Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a accusé mardi les Etats-Unis d'avoir infiltré des agents au sein de son gouvernement. Et ce, pour provoquer le chaos monétaire que connaît le Venezuela depuis quelques jours. Nicolas Maduro commentait dans une allocution télévisée les difficultés monétaires survenues depuis qu'il a annoncé la semaine dernière le retrait sous trois jours du billet de 100 bolivars, la coupure la plus utilisée au Venezuela. Il avait invoqué pour justifier cette décision spectaculaire l'existence de "mafias" internationales qui seraient pilotées par Washington pour accumuler de grandes quantités de billets et asphyxier ainsi l'économie vénézuélienne. Mais la livraison des nouveaux billets destinés à remplacer la coupure supprimée avait tardé, provoquant une pénurie d'argent liquide et la colère de la population. M. Maduro avait dû différer le retrait du billet de 100 bolivars. Mardi, il a relancé ses accusations contre les Américains, les "gringos". "La conspiration ne serait-elle pas à l'intérieur ? N'y aurait-il pas des gens infiltrés qui font des choses pour nuire depuis l'intérieur et servir les intérêts des gringos ?", a déclaré M. Maduro. "Ne serait-ce pas que les gringos ont acheté des personnes clés dans des endroits clés pour causer du tort au peuple ? Je crois que oui", a lancé le président socialiste. Selon lui, un "coup d'Etat" monétaire a commencé lorsque l'ordre a été donné de renvoyer quatre avions affrétés par le gouvernement pour acheminer au Venezuela les nouveaux billets. Encore une surprise de Maduro "C'est à ce moment que je me suis rendu compte: ils font du sabotage contre nous", a-t-il affirmé dans son allocution. "J'ai pris la décision, je vais prolonger la validité du billet de 100 bolivars au moins jusqu'au 2 janvier. Je les ai encore surpris", a-t-il dit. M. Maduro n'a pas précisé quels organes des institutions, vénézuéliennes auraient été "infiltrés" comme il l'affirme. Le Venezuela, déjà en profonde crise économique et politique, a vu se multiplier le week-end dernier les heurts - qui ont fait trois morts selon un bilan officiel -, les habitants exprimant leur frustration devant le retrait du billet de 100 bolivars et le retard dans la livraison de nouveaux billets. Le Venezuela, un pays pétrolier dont les finances se sont effondrées avec la chute des cours du brut, est en pleine tourmente, avec une inflation vertigineuse de 475% en 2016, selon le Fonds monétaire international (FMI). La Colombie au secours de son voisin D'autre part, des milliers de Vénézuéliens ont traversé mardi la frontière avec la Colombie, rouverte après huit jours de fermeture qui visait à empêcher l'entrée de billets de 100 bolivars interdits de circulation. Beaucoup d'entre eux ont profité pour acheter dans le pays voisin des aliments et des médicaments introuvables au Venezuela où la pénurie frappe 80% des produits de première nécessité. Grâce à Dieu, la frontière est rouverte, s'est réjoui Christian Sanchez, 29 ans, qui s'apprêtait à passer sur le pont Simon Bolivar qui relie les villes de San Antonio (Venezuela) et de Cucuta (Colombie). Au Venezuela, nous ne trouvons ni nourriture, ni couches pour enfants, ni médicaments, a-t-il rappelé. rappelons que, le président vénézuélien avait ordonné la fermeture des passages frontaliers avec la Colombie et le Brésil, affirmant que des mafias cherchaient à introduire de grandes quantités de billets de 100 bolivars, dont le retrait surprise de la circulation annoncé a provoqué des violences au Venezuela. L'un des principaux points de passage piétonniers entre le Venezuela et la Colombie a finalement rouvert mardi, même si la circulation des poids lourds d'un pays à l'autre restait bloquée. La réouverture a été décidée après une conversation téléphonique entre le président Maduro et son homologue colombien Juan Manuel Santos. Ils sont convenus de rouvrir la frontière de manière progressive (...) avec un strict contrôle de sécurité, a écrit sur Twitter le ministre vénézuélien de la Communication et de l'Information Ernesto Villegas. Selon lui, ils ont donné pour instructions à leurs ministres de la Défense respectifs de coordonner des actions immédiates de normalisation à la frontière et ordonné des contacts entre les banques centrales face à ce que le Venezuela considère comme des attaques contre sa monnaie.