Les Français ont beau être mécontents des tarifs de leur banque, ils ne sont qu'une minorité à vouloir en changer, montre une étude publiée lundi par le cabinet h2/agency à l'occasion de l'entrée en vigueur de la loi Macron, qui facilite les démarches pour transférer les comptes d'un établissement à un autre. Selon ce sondage, réalisé sur internet du 19 au 27 janvier à partir d'un échantillon représentatif de 4.000 personnes, 86% des personnes interrogées se déclarent d'accord avec l'affirmation : "en matière de services bancaires, on paye toujours trop cher. On cherche toujours à nous arnaquer." Paradoxalement, ils sont aussi 87% à approuver l'expression : "à moins d'avoir un gros problème, je suis fidèle à ma banque." Selon h2/agency, la faible mobilité bancaire en France, estimée à environ 4%, reflète une "fidélité passive" qui s'explique par les difficultés ressenties face aux démarches nécessaires pour transférer ses comptes. L'entrée en vigueur de la loi Macron et sa prise en compte par le grand public encouragera grandement, estime l'étude, les Français à se poser la question d'un changement de banque. "La loi Macron pourrait fortement amplifier le 'churn' au cours des 12 prochains mois et modifier les parts de marché au profit des banques en ligne", selon l'étude. La banque en ligne de Société générale, Boursorama, a publié de son côté le 30 janvier une étude selon laquelle la loi Macron multiplierait par quatre les intentions de changer d'établissement bancaire, notamment au profit des banques digitales.
"Opportunité" Malgré les craintes que pourrait susciter dans le secteur cette concurrence accrue, les banques françaises assurent qu'elles joueront le jeu et la Fédération bancaire française (FBF) que le dispositif est opérationnel. "C'est une opportunité pour nous de mettre en avant nos atouts", a dit à Reuters Raphaèle Leroy, responsable des relations consommateurs chez BNP Paribas. La banque de la rue d'Antin va par exemple lancer une offre de bienvenue permettant aux nouveaux clients de tester gratuitement ses services durant un an. Tous les grands réseaux français, à l'exception du mutualiste BPCE, possèdent une banque en ligne et pourraient limiter leurs pertes en récupérant en ligne une partie de la clientèle perdue en agence. A la suite de l'émoi causé par la généralisation des frais de tenue de compte au sein des grandes banques françaises, le gouvernement a encouragé en 2016 les Français à faire jouer la concurrence en changeant de banque. Le ministère des Finances a notamment lancé un comparateur des frais facturés par les différents établissements bancaires.