Alors qu'on est à l'aube de la campagne électorale autour des législatives et à quelques semaines de la tenue de ce scrutin législatif prévu le 4 mai prochain, l'opinion publique entend déjà que le coup de signal d'une curée électorale néfaste a été donné. La question est sur toutes les lèvres. Pas seulement sur celles des hommes politiques sérieux et des nouvelles personnalités jeunes qui ont émergé avec force et dynamisme durant ces dernières années, mais aussi sur celles des pouvoirs publics qui malheureusement gardent le silence sur un phénomène grave à savoir : la corruption des consciences qui prend une ampleur grave. L'argent sale fait son entrée. C'est déjà la corruption électorale, l'argent sale est distribué comme ça ne s'était jamais vu dans aucune autre échéance électorale. Le jeune, le fellah, le travailleur, le citoyen du pays profond, tous s'interrogent sur le sens de la responsabilité de ces candidats qui versent dans la corruption électorale des électeurs et aussi sur l'appréciation et le contenu qu'ils donnent au fonctionnement politique de certains acteurs et de leur utilisation de la démocratie et à son détournement de son lit. Sans surprise, les citoyens assistent médusés au lancement de cette corruption plus grave et plus généralisée à l'approche du scrutin législatif du 4 mai prochain. Les corrupteurs sont désignés par la vox populi. Il s'agit de ces oligarques placés par de nombreuses formations politiques " tête de liste ". Nombreux, sans surprise, ce sont les candidats et leurs partis qui se lancent dans la distribution de l'argent pour avoir les faveurs de l'électorat, mais à quel prix… L'origine de ces milliards balancés au su et au vu de tout le monde, soulève de nombreuses questions, de nombreuses interrogations. Des hommes d'affaires qui s'orientent vers la politique à l'aide de la "Chkara ". Une pratique qui est loin des principes de la démocratie et d'une compétition électorale loyale, mais aussi des aspirations de la majorité des citoyens. Achat de conscience comme jamais, violences comme jamais à l'intérieur des militants de chaque parti, c'est vraiment le Rubicon qui a été franchi. Oui. En toute logique, le Rubicon était franchi, au niveau presque de toutes les formations politiques. Les échos ici est là montrent qu'il a été enregistré des affrontements entre militants d'un même parti, échauffourées, actes de vandalisme, agressions mortelles. Une telle situation dégradante de l'acte politico-démocratique offre des atouts supplémentaires à ces distributeurs de milliers de dinars pour multiplier les faits accomplis et la violation de la loi au milieu de l'indifférence de tous. Quoi qu'il en soit, l'achat de conscience peut constituer fort bien le point de départ d'un durcissement de l'électorat face à l'arrogance d'un paysage politique perdu à jamais, mais apte plus que jamais à la surenchère électorale. Les pouvoirs publics, le citoyen lui-même doivent se rendre compte que le paysage politique dans ces conditions regrettables fait dans la spéculation. Une bombe à retardement est donc déclenchée puisque les questions de la spoliation de l'acte de vote et de la spéculation politicienne font surface librement. Le risque est grand qu'au jour J du scrutin on assiste à un spectacle lamentable… Face à tous ces événements que tout le monde regrette, la haute instance indépendante chargée de la surveillance des élections se mue dans un silence obstiné malgré les multiples arguments en présence, l'étonnement de la presse nationale, l'indignation des milieux politiques sérieux et de tous ceux qui sont attachés à la démocratie. En effet, candidats et partis sont en train d'imposer la poigne d'un véritable réseau avec ses exécuteurs pour rançonner les électeurs ou pour violer le camp politique de l'autre. Ce phénomène nouveau constitue indéniablement une culture politique grave, sinon plus, qu'une subversion. Dès lors, faute d'être à la hauteur démocratique de cette échéance, d'un tel défi, l'entrée de l'argent sale dans le jeu politique est ressentie comme procédant d'une volonté de détourner le choix, l'attention des électeurs sur l'incompétence des candidats d'où le fait pour ces derniers de se transformer en corrupteurs eux et leurs partis. Quoi qu'il en soit, de l'issue de cette partie de poker à l'Algérienne, les jeux apparaissent d'ores et déjà truqués par l'entrée en lice de l'argent dont les détenteurs-candidats tiennent à accaparer toutes les cartes d'un électorat déjà désuni quant au fond, mais unifié par la force lorsqu'il s'agira de l'intérêt de la collectivité nationale.