La frappe américaine contre une base militaire en Syrie qui a fait au moins 7 victimes divise la communauté internationale. La frappe de missiles américains visant la base aérienne de Shayrat, dans la région de Homs (ouest de la Syrie), qui a fait au moins sept victimes, n'a laissé personne indifférent. La communauté internationale s'est nettement divisée en deux camps: ceux qui approuvent la décision de Donald Trump et ceux qui condamnent cette démarche, jugée trop dangereuse, voire illégale. La Russie a dénoncé les attaques américaines contre la Syrie comme une " agression contre un Etat souverain ". Par ailleurs, Marine Le Pen s'est déclarée " étonnée ", car " M. Trump avait indiqué à plusieurs reprises qu'il n'entendait plus faire des Etats-Unis le gendarme du monde, et c'est exactement ce qu'il a fait hier ". La candidate Front national met également en garde contre " le même scénario que celui qu'on a pu voir en Irak, en Libye, qui en réalité sont des processus qui ont entraîné le chaos, qui ont fini par conforter le fondamentalisme islamiste. " La Chine a demandé d'" éviter toute nouvelle détérioration de la situation " en Syrie suite aux frappes américaines contre une base militaire syrienne et a condamné " l'usage d'armes chimiques, par n'importe quel pays ", d'après Mme Hua Chunying, porte-parole de la diplomatie chinoise. L'Iran, pour sa part, a " vigoureusement " condamné l'attaque américaine. Ce bombardement ne fera qu'" aider les groupes terroristes qui sont en déclin et compliquer encore la situation en Syrie et dans la région ", selon Bahram Ghassemi, porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, cité par l'agence Fars. Le Ministère grec de la Défense s'est déclaré opposé à toute intervention militaire en Syrie et a appelé au dialogue. Dans le contexte de la frappe US, la Bolivie a appelé à organiser des consultations du Conseil de sécurité des Nations Unies. Dans le camp des pro-bombardements, l'Arabie saoudite a déclaré " soutenir totalement " les frappes américaines et a salué la " décision courageuse " de Donald Trump. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a également approuvé " le message fort et clair " adressé par le président US au gouvernement syrien et a qualifié la frappe " d'exemple pour tout le monde libre ". Le gouvernement anglais a aussi déclaré son soutien à l'initiative américaine, tandis que Maykl Fellon, le secrétaire britannique à la Défense a toutefois exhorté la Russie à user de son influence pour faire cesser la guerre civile en Syrie. Le Japon " apprécie hautement l'engagement fort du président (Donald) Trump pour le maintien de l'ordre international et pour la paix et la sécurité des alliés et du monde ", selon les mots de Shinzo Abe, le Premier ministre japonais. Selon Angela Merkel et François Hollande, Bachar al-Assad porte " l'entière responsabilité " des frappes américaines, assurant d'autant plus que Washington les avait prévenus de son action. Jean-Marc Ayrault, le ministre français des Affaires étrangères, a déclaré que ces bombardements étaient un " signal " censé conduire la Russie et l'Iran à comprendre qu'ils ne peuvent plus " soutenir comme ils le font à bout de bras jusqu'à l'ignominie le régime de Bachar al Assad ". Sigmar Gabriel, le ministre allemand des Affaires étrangères, considère pour sa part " compréhensible " la démarche américaine et prône une solution politique sous l'égide de l'Onu. Ankara a aussi salué la décision de la Maison-Blanche, qualifiant l'attaque américaine de " positive ", selon Numan Kurtulmus, le vice-Premier ministre turc cité par la chaîne Fox TV. Le Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'est pour sa part félicité de la frappe aérienne américaine contre une base militaire syrienne. Même son de cloche en Autriche, où Sebastian Kurz, ministre autrichien des Affaires étrangères a déclaré " comprendre les motivations américaines ". Le Premier ministre tchèque Bohuslav Sobothis a de son côté écrit sur Twitter que " le recours aux armes chimiques était un crime inacceptable ". " Espérons que la réaction rapide du Président Trump aidera à prévenir de nouvelles attaques chimiques en Syrie ", a-t-il ajouté. Dans la nuit de jeudi à vendredi, 59 missiles " Tomahawk " ont été tirés depuis des destroyers de l'U.S. Navy stationnés dans l'est de la Méditerranée, touchant plusieurs cibles sur la base aérienne de Shayrat, dans la région d'Homs, dans l'ouest de la Syrie. L'attaque a fait au moins sept morts, dont deux civils.
