Comme chaque début d'année, institutions et experts sont invités à livrer les bilans de l'exercice écoulé. Comme chaque début d'année, une avalanche de chiffres est ainsi communiquée aux citoyens qui, comme chaque année se mêlent les pinceaux à saisir la pertinence de ces chiffres. Selon le secrétaire général de l'Association nationale des exportateurs algériens (Anexal), M. Nasri Ali Bey, le volume des exportations hors hydrocarbures réalisé par l'Algérie en 2007 est de l'ordre de 3,7 milliards de dollars. Ce chiffre donné par M. Nasri contraste avec celui communiqué par le Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis) relevant des Douanes nationales. En effet, pour le Cnis, les exportations hors hydrocarbures, qui demeurent marginales avec seulement 2,2% du volume global des exportations, se chiffrent à 1,31 milliard dollars. Si, par ailleurs, on se tient au chiffre global de 60 milliards de dollars d'exportations donné par le commissaire général de la planification et de la prospective, M. Brahim Ghanem, lors du point de presse hebdomadaire organisé par le ministre de la Communication, et celui de 59 milliards de dollars, représentant les recettes d'hydrocarbures, il semblerait peu évident de considérer avec pertinence les 3,7 milliards de dollars de l'Anexal. Cette profusion de chiffres pour le moins contradictoires ne peut que cultiver le doute quant à l'évolution de notre économie, d'autant qu'il s'agit de l'évolution du secteur hors hydrocarbures. Un secteur appelé à jouer un rôle important dans la pérennité de l'économie nationale, laquelle demeure dépendante de l'instabilité du marché des hydrocarbures. Pourtant, la valse des chiffres donnés par le gouvernement nous donne à penser que tous les indicateurs économiques sont au vert. Un chômage en baisse, une croissance de l'économie bien orientée, alors que le produit intérieur brut (PIB) par habitant, lui aussi en nette augmentation, aurait atteint 4 000 dollars. Cependant, l'érosion du pouvoir d'achat des citoyens, le chômage qu'on annonce pourtant en baisse à 11, 8 % continuent d'altérer le paysage formé par ces données macroéconomiques. Le constat que certains experts font de l'économie nationale est sans appel. Bien que les différents indicateurs macroéconomiques militent en faveur d'une bonne santé économique, il n'en demeure pas moins que la réalité est, selon eux, tellement inquiétante qu'il y a nécessité de changer tout le système.