Storengy, filiale d'Engie, a rappelé hier l'importance stratégique des sites de stockage du gaz naturel en France, fortement sollicités en cette période de grand froid, et a de nouveau invité à une régulation du secteur confronté à une désertion croissante de certains fournisseurs. "Les stockages souterrains de gaz naturel, c'est un des éléments essentiels du système gazier français en particulier, et européen en général, pour assurer le bon fonctionnement du réseau ainsi que la sécurité de l'approvisionnement en gaz", a expliqué Bertrand Fauchet, directeur général adjoint de Storengy à l'occasion d'une visite du site de stockage de gaz de Saint-Illiers-la-Ville (Yvelines). De fait, la capacité actuelle de stockage de Storengy "permet de couvrir 25% de la consommation française et dans les pics de consommation en hiver, 50% du gaz qui alimente les consommateurs provient des stockages", a précisé Cécile Prévieu, directrice générale de Storengy. Mais à l'heure où le premier opérateur de stockage souterrain en Europe fait fonctionner ses infrastructures quasiment à plein régime en raison de la forte demande liée à la vague de froid, il en profite aussi pour tirer à nouveau la sonnette d'alarme. "Les fournisseurs qui alimentent des clients finaux doivent mettre du gaz à l'intérieur des installations pour qu'elles fonctionnent" mais "il se trouve qu'actuellement, ces clients ont un appétit très très faible pour nos infrastructures", déplore M. Fauchet. En cause: l'écart de prix entre le gaz que ces fournisseurs achètent en été au moment de remplir les réservoirs de stockage et la valeur de ce même gaz lorsqu'ils le fournissent à leurs clients en hiver. Ce différentiel est en effet bien en dessous du prix du stockage. "Actuellement, les marchés du gaz ne reconnaissent pas la valeur qu'apporte le stockage et le +spread+, c'est-à-dire l'écart de prix entre l'été et l'hiver, est très en dessous de ce que coûte un stockage", explique le directeur adjoint de Storengy. Du coup, "nos clients souscrivent beaucoup moins de capacités que par le passé et nous avons un problème de sous-remplissage", relève-t-il. En conséquence, Storengy a dû mettre trois de ses sites français "sous cocon", c'est-à-dire en sommeil, mais également acheter lui-même une partie du gaz qui a été injecté dans les stockages en été pour être soutiré durant l'hiver. "On est dans un système qui est en train d'arriver un peu à bout de souffle", concède M. Fauchet, rappelant que le ministère de l'Energie a lancé en 2015 une grande réforme afin de parvenir à un système plus vertueux, mais qu'elle peine à aboutir après un avis défavorable du Conseil d'Etat rendu cet été. Une mission interministérielle, lancée conjointement par Bercy et le ministère de l'Energie en janvier, a depuis repris le dossier. "Les travaux démarrent et devraient se terminer dans le courant du premier trimestre 2017 de manière à ce qu'on puisse arriver à un dispositif législatif qui permette d'assurer cette pérennité du système", a conclu M. Fauchet.
La Sonatrach fait "l'impossible" pour rétablir la situation Le groupe pétrolier et gazier algérien Sonatrach fait "l'impossible" pour reprendre ses livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) vers le terminal français de Fos-sur-mer (Bouches-du-Rhône), a assuré lundi la directrice générale d'Engie, Isabelle Kocher. La Sonatrach "a connu des difficultés techniques dans ses propres capacités d'envoi de gaz naturel liquéfié. Ils n'ont pas pu nous livrer les bateaux de GNL qui arrivent à Fos-sur-mer, dans le Sud-Est", a expliqué Mme Kocher. Le gestionnaire du réseau de transport de gaz GRTgaz, filiale d'Engie, avait alerté la semaine dernière sur la situation "assez préoccupante" de l'approvisionnement en gaz dans le sud-est de la France, en pleine vague de froid, du fait notamment du quasi-arrêt des livraisons de gaz depuis l'Algérie. Ces problèmes de la Sonatrach sont intervenus "non pas dans la production de son gaz mais dans la liquéfaction de son gaz", dans le fonctionnement de ses terminaux, a insisté la directrice générale d'Engie. Le directeur général de GRTgaz, Thierry Trouvé, avait évoqué mardi un "problème de production" de l'Algérie. Mais la Sonatrach a "bien pris la mesure de l'enjeu" pour la France en cette période de grand froid et ils "font l'impossible" pour remédier à cette situation, a fait valoir Mme Kocher. Ces livraisons devraient vraisemblablement reprendre dans les prochains jours, a-t-elle ajouté. La situation de l'approvisionnement en gaz est particulièrement tendue depuis le début de l'hiver, avec l'arrêt de plusieurs centrales nucléaires qui entraîne un fonctionnement maximal des centrales à gaz pour produire de l'électricité et alimenter le chauffage des Français. En conséquence, les sites de stockage de gaz naturel français sont fortement sollicités, particulièrement les réservoirs salins d'Etrez (Ain), de Tersanne (Drôme) et de Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), prévient Storengy, filiale d'Engie. Première livraison au terminal de Dunkerque depuis sa mise en service Le terminal méthanier de Dunkerque a reçu lundi sa première livraison de gaz naturel liquéfié (GNL) depuis sa mise en service commerciale le 1er janvier dernier, ont indiqué EDF et le groupe RasGas dans un communiqué conjoint. Le groupe qatari et EDF ont signé en juin dernier un contrat prévoyant la livraison à Dunkerque d'au maximum 2 millions de tonnes de GNL par an. Le terminal est exploité par la société Dunkerque LNG, détenue par EDF (65%), le belge Fluxys (25%) et Total (10%). Une fois débarqué, le GNL est regazéifié, avant d'être acheminé par gazoduc vers les consommateurs. Le site a une capacité de regazéification de 13 milliards de m3 par an. Le terminal devait entrer en service initialement mi-2015 mais il a connu divers contretemps.