La campagne pour les élections législatives ne démarre officiellement que le 16 avril. Néanmoins qu'ils soient anciens ou nouveaux sur l'échiquier politique, les partis qui sont engagés dans la compétition électorale sont déjà allés à la pêche aux voix pour leurs listes de candidats. De cette ébauche de campagne avant l'heure, il est à constater qu'à l'exception de quelques formations ayant la chance d'avoir pour locomotive une personnalité assez charismatique pour leur assurer de l'affluence populaire aux manifestations électorales qu'elles organisent, les autres peinent à capter l'attention citoyenne. Il en ressort que l'agitation partisane tous bords confondus est loin d'avoir suscité un climat de fièvre électorale. Les seuls endroits où la compétition électorale est évoquée et ses résultats supputés sont ces lieux publics où le microcosme partisan accro à la politique se rencontre et se croise. Le citoyen lambda lui ne donne nullement l'impression de s'intéresser à ce que font et disent les partis en lice, sauf quand de croustillantes rumeurs lui parviennent les concernant. Ce qui n'a pas manqué autour de la façon dont certains de ces partis ont confectionné leurs listes de candidats. Et ce qui lui est rapporté des mercantiles marchandages auxquels ces partis se sont adonnés pour leur confection n'est pas pour l'inciter à aller à leur rencontre pour écouter le discours moralisant que la plupart ont adopté comme offre électorale. La précampagne se déroule donc sans que soient apparus les signes que l'Algérie vit un moment électoral que les autorités et les partis intéressés s'échinent à présenter comme devant être déterminant par ses enjeux de l'avenir de la Nation. La majorité des Algériens a clairement conscience que le pays est dans une crise politique dont il ne peut sortir que s'il est mis fin au statu quo de même nature qui fait obstacle à cette sortie. Mais ils sont bien peu à penser que les élections législatives prochaines vont contribuer à mettre fin à ce statu quo politique cause de la grave et délicate situation dans laquelle le pays se débat. A tort ou à raison, le citoyen n'entrevoit pas de nouveauté dans les dispositions prises par les autorités pour censément faire que le scrutin du 10 mai ne sera pas une simple formalité aux résultats formatés à l'avance comme le furent les précédents. Sa défiance à l'égard des partis en lice ne s'est en rien atténuée d'autant que presque tous disent une chose et son contraire sur le scrutin à venir. C'est ainsi par exemple qu'ils dénoncent pour ce scrutin une fraude qui aurait déjà commencé, mais appellent l'électorat non à le boycotter mais à y participer massivement. Une logique ésotérique pour l'électeur s'étant abonné à aller à la pêche le jour des élections plutôt que de cautionner des scrutins aux résultats déterminés par avance. Il va être difficile aux partis de convaincre l'électorat qu'il en sera autrement cette fois-ci.