La Suède remet en question la légitimité des frappes En dissonance avec la réaction de plusieurs pays occidentaux face aux frappes de rmissiles US contre une base aérienne en Syrie, Stockholm s'est montré sceptique quant à la légitimité de l'attaque américaine du point de vue du droit international. " On ne sait pas clairement si cette frappe reflète la nouvelle politique américaine, mais il est important que de telles actions soient basées sur le droit international. L'attaque de missiles soulève des questions quant à sa conformité au droit international ", a estimé la ministre suédoise des Affaires étrangères, Margot Wallström, dans un communiqué diffusé par les médias locaux. Dans le même temps, Mme Wallström a condamné " l'attaque chimique visant la population civile syrienne ", qui a servi de prétexte pour l'attaque américaine contre la base de Shayrat.
Condamnation du Parti travailliste britannique Le chef de l'opposition officielle britannique, Jeremy Corbin, a critiqué l'attaque des Etats-Unis contre la base aérienne syrienne de Shayrat. De plus, il a appelé le gouvernement du Royaume-Uni à ne pas soutenir les actions de l'administration de Donald Trump. De même, il demande la convocation immédiate de négociations de paix à Genève et une pression internationale sur les parties afin de conclure un accord sur un règlement politique. " Le gouvernement britannique devrait exhorter l'administration (du président américain) Trump à faire preuve de retenue et à utiliser toute son influence dans les négociations de paix pour trouver une solution politique. L'attaque à la roquette américaine sur la base des forces gouvernementales syriennes conduit au risque d'une escalade de la guerre à l'avenir. Une attaque chimique est un crime de guerre, qui exige une enquête et de traduire les coupables en justice. Cependant, une action militaire unilatérale sans approbation légale présente un risque d'escalade, cette guerre ayant déjà fait des centaines de milliers de victimes ", a déclaré M. Corbin.
Booster la popularité de Trump ! La frappe américaine contre la base aérienne syrienne de Shayrat vise à améliorer la cote de popularité du président Donald Trump, a déclaré à Sputnik Firas el-Khalidi, membre de l'opposition syrienne. Cependant, selon lui, cette action n'aura pas d'impact considérable sur la situation qui règne dans la crise syrienne. Cette opération a plusieurs aspects, tant régionaux qu'internationaux, estime l'homme politique. " Il s'agit d'une tentative de faire monter le niveau de popularité de Trump, en montrant que c'est un homme fort, capable d'effectuer des attaques puissantes. C'est aussi une tentative de mettre fin à ses liens avec la Russie ou (le président) Poutine ", a-t-il indiqué. Dans le contexte international, cette attaque vise à briser l'union Russie-Iran et à aggraver les divergences qui existent entre ces deux pays, a encore souligné M. Khalidi. Cette frappe pourrait entraîner un remaniement des forces de l'opposition et des autorités, mais elle n'influencera pas vraiment les positions des parties. D'autre part, elle pourrait donner une nouvelle impulsion au processus de négociations, estime-t-il.
#HandsOffSyria: une manifestation à New York Vendredi, plusieurs New-Yorkais se sont rassemblés devant la Trump Tower pour exiger la fin des frappes sur les sites syriens et empêcher le déclenchement d'une guerre. Toutefois, le rassemblement s'est terminé par des interpellations. Ils ont crié des slogans anti-guerre, brandissant des pancartes avec les inscriptions " Ne touchez pas à la Syrie ", " Non à la guerre en Syrie " et " De l'argent pour les emplois, les écoles et la santé, pas pour la guerre en Syrie! ". Les manifestants se sont ensuite rendus au parc Union Square, où une grande foule a entonné: " Les USA sont impérialistes, le terroriste numéro un! ". La police a arrêté les activistes les plus actifs. " Le régime de Trump vient de commencer à bombarder la Syrie. Nous ne devons pas succomber aux mensonges et à la propagande ", a déclaré dans un communiqué Answer Coalition, l'un des groupes rassemblés devant la Trump Tower. Selon leur communiqué, il ne s'agit pas de l'instauration de la démocratie ou de l'intervention humanitaire, mais plutôt de la supériorité des Etats-Unis. " Tout comme le reste de son agenda, son attaque consiste à augmenter les bénéfices des milliardaires ", a-t-on ajouté. En réaction à l'attaque américaine, la Russie a suspendu son accord avec Washington sur la prévention des incidents et la sécurité des vols lors des opérations en Syrie, signé en octobre 2015 quelques semaines après le début de l'intervention russe dans le pays. Le ministère russe de la Défense a pour sa part affirmé que les frappes américaines contre la base de Shayrat avaient été " planifiées depuis longtemps", l'attaque chimique de Khan Cheikhoun n'étant qu'un prétexte.