Un comité ministériel de membres de l'Opep et de pays non membres du cartel a entamé dimanche une réunion à Koweït pour vérifier le respect des engagements de réduction de la production pour équilibrer le marché. Le ministre koweïtien du Pétrole Essam al-Marzouk, qui préside le comité, a souligné que ces pays respectaient généralement leurs engagements mais a demandé plus. "Nous avons besoin d'un respect par tout le monde" des accords de réduction, a déclaré M. Marzouk à l'ouverture de la réunion à laquelle participent aussi les ministres du Pétrole ou de l'Energie de Russie, du Venezuela, d'Oman, d'Algérie et d'Irak. En cas de respect total de ces engagements, le marché pourrait revenir à l'"équilibre pendant le troisième trimestre de 2017", a-t-il estimé. Le ministre a averti que les stocks restaient élevés et que la volatilité des prix augmentait. Fin novembre, l'Opep a pris l'engagement de réduire pendant six mois à partir du 1er janvier sa production de 1,2 million de barils par jour (mbj). En décembre, des producteurs non membres de l'Opep, conduits par la Russie, se sont eux engagés à une réduction de production de 558.000 barils par jour. Début mars, M. Marzouk estimait que l'Opep respectait à 100% ses engagements mais que les non-Opep les respectaient à 50/60%. L'objectif de ces réductions de production est de favoriser une remontée des cours qui ont dégringolé depuis la mi-2014. Au Koweït, le comité ministériel, coprésidé par la Russie, doit également discuter d'une recommandation pour une extension de cet accord de réduction de la production.
Le pétrole finit en légère hausse Les cours du pétrole ont légèrement avancé vendredi sur un marché évitant de prendre des risques avant un week-end marqué par une réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Le cours du baril de "light sweet crude" (WTI), référence américaine du brut, a gagné 27 cents à 47,97 dollars sur le contrat pour livraison en mai au New York Mercantile Exchange (Nymex). A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord a pris 24 cents à 50,80 dollars sur le contrat pour livraison en mai à l'Intercontinental Exchange (ICE). "Le marché du pétrole est surtout en train d'attendre ce qui va se passer du côté de l'Opep", a mis en avant Carl Larry, de Frost & Sullivan. Plusieurs membres du cartel vont se réunir lors du week-end au Koweït afin d'évaluer la bonne mise en œuvre d'accords de baisses de production entrés en vigueur le 1er janvier. "C'est très important de savoir comment ils voient les choses: est-ce qu'ils vont prolonger les baisses de production ?", a avancé M. Larry "Ou est-ce qu'ils commencent à être un peu cyniques sur le sujet ?" Les pactes signés par les membres de l'Opep, qui impliquent aussi des pays extérieurs comme la Russie, ne tiennent pour l'heure que sur le premier semestre 2017 et nombre d'analystes estiment qu'il en faut plus pour rééquilibrer le marché mondial. Les experts de Saxo Banque n'hésitaient pas à carrément évoquer "l'échec des restrictions de production de l'Opep". "Les expéditions de l'Opep vers l'Asie, la plus grande et la plus florissante région consommatrice de pétrole au monde, ont augmenté de plus de 5% depuis janvier", ont-ils rapporté à cet appui, estimant que cela faisait douter d'une réduction de l'offre mondiale. D'autres éléments ont toutefois été jugés plus rassurants en cette fin de semaine: selon les experts de Commerzbank, l'Arabie saoudite, acteur dominant de l'Opep, a dit avoir réduit de 300.000 barils par jour (bj) ses exportations d'or noir vers les Etats-Unis et un cabinet indépendant, Oil movements, affirme que les cargaisons issues du cartel sont en baisse sur l'ensemble des pétroliers actuellement en mer.
Keystone relancé "Il faut aussi voir quel effet la reprise continue de l'activité des puits américains va avoir sur les décisions de l'Opep", a enchaîné M. Larry. Une nouvelle fois, le nombre de puits actifs a augmenté cette semaine aux Etats-Unis, selon un décompte publié le vendredi par le groupe Baker Hughes, alors que les compagnies locales ont déjà considérablement fait repartir leur activité, profitant manifestement des réductions engagées par l'Opep et ses partenaires. Cet état de fait a largement contribué au début du mois à faire chuter le marché de quelque 10%, alors qu'il avait été soutenu depuis la fin 2016 par les espoirs liés aux accords de l'Opep. "Le marché a beaucoup baissé, donc on assiste à un petit rebond", a nuancé Kyle Cooper, d'IAF Advisors, jugeant crucial pour les cours de repasser au-dessus du seuil symbolique des 50 dollars lors des prochaines séances. En ce qui concerne l'Amérique du Nord, le marché n'a par ailleurs guère réagi au feu vert du président américain Donald Trump à la construction de l'oléoduc controversé Keystone XL, auquel son prédécesseur Barack Obama avait mis son veto. La nouvelle est surtout "positive pour les producteurs canadiens", a expliqué dans une note Thomas P.J. Cape, du cabinet Evercore. L'oléoduc doit permettre d'acheminer du pétrole du Canada vers des terminaux aux Etats-Unis, et les analystes estiment que la diminution des coûts de transports permettra de faire monter le cours de l'or noir canadien par rapport à son homologue américain. "Lors des 12 derniers mois, le WTI valait 12-15 dollars de plus le baril que le WCS", la référence canadienne, a expliqué M. Cape. "Les acteurs du secteur pensent que la mise en fonction de Keystone devrait réduire cet écart d'au moins quelques dollars."