Les grandes banques françaises ont réalisé plus de 21 milliards d'euros de bénéfices en 2010, portées par la reprise, et ont mis résolument la crise derrière elles, mais les mouvements de fusion qui ont accompagné la crise ont profondément modifié le paysage bancaire français. Ces quatre années ont profondément bouleversé la hiérarchie entre les ténors de la place bancaire en termes de performance financière. Soit parce que certains ont mené, dans cette période trouble, des opérations de fusion qui se sont révélées des succès: c'est le cas de BNP Paribas- Fortis et, dans une configuration très différente, de Banques populaires- Caisses d'épargne, rapporte Le Figaro. Soit parce que, en sens inverse, certains acteurs ont acquitté un prix plus élevé que les autres à la crise : la Société générale et le Crédit agricole apparaissent comme les deux grands perdants de ces dernières années. BNP Paribas, Crédit agricole et autres BPCE ont tiré l'enseignement de cette crise. A l'exception de Dexia, encore plongé dans ses travaux de transformation, tous les établissements ont publié des résultats en forte hausse en 2010, indique-t-on de même source. BNP Paribas a largement distancé ses concurrents: en 2010, elle gagne plus que la Société générale et le Crédit agricole réunis. En 2006, dernière année avant la crise des subprimes, la banque de la Défense avait dégagé un bénéfice inférieur de 30% à celui de son rival de toujours. BNP Paribas retrouve le niveau de résultat qui était le sien en 2007 - son record. La banque de la rue d'Antin aurait même pu franchir la barre des 8 milliards d'euros de profits, mais elle a prudemment déprécié de 534 millions d'euros sa participation de près de 5% dans l'assureur Axa. En 2009, le gouvernement français avait accéléré la fusion entre les Banques populaires et les Caisses d'épargne (BPCE), ravagées par les pertes de leur filiale Natixis. Un an après, le groupe BPCE affiche un bénéfice équivalent à celui du Crédit agricole. En 2006, le bénéfice cumulé des deux réseaux mutualistes s'élevait à 3,1 milliards d'euros quand le groupe Crédit agricole gagnait 7,1 milliards d'euros. Le nouveau géant de la banque de détail éclipse les 2,1 milliards d'euros de profits dégagés par CM5-CIC, le principal groupe de Crédit mutuel. De son côté, La Banque postale visait un bénéfice d'exploitation de 720 millions d'euros. Le Crédit agricole et la Société générale font pâle figure. En forte hausse, les résultats 2010 de ces deux établissements ont été salués par les marchés. Néanmoins, ils continuent de payer le prix de plusieurs faux pas. Les deux banques ont dû digérer sur trois ans une très lourde facture d'environ 9 milliards d'euros chacune liée à leur exposition aux actifs toxiques. Facture creusée chez la Société générale, par Jérôme Kerviel, d'une perte de 4,9 milliards d'euros. Le Crédit agricole de son côté paie au prix fort les conséquences d'une expansion trop rapide en Europe du Sud.
Le secteur mutualiste réalise 10,9 milliards d'euros
Dans le secteur mutualiste, le groupe CM5-CIC - qui rassemble cinq fédérations du Crédit Mutuel ainsi que le CIC – vient de rendre public un bénéfice net de 2,34 milliards d'euros, en hausse de 60,4 % sur un an, confortant ainsi ses fonds propres. La banque a réalisé l'an dernier 25% de son produit net bancaire (l'équivalent du chiffre d'affaires) à l'étranger. Le montant total du produit net bancaire s'élève à 10,9 milliards d'euros. Le groupe, qui se réjouit «du dynamisme de son réseau», continue à se renforcer. Tout d'abord en Espagne, à travers la création d'un réseau avec Banco Popular. En France, ensuite, où le CM5 (qui rassemble les fédérations de Centre-Est Europe, Île-de-France, Sud-Est, Savoie-Mont-Blanc et Midi-Atlantique) est devenu le CM10, le 1er janvier, avec l'adhésion à la caisse fédérale du Crédit mutuel de cinq caisses régionales dont Dauphiné-Vivarais et Méditerranée. Les résultats satisfaisants des banques françaises BNP Paribas a affiché des niveaux de rentabilité insolents avec un bénéfice net de 7,8 milliards d'euros en 2010 (plus 34 %), soit un résultat identique à celui atteint en 2007, un record. La Société Générale a publié un bénéfice annuel quasiment sextuplé à 3,9 milliards d'euros. La banque vise un bénéfice net de 6 milliards d'euros en 2012 et l'objectif d'une rentabilité de 14 à 15 % en 2012. Le groupe Banque populaire Caisse d'Epargne (BPCE), grâce à une importante hausse de son bénéfice net et il achèverait de rembourser les 2,2 milliards encore dus à l'Etat avant la fin du premier trimestre sur les 7,1 milliards prêtés. Le groupe s'était initialement fixé une échéance à fin 2012 pour s'acquitter de sa dette. Enfin, le Crédit Agricole a basculé en raison de dépréciations à l'étranger. Toutefois, la banque n'aura pas besoin de lever de fonds pour respecter les normes du nouveau cadre réglementaire Bâle III (une nouvelle réglementation qui impose aux banques de renforcer leurs fonds propres). Sur les trois derniers mois de l'année, la banque verte a vu ses comptes plombés de 1,4 milliard d'euros par une dépréciation sur sa participation dans l'Italienne Intesa Sanpaolo, clôturant la période sur une perte de 328 millions d'euros. Elle reste néanmoins largement bénéficiaire sur l'année, avec des profits en hausse de 12% pour l'entité cotée Crédit Agricole SA et de 31% pour le groupe tout entier, à 3,6 milliards d'euros.