Nissan va suspendre le développement conjoint de voitures haut de gamme avec Daimler, ont dit des sources à Reuters, immobilisant ainsi un projet central dans la collaboration entre les marques Infiniti et Mercedes-Benz. La décision de suspendre ce nouveau partage de plates-formes de véhicules et d'abandonner plusieurs futurs modèles Infiniti, la marque haut de gamme de Nissan, basés sur une architecture Mercedes, pourrait peser sur la rentabilité de la nouvelle usine d'assemblage partagée entre le groupe japonais et son partenaire allemand, au Mexique, ont précisé deux sources. Parmi les projets de modèles arrêtés figure la berline compacte Infiniti Q40 sur base Mercedes programmée pour 2018. Selon les sources, la décision de Nissan pourrait également conduire le groupe japonais à déprécier une partie de l'investissement de 250 millions de livres sterling (290 millions d'euros environ) qu'il a réalisé sur son site britannique de Sunderland dans le cadre du travail avec Daimler. Renault et Nissan ont élargi en 2010 leur alliance au groupe allemand. Dans ce cadre, Mercedes fait déjà assembler par exemple une fourgonnette dans une usine Renault, se fournit auprès du groupe français en petit moteurs diesel et a dévoilé un pick-up sur base Nissan. Dans le premium, Infiniti a commencé de son côté à utiliser la plate-forme "MFA" de la Mercedes Classe A pour ses propres véhicules compacts type Q30 et QX30. Mais en octobre dernier, le groupe japonais a décidé de ne pas aller plus loin et de pas recourir à "MFA2", architecture modernisée de Daimler qu'il a financée conjointement, parce que les ventes et les tarifs d'Infiniti n'ont toujours pas atteint un niveau compatible avec les coûts des composants de la nouvelle plate-forme, ont expliqué les sources. Daimler et Nissan ont dit dans des déclarations séparées envoyées à Reuters ne poursuivre des programmes conjoints que lorsqu'ils profitent aux deux parties. Il n'ont pas répondu spécifiquement à des questions sur l'avenir de la plate-forme MFA 2. Les deux constructeurs prévoyaient d'utiliser cette plate-forme de voiture compacte pour l'ouverture cette année de leur usine d'un milliard de dollars à Aguascalientes, au Mexique, une coopération qui devait permettre au site de gagner en simplicité et d'en réduire les coûts de production. "Il n'a pas été possible de trouver un accord sur la base de MFA2", a dit une source. "Les objectifs fixés par Infiniti étaient trop difficiles à atteindre." Infiniti a la peine dans le premium Ce revers pour Carlos Ghosn, P-DG de Renault-Nissan, et Dieter Zetsche, son homologue de Daimler dont il est aussi très proche, illustre par ailleurs les difficultés de Nissan à installer sa marque haut de gamme au-delà du seul marché américain. Le premier modèle Infiniti remonte à 1989, tout comme la première Lexus, marque haut de gamme de Toyota, mais les ventes de cette dernière ont progressé nettement plus vite et pèsent aujourd'hui trois fois celles de sa rivale nippone. Les livraisons d'Infiniti pour 2016 représentent 230.000 unités, dont seulement 16.000 en Europe occidentale, très loin derrière les deux millions de Mercedes écoulées. Lors de la présentation du programme en 2014, Carlos Ghosn l'avait décrit comme "l'un des plus grands projets entre l'alliance Renault-Nissan et Daimler". Mais outre l'équation économique, l'idée d'utiliser la technologie Mercedes pour des Infiniti s'est heurtée dès le début à l'hostilité de l'ingénierie de Nissan, a souligné une source. L'usine mexicaine devra se contenter d'une seule ligne d'assemblage moins efficiente puisque des modèles sur base Mercedes alterneront avec des modèles Infiniti à architecture Renault-Nissan. Il s'agit pour le futur site d'une nouvelle difficulté alors que le président américain élu Donald Trump a promis de pénaliser les importations automobiles mexicaines. Selon les sources, la décision de Nissan sur la nouvelle architecture de Daimler n'est cependant pas liée à la victoire de Donald Trump, à laquelle elle est d'ailleurs antérieure.