C e qui n'était qu'une appréhension, il y a quelques mois, est arrivé. Le marché boursier subit, depuis lundi, une baisse vertigineuse. Une situation semblable à celle de 2001, après les attentats terroristes contre les deux tours du World Trade Center. Les spécialistes parlent à présent d'un krach boursier qui a touché l'ensemble des places boursières dans le monde. Aucune Bourse n'a échappé à cette baisse, synonyme de crise, d'autant que le risque de récession économique aux Etats-Unis se fait de plus en plus ressentir. Une éventualité à ne pas écarter malgré les assurances du président Georges Bush. De nouvelles pertes pour le secteur financier ne sont plus à écarter et la crise s'est même amplifiée. La fièvre n'a épargné aucune des plus importantes Bourses. La Bourse de Paris a ouvert de nouveau en forte baisse, hier, dans le sillage des marchés asiatiques. L'indice CAC 40 a perdu de 2,57% à 4.622,70 points, au lendemain d'une dégringolade de près de 7%. Londres a cédé 5,48%, Francfort 7,16%, Paris 6,83%, Madrid 7,54%, Milan 5,17% et la Bourse suisse 5,26%. Les Bourses d'Asie ne sont pas en reste puisqu'elles avaient lancé le mouvement de fort recul : 3,86% à Tokyo, 5,14% à Shanghai, 5,49% à Hong Kong, ou encore 2,95% à Séoul et enfin Bombay, qui, le 8 janvier, battait son record absolu, a chuté de 7,41%. Il s'avère ainsi que l'économie américaine est le moteur de la croissance mondiale. Les investisseurs redoutent une récession aux Etats-Unis qui pourrait se propager à l'ensemble de l'économie mondiale. L'inquiétude concerne à la fois la santé des banques à travers le monde à la lumière de la crise des crédits hypothécaires (Subprime) aux Etats-Unis mais aussi les conséquences sur la croissance économique américaine et mondiale. Pour l'heure, seules les économies des pays émergents continuent de tirer la croissance mais le risque est présent. Les prévisions du directeur général du FMI sont claires à ce propos. Dominique Strauss-Kahn a semblé accréditer la thèse d'une large propagation de la récession américaine en affirmant que la crise financière en cours était "sérieuse" et qu'elle pouvait affecter les pays émergents. "La situation est une situation qui est sérieuse (...) tous les pays du monde souffrent du ralentissement de la croissance aux Etats-Unis, enfin tous les pays développés", a-t-il dit. Le directeur général du FMI a souligné également qu'"il n'est pas impossible que, même dans les pays émergents, cela ait un certain effet, que la croissance soit moins forte que celle qui était prévue". Face à cette situation, le président américain a annoncé des mesures mais qui ne semblent pas convaincre les investisseurs. Ces derniers se sont montrés sceptiques face à l'annonce faite, vendredi, par le président Bush d'un plan de relance de plus de 140 milliards de dollars qui n'a toutefois pas été détaillé. A Bruxelles, le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires Joaquin Almunia, a noté que "les marchés semblent envisager la possibilité d'un ralentissement plus prononcé" qu'attendu de la croissance aux Etats-Unis, "peut-être même une récession". Une situation qui a fait réagir les ministres européens de l'Economie et des finances qui n'ont pas exclu une récession aux Etats-Unis, après le plongeon boursier. Les prévisions de croissance pour l'année 2008 sont, de ce fait, revues à la baisse et qui ne dépasseraient pas les 2%. Partant de là, le marché énergétique sera sans aucun doute affecté. Le ministre de l'Energie et des Mines et président en exercice de l'Opep, Chakib Khelil, a déclaré, en marge de la cérémonie de signature d'un contrat de réalisation d'un grand centre des conventions à Oran, destiné à accueillir en 2010 la 16e Conférence internationale du GNL que l'organisation "s'attend à une baisse de la demande mondiale de brut au 1er semestre de l'année en cours". Chakib Khelil fait le lien entre la récession économique et la baisse des prix du pétrole. Il a, dans ce sens, expliqué que la récession économique mondiale et la baisse du dollar ont "affecté le prix du baril qui a perdu deux dollars ces dernières semaines".