, conservateur), pour être son candidat au perchoir du Parlement européen, un poste bientôt vacant et très convoité, après l'annonce du départ du socialiste allemand Martin Schulz. Antonio Tajani, 63 ans, qui fut commissaire européen à l'Industrie (2010-2014) dans l'équipe de José Manuel Barroso, a été facilement élu dans la soirée par son groupe politique réuni à Strasbourg. Outre M. Tajani, trois eurodéputés PPE s'étaient porté candidats pour cette primaire au sein du parti de droite: l'ancien ministre français Alain Lamassoure, l'Irlandaise Mairead McGuinness et le Slovène Alojz Peterle. Martin Schulz avait annoncé le 24 novembre qu'il quittait le Parlement européen pour se consacrer à la politique allemande, après presque cinq ans à la tête de l'institution. Le candidat du PPE dispose sur le papier de sérieuses chances de devenir le prochain président du Parlement européen, le PPE étant le groupe politique qui compte le plus d'eurodéputés, mais l'élection, le 17 janvier, s'annonce plus disputée que prévu et le jeu des alliances complexe. Le groupe social-démocrate, deuxième numériquement dans l'hémicycle, a en effet prévenu qu'il n'accepterait pas un monopole du PPE, dont des représentants occupent déjà la présidence des deux autres grandes institutions de l'UE: la Commission (le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker) et le Conseil (le Polonais Donald Tusk). Une trahison Le chef de file des socialistes, l'Italien Gianni Pittella, a donc annoncé sa candidature au perchoir, soulignant que l'Europe avait besoin de la gauche pour mettre fin à l'austérité aveugle. Pour le PPE, cette candidature constitue une trahison: vainqueur des élections européennes de 2014, le PPE avait soutenu la reconduction du social-démocrate Martin Schulz à la tête du Parlement européen pour un deuxième mandat, mais à condition que les socialistes s'engagent en retour à soutenir le candidat conservateur au perchoir début 2017. La double candidature des chrétiens-démocrates et des sociaux-démocrates à la présidence de l'assemblée remet en cause la collaboration entre les deux principales formations du Parlement européen, appelée grande coalition. Mardi matin, le chef de file du PPE, l'Allemand Manfred Weber, a tenté de renouer le dialogue, en appelant dans une lettre adressée à la plupart des eurodéputés à l'unité dans la course à la présidence, mais s'est heurté à une fin de non-recevoir de M. Pittella. Nous devons nous empêcher de devenir une autre institution (caractérisée par) des combats internes et des blocages. C'est pourquoi le groupe PPE aspire à une action conjointe, a écrit M. Weber, disant espérer trouver des partenaires dans cette approche parmi les autres groupes. Les Verts avaient indiqué mardi ne pas exclure d'apporter leur soutien au candidat du PPE mais à condition qu'il remplisse des critères stricts: capacité à défendre la position de l'institution face au Conseil et à la Commission, capacité à respecter les règles de fonctionnement du Parlement et les petits partis, et... préférence pour voir une femme accéder à la fonction. Toutefois, le choix d'Antonio Tajani, un ancien porte-parole de Silvio Berlusconi, proche du Cavaliere, ne devrait pas faciliter les discussions. L'Italien a été auditionné cet automne par la commission d'enquête du Parlement européen sur le Dieselgate, le scandale concernant un logiciel installé sur des moteurs de véhicules Volkswagen qui permettait de tricher lors des tests antipollution. Certains eurodéputés voient en lui une incarnation de l'inaction de la Commission européenne dans ce dossier. Avec son expérience, Antonio Tajani sera un bâtisseur de ponts entre les forces politiques au sein du Parlement et une voix forte à l'extérieur, s'est félicité le chef des conservateurs, Manfred Weber, à l'issue du vote. Mustapha S.