Le président gambien sortant Yahya Jammeh a proclamé avant-hier l'état d'urgence, invoquant "un niveau d'ingérence étrangère exceptionnel et sans précédent" dans le processus électoral et les affaires du pays, dans une déclaration télévisée. Jammeh a fait cette annonce à deux jours de l'investiture prévue de son successeur élu Adama Barrow, accueilli au Sénégal jusqu'à cette date et dont il conteste en justice la victoire à l'élection du 1er décembre. Il a également déploré "l'atmosphère hostile injustifiée qui menace la souveraineté, la paix et la stabilité du pays". Selon la Constitution, l'état d'urgence dure sept jours lorsqu'il est proclamé par le chef de l'Etat, mais peut être porté à 90 jours avec l'approbation de l'Assemblée nationale. La Gambie est plongée dans une grave crise depuis que M. Jammeh a annoncé le 9 décembre qu'il ne reconnaissait plus les résultats de l'élection présidentielle, une semaine après avoir pourtant félicité M. Barrow pour sa victoire. Yahya Jammeh affirme vouloir rester en place tant que la justice n'aura pas statué sur ses recours électoraux, malgré les pressions internationales pour qu'il cède le pouvoir jeudi à la fin de l'expiration de son mandat. La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao, 15 pays dont la Gambie) a notamment prévenu à plusieurs reprises qu'elle pourrait avoir recours à la force en dernier ressort. Tentative de médiation marocaine pour obtenir le départ de Jammeh Le Maroc mène actuellement une "médiation discrète et de la dernière chance" en Gambie pour obtenir le départ du président Yahya Jammeh après sa défaite électorale face à Adama Barrow, a révélé mardi un site d'information en ligne marocain. Le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères, Nasser Bourita, et Yassine Mansouri, chef des services de renseignements extérieurs du royaume, "mènent depuis quelques jours" une "mission délicate à Banjul", a indiqué Le Desk. L'objectif serait de persuader le chef de l'Etat gambien de "céder le pouvoir" et "d'accepter sa défaite aux élections contre l'éventualité d'une retraite dorée au Maroc", affirme Le Desk, qui cite des "sources diplomatiques concordantes". Cette "médiation discrète" serait celle "de la dernière chance", après l'échec de l'initiative du Nigeria et de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), selon ce même site d'information. Sollicité pour confirmer ces informations, le ministère marocain des Affaires étrangères n'a pas donné suite. Rabat entretient historiquement de bonnes relations avec la Gambie, qu'avait visitée le roi Mohammed VI en 2006. Ce pays d'Afrique de l'Ouest est plongé dans une grave crise depuis que M. Jammeh a annoncé le 9 décembre qu'il ne reconnaissait plus les résultats de la présidentielle du 1er décembre, une semaine après avoir pourtant félicité M. Barrow pour sa victoire. L'investiture de M. Barrow, actuellement accueilli au Sénégal voisin, est prévue jeudi, alors que les pays de la région se mobilisent pour obtenir le départ du président Jammeh. Le ministre Bourita avait séjourné fin décembre/début janvier en Mauritanie, où la presse locale s'était déjà fait l'écho d'une possible tentative de médiation avec la Gambie. Elle intervient à deux semaines d'un sommet des chefs d'Etat de l'Union africaine, fin janvier à Addis Abeba, une réunion cruciale pour le Maroc qui doit y obtenir son retour au sein de l'organisation continentale, qu'il avait quittée en 1984 pour protester contre l'admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) proclamée par le Front Polisario au Sahara occidental, un territoire sous contrôle marocain et que Rabat considère comme sien. Depuis l'annonce en juillet 2016 de ce prochain retour, le pays mène une vaste offensive diplomatique pour baliser le terrain, et le roi Mohammed VI a enchaîné les tournées en Afrique, mettant en avant son "engagement" en faveur du continent. Une médiation diplomatique en Gambie est une "carte à jouer à la veille du sommet" de l'UA et un succès "assurerait au roi un statut de faiseur de paix appréciable", commente à ce propos Le Desk.