L'économie américaine s'est développée à un rythme modeste à modéré de début janvier à mi-février et l'optimisme des entreprises s'est altéré dans un contexte d'incertitudes sur la politique budgétaire du nouveau président Donald Trump, écrit la Réserve fédérale dans son "livre beige" publié mercredi. "Les entreprises ont été généralement optimistes sur les perspectives à court terme mais à un degré quelque peu moindre que dans la précédente enquête", souligne la Fed dans ce document qui servira de base aux discussions lors de sa prochaine réunion de politique monétaire les 14 et 15 mars. La banque centrale américaine a relevé ses taux d'intérêt en décembre, pour l'unique fois de 2016, mais elle devrait accélérer le rythme de son resserrement monétaire cette année sur fond de chômage faible et de redressement de l'inflation. Le livre beige indique que le marché du travail est resté tendu en ce début d'année, certaines régions signalant une aggravation des pénuries de main d'œuvre. Certaines régions ont aussi rapporté que le manque de main d'oeuvre qualifiée contribuait à faire grimper les salaires. Deux responsables influents de la Fed ont laissé entendre mardi qu'une hausse des taux pourrait intervenir dès la prochaine réunion du mois de mars. La Réserve fédérale attend toujours des précisions sur la politique économique de Donald Trump, qui a promis des baisses d'impôts et de vastes dépenses d'infrastructures tout en évoquant une taxe sur les importations, pour affiner ses propres anticipations macroéconomiques. Ce livre beige a été réalisé par la Fed de New York sur la base de données recueillies jusqu'au 17 février.
Le marché automobile attendu en baisse Les ventes d'automobiles aux Etats-Unis, considérées comme un indicateur avancé de la consommation des ménages, ont légèrement baissé en février, mais restent solides, selon les chiffres annoncés mercredi par les trois principaux constructeurs, qui soulignent la bonne performance des pick-ups et des SUV. General Motors, numéro un en termes de ventes aux Etats-Unis, a déclaré que le secteur devrait enregistrer un recul de 1% mais afficher encore des ventes solides, à 17,5 millions d'unités, en données corrigées des variations saisonnières. Les 38 économistes interrogés par Thomson Reuters anticipaient en moyenne des ventes à 17,7 millions d'unités. GM a dépassé pour son propre compte les attentes des analystes avec des ventes en hausse de 4,2%. Ford Motor, numéro deux, a fait état d'un repli de 4% de ses ventes, tout en faisant mieux que le consensus. Les ventes de ses pick-ups F-Series ont progressé de 9% et celles de ses SUV de 6%, mais ses ventes de voitures ont chuté de 24% par rapport à février 2016, a indiqué Ford. Nissan Motor a également fait mieux que prévu, avec une hausse de 3,5%, à laquelle a largement contribué son SUV Rogue (+54%). Les rabais consentis aux consommateurs, qui rognent les profits des entreprises, ont augmenté en février, selon des observateurs du secteur, qui soulignent toutefois que le prix moyen des voitures neuves à également augmenté. Le pourcentage de rabais consentis au consommateur s'est élevé à 10,3% sur le prix moyen de vente, a indiqué J.D.Power. C'est la première fois qu'il dépasse les 10% depuis 2009, la plus mauvaise année pour le secteur, ajoute-t-il. GM a précisé que les ventes au détail pour les camions et les crossovers avaient respectivement augmenté de 18% et 15%. Celles de son Chevrolet Silverado, au détail et globalement, ont grimpé de 17%, leur meilleure performance depuis 2007.
La croissance manufacturière s'accélère La croissance de l'activité du secteur manufacturier aux Etats-Unis a accéléré plus fortement qu'attendu en février, montrent mercredi les résultats de l'enquête mensuelle de l'Institute for Supply Management (ISM) auprès des directeurs d'achats. Son indice d'activité a progressé à 57,7 le mois dernier, à son plus haut niveau depuis août 2014, après 56,0 en janvier. Les économistes interrogés par Reuters prévoyaient en moyenne un indice inchangé, à 56,0. Le sous-indice des nouvelles commandes est en forte hausse également, passant de 60,4 en janvier à 65,1 en février et retrouvant son pic de décembre 2013. Celui de l'emploi en revanche est en baisse à 54,2, après 56,1 en janvier, qui était un sommet depuis août 2014. Les économistes attendaient en moyenne 55,9. La composante des prix acquittés a baissé quant à elle à 68,0 en février, après 69,0 en janvier, qui était son plus haut niveau depuis mai 2011, et contre un consensus de 68,0. Un autre indice PMI manufacturier publié mercredi, celui de Markit, s'est établi à 54,2 en version définitive, contre 54,3 en première estimation et 55,0 en janvier.
Baisse inattendue des dépenses de construction Les dépenses de construction aux Etats-Unis ont reculé de manière inattendue en janvier, la baisse des investissements publics, la plus importante depuis 2002, ayant contrebalancé la hausse des investissements privés, montrent les chiffres publiés mercredi par le département du Commerce, ce qui annonce une croissance économique modérée au premier trimestre. Les dépenses de construction ont baissé de 1,0% à 1.180 milliards de dollars, après une hausse de 0,1% en décembre, chiffre révisé à la hausse. Les économistes interrogés par Reuters tablaient en moyenne sur un gain de 0,6% en janvier. Par rapport à janvier 2016, les dépenses de construction ont augmenté de 3,1%. En janvier, les dépenses de construction publiques ont chuté de 5%, leur plus forte baisse depuis mars 2002, après un repli de 1,4% en décembre. Il s'agit de leur troisième mois de baisse d'affilée. Au niveau du gouvernement fédéral, les dépenses de construction ont reculé de 7,4%, leur plus net repli depuis mai 2014, mettant un terme à trois mois consécutifs de hausse. Les investissements privés ont progressé de 0,2% en janvier, en hausse pour le quatrième mois d'affilée. Les investissements pour les constructions résidentielles ont augmenté de 0,5%, leur plus haut niveau depuis août 2007